Test 8BitDo Ultimate 2 Wireless : la nouvelle référence ?

Le fabricant 8BitDo s’est forgé au fil des ans une solide réputation dans le monde des périphériques de jeu, parvenant à allier qualité de fabrication, fonctionnalités pertinentes et tarifs contenus. Sa gamme « Ultimate » a souvent été perçue comme le point d’orgue de cette philosophie. Avec le lancement de la manette Ultimate 2 Wireless, dont nous vous parlions il y a quelques semaines, la marque semble vouloir franchir un nouveau cap, notamment en étant l’une des premières à intégrer une technologie de capteurs magnétiques de nouvelle génération, baptisée TMR. Proposée à un prix public conseillé de 59,99 $, cette manette pour PC et Android promet une précision et une réactivité accrues grâce à ses joysticks inédits, un taux d’interrogation de 1000 Hz en sans-fil et une série d’améliorations tactiles. Le tout est livré avec une station de charge magnétique et un dongle USB-C. Sur le papier, la proposition semble alléchante, mais ce tableau cache-t-il quelques ombres ?

Une prise en main familière, des sensations améliorées

Au premier regard, difficile de distinguer l’Ultimate 2 Wireless de sa devancière. 8BitDo a judicieusement conservé un design qui avait déjà fait ses preuves, reprenant la même forme ergonomique et la très pratique station de charge qui sert à la fois de socle et de réceptacle pour le dongle sans-fil. C’est une excellente nouvelle pour ceux qui appréciaient le confort du précédent modèle. La texture des poignées a été légèrement adoucie, la rendant moins agressive sous les doigts sans pour autant sacrifier l’adhérence en cours de partie.

Pourtant, une fois la manette en main, les différences se font sentir. Et elles sont de taille. La plus notable concerne sans doute la croix directionnelle. Finie la sensation un peu molle des D-pads traditionnels, place à une croix « à la Nintendo », qui offre un clic mécanique distinct pour chacune des huit directions. Loin d’être un simple gadget, cette particularité se révèle être un véritable bonheur dans les genres exigeants, comme les jeux de combat, où la précision des quarts de cercle et autres manipulations pointues est primordiale. Le retour physique permet de sentir chaque étape d’une commande.

Cette quête de sensations se propage au reste des commandes. Les gâchettes hautes (L1/R1) abandonnent leur course habituelle pour un contact plus direct, à la manière d’un bouton de souris, ce qui, après un court temps d’adaptation, favorise des réactions plus rapides. Les gâchettes analogiques (L2/R2) ont également été revues. Elles paraissent désormais moins « molles » et bénéficient d’interrupteurs au dos de la manette permettant de bloquer leur course. Ce mode est idéal pour les jeux de tir où une pression instantanée est préférable à une course progressive.

LeTMR, l’atout maître de l’Ultimate 2

Si les améliorations tactiles sont appréciables, la véritable innovation de cette manette se niche au cœur de ses joysticks. 8BitDo est en effet l’un des premiers fabricants à intégrer la technologie TMR (Tunneling Magneto-Resistance ou magnétorésistance à effet tunnel). Oubliez les potentiomètres sujets au fameux « drift » et même les capteurs à effet Hall, qui sont pourtant devenus la norme sur les manettes haut de gamme.

Concrètement, ces capteurs magnétiques peuvent enregistrer un nombre bien plus important de points de position sur la grille de déplacement du stick. Il en résulte une sensibilité et une précision accrues, capables de retranscrire les mouvements les plus infimes avec une grande fidélité. Les joueurs de FPS apprécieront cette capacité à effectuer des micro-ajustements de visée sans à-coups. De plus, les sticks de l’Ultimate 2 semblent légèrement plus lourds, ce qui procure une sensation de fluidité très agréable. Au-delà de la performance, ces capteurs se montrent également plus économes en énergie et plus rapides, ce qui les prépare pour les futurs standards de taux d’interrogation qui dépasseront les 1000 Hz.

Cette nouveauté est d’ailleurs parfaitement exploitée par la manette, qui affiche un « polling rate » (taux d’interrogation) de 1000 Hz, et ce, aussi bien en mode filaire qu’en utilisant la connexion sans-fil 2.4 GHz propriétaire « 8Speed ». Cette réactivité, combinée à la précision des sticks TMR, offre une expérience de jeu particulièrement fluide et sans latence perceptible. Enfin, on notera l’ajout bienvenu d’un gyroscope pour les contrôles par mouvement, une fonction qui peut être assignée à la visée pour libérer le pouce droit ou pour effectuer de légers ajustements.

