En résumé
Nintendo a rempli son contrat avec le Nintendo Labo. Le concept est simple, efficace et bigrement bien exécuté. Le montage des différents Toy-Con, parfaitement bien expliqué dans les cartouches fournis dans le kit, met en avant une ingéniosité indéniable des équipes lors de la création de l’expérience. Les gimmicks et caractéristiques de la Switch et ses Joy-Con sont également très bien utilisés, et le capteur infrarouge, accéléromètre et gyroscope permettent des mini-jeux plutôt solides, pour certains largement personnalisables. Pour autant, les adultes trouveront peut-être un peu moins leur compte, et l’imagination est la vraie seule clé pour atteindre la quintessence du Nintendo Labo. Une belle et surprenante réussite.
Note technique
Les plus et les moins
- N'a de limite que l'imagination du joueur
- La section découvrir qui recèle de possibilités
- Quelques applications qui fonctionnent bien
- Très adapté aux enfants
- Didactique juste comme il faut
- La satisfaction de monter les Toy-Con
- Diablement ingénieux
- ...n'a de limites que l'imagination du joueur
- Il est déconseillé de les démonter
- Certains jouets qui font pas mal de bruit
- On en fait possiblement vite le tour
Notre test détaillé
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Nintendo aura surpris plus d’un joueur avec l’annonce de son Nintendo Labo en ce début d’année 2018. Un concept imaginé spécialement pour remporter l’adhésion des parents et de leurs jeunes enfants, avec une bonne dose de DIY (do it yourself) et d’applications ludiques. Mais c’est aussi une sorte de retour aux fondamentaux pour la société japonaise qui propose une nouvelle atypique manière d’utiliser sa console. Carton plein pour Nintendo Labo ?
Le Concept du Nintendo Labo se décompose actuellement en deux kits distincts : le Multi-kit 1, ainsi que le Kit Robot. Si l’on imagine que Nintendo garnira l’offre dans le futur, il faut pour le moment se contenter de ces deux approches. La constante, entre les deux kits, est la présence d’un large éventail de cartons pré-découpés qui permet la construction des différents jouets grandeur nature. Ainsi, le Multi-Kit 1 nous fait donner vie à un bolide sommaire, une maisonnette, un guidon de moto, une canne à pêche, ainsi qu’à un petit piano. Le Kit Robot, de son côté, nous permet de construire un attirail à enfiler pour se donner l’air d’un robot, aussi une bonne alternative quand on est en panne d’inspiration avant de se rendre en soirée costumée.
Je suis une poupée de cire, une poupée d’carton
Chacun des kits dispose aussi de sa cartouche de jeu à insérer dans la Nintendo Switch. Des cartouches qui revêtent une importance toute particulière car elles donnent toute la marche à suivre pour assembler les différents éléments. Il n’y a donc aucun manuel sous forme écrite auquel se référer en cas de perte, ce qui n’est pas non plus incompréhensible tant le nombre d’étapes pour arriver au terme des constructions est important. En marge des indications nécessaires au montage des jouets cartonnés, on retrouve également toutes les applications pour jouer avec les productions. Enfin, un mode d’emploi nous donnera des idées d’utilisation des Toy-Con, comme ils sont appelés par Nintendo.
Globalement, les directives fournies par le mode d’emploi numérique sont très simples et accessibles. Ce qui est un véritable bon point quand la cible primaire du Nintendo Labo est le jeune enfant. Savoir lire est un bon plus pour un montage autonome, car si toutes les étapes sont retranscrites en images, quelques informations additionnelles sont dispensées à l’écrit, mais rien de bien méchant dans le cas contraire. Dans l’absolu, la plus grande vertu demandée pour la construction d’un Toy-Con du Nintendo Labo est la patience et la minutie. Car on parle bien d’un temps considérable, nécessaire pour la confection des jouets. Si la voiture téléguidée, qui est aussi le jeu le plus simple à assembler, nous demande 10 minutes, dans l’autre côté, le piano demande 150 à 210 minutes de notre temps, selon les indications de Nintendo.
Efface et recommence
Des indications qui n’ont clairement pas été données au pif, cela a probablement dû faire l’objet d’intenses séances de playtest (des sessions d’essai par des tiers lors du développement d’un jeu ou d’un concept) du côté de la société basée à Kyoto. Nos réalisations sont effectivement rentrées dans la fourchette basse des attentes de Nintendo. Outre la voiture téléguidée et le piano, la canne à pêche prend de son côté 90 à 150 minutes de confection, une durée similaire pour la moto, alors que la maison requiert 120 à 180 minutes. De quoi largement occuper les jeunes durant de bonnes après-midi, sachant que Nintendo encourage vivement la personnalisation visuelle de ses créations cartonnées.