Des ajouts bienvenus et d’autres plus discutables

Dans sa quête de la manette « ultime », 8BitDo a parfois eu la main un peu lourde, au point que certaines nouveautés semblent relever de l’excès de zèle. C’est le cas des deux gâchettes hautes supplémentaires, L4 et R4, qui viennent se nicher dans l’angle formé par les gâchettes principales. Si l’intention d’offrir plus de possibilités de contrôle est louable, leur placement s’avère peu naturel. Il nous a été difficile de les actionner sans toucher également les boutons L1/R1. Leur utilité est de surcroît limitée par l’absence de support D-input en mode 2.4 GHz, qui contraint leur assignation à de simples macros ou à la duplication d’autres touches via le logiciel 8BitDo. Finalement, elles compliquent inutilement le design là où les deux palettes arrière, parfaitement positionnées sous les majeurs, remplissent déjà cette fonction avec bien plus d’efficacité et de naturel.

L’autre ajout discutable concerne les anneaux lumineux RGB autour des sticks. S’ils peuvent amuser quelques instants en reflétant les mouvements des joysticks, ils sont en fait invisibles en jeu et ne servent en définitive qu’à drainer la batterie inutilement. Le problème est aggravé par le positionnement du bouton qui les contrôle : il se situe là où le pouce se pose naturellement, à l’emplacement de l’ancien bouton « Menu ». Une pression accidentelle oblige alors à parcourir tous les modes lumineux avant de pouvoir les éteindre, ce qui peut vite devenir agaçant si votre cerveau met du temps à assimiler ce changement.

Côté logiciel, l’application Ultimate Software reste efficace pour personnaliser les profils, mapper les touches et ajuster la sensibilité. La possibilité de transmettre ces profils à la manette sans la brancher est un confort que l’on aimerait voir plus souvent. On regrettera cependant que 8BitDo s’obstine à proposer un logiciel distinct pour chaque périphérique, plutôt qu’un hub unifié. Posséder plusieurs manettes de la marque signifie multiplier les applications sur son bureau. Une aberration en 2025.

Connectivité et compatibilité : un pas en avant, deux pas en arrière ?

L’Ultimate 2 Wireless offre une superbe connectivité… sur les plateformes qu’elle supporte. La connexion 2.4 GHz, via un dongle USB-C pratique pour les appareils Android, est stable et réactive. La manette se connecte instantanément dès qu’elle quitte sa station, rendant l’expérience transparente. Les modes Bluetooth et filaire fonctionnent également très bien, et l’autonomie s’avère très correcte pour de longues sessions de jeu, à condition de désactiver l’éclairage RGB. Mais, comme dit plus haut, ce dernier ne vous manquera pas.

Cependant, c’est sur le plan de la polyvalence que le bât blesse. Et sévèrement. Alors que le modèle précédent brillait par sa large compatibilité, l’Ultimate 2 Wireless se contente du strict minimum : Windows et Android. Exit le support natif pour les appareils Apple, SteamOS ou encore le Raspberry Pi. C’est une régression majeure et difficilement compréhensible, qui segmente la gamme et décevra de nombreux utilisateurs. Une version distincte est désormais nécessaire pour jouer sur Nintendo Switch, alors que ce n’était pas le cas pour notre fidèle Ultima Wireless première du nom, qui vient même de recevoir une mise à jour pour fonctionner avec la Nintendo Switch 2 !

Cet appauvrissement fonctionnel est accentué par l’absence de support pour le protocole D-input en connexion 2.4 GHz. Pour les non-initiés, cela signifie qu’il est impossible de faire reconnaître les boutons supplémentaires (palettes, L4/R4) comme des entrées distinctes par le système d’exploitation. L’utilisateur est donc contraint de passer par le logiciel de 8BitDo pour leur assigner des fonctions, alors que le D-input aurait offert une flexibilité bien plus grande pour les utilisateurs les plus pointus. Ajoutons enfin l’absence de prise casque, un oubli qui, en 2025, fait un peu tache sur une manette qui se veut pourtant complète.