Si les chutes en carton sont également nombreuses durant le montage, il ne faut cependant pas compter sur des passages délicats où l’on devra manipuler de la colle, ou des produits divers et variés. Tout est fait pour que les objets tiennent avec les simples pièces de carton, des élastiques et autres morceaux de ficelle fournis dans la boîte. Il ne faut pas non plus s’armer d’une paire de ciseaux, d’un couteau ou d’un cutter afin de pouvoir détailler certaines parties des Toy-Con, le processus s’avère donc sans aucun risque. Pour être tatillon, la seule chose qui nous a dérangés durant le montage est le ton adopté par le logiciel quand il dispensait les indications, et ses blagues poussives qui tombaient à l’eau. Chose qu’un bon nombre d’adultes devrait constater en se lançant dans le Nintendo Labo, après-tout, les enfants restent le cœur de cible de l’initiative.
La guerre des cartons
On est forcé de constater que les procédés de construction des différents objets sont tout à fait ingénieux. Nintendo a extrêmement bien travaillé son sujet quant à l’imbrication des languettes et des cartons les uns dans les autres afin de tout faire tenir dans un ensemble cohérent, mais surtout solide ! Car malgré l’utilisation exclusive du carton, et l’apparente fragilité que cela pourrait impliquer, il n’en est rien et tout tient très bien pour peu que l’on ne joue pas à la brute lors de l’utilisation. On repassera toutefois pour la discrétion quand il s’agit de faire fonctionner les jouets : le piano fait logiquement des sons quand on l’utilise, alors que la canne à pêche fait un raffut certain au moment de descendre la ligne, ou de remonter les poissons hors de « l’eau ». La maison permet de son côté de réaliser des scènes avec un petit personnage.
Outre les applications de jeu, standards, il sera possible de personnaliser intégralement certaines expériences. On est par exemple en mesure de créer ses propres poissons dans le module de pêche, en collaboration avec le Toy-Con piano : en utilisant un ersatz de carte perforée, découpée en forme de poisson, dans le piano, et en appuyant sur les touches de ce dernier, on peut créer ses propres poissons à pêcher, puis à mettre dans son aquarium virtuel. De la même manière, il est tout à fait concevable de customiser le comportement de son piano quand on appuie sur certaines touches, mais aussi les sons qui en sortes. Les cartes perforées peuvent là aussi être utilisées afin de jouer des morceaux. Ce qui est très appréciable, en plus d’être éducatif pour les petits.
Les gimmicks bien présents
Et en ce qui concerne le robot, le plus massif des Toy-Con sorti jusqu’à présent, il nous a fallu entre 2 et 3 heures avant de venir à bout du montage. Le résultat, une fois sur le dos, attire inévitablement l’attention (ce qui a été le cas de votre serviteur auprès de tout l’open space), jusqu’à attirer dans une ville virtuelle où l’on a engendré un joli bazar en détruisant des bâtiments divers et variés. Les cordes attachées à des contrepoids (présents dans le sac à dos), permette , en tirant sur les éléments fixés au bras, de lancer des coups de poing. Alors que les accroches que l’on a mises à nos pieds permettent à notre robot d’avancer lorsqu’on lève une jambe.
En étirant les bras de part et d’autre de notre corps, on a par exemple pu se transformer en avion. Autant d’éléments qui sont très clairement détaillés en jeu. Les cartouches contiennent également tout un tas d’indications sur toutes les utilisations potentielles des Toy-Con et des éléments de personnalisation, ce qui est un bon point pour guider les enfants qui ont fraîchement construit les objets et qui sont en panne d’inspiration. Une manière didactique d’expliquer le fonctionnement de chaque jeu, ainsi que les technologies qui y sont associées. Gyroscope, détection de signaux infrarouge, accéléromètre… Tout y passe. Pour le robot, par exemple, reprenons l’exemple des contrepoids. Sur ces derniers, durant la construction, nous avons du coller des petites étiquettes réfléchissantes, qui, une fois dans le champ de vision du Joy-Con disposant du capteur de signal infrarouge, permet de déclencher une interaction.
Un vrai carton
Du coup, à chaque fois que l’on tire sur un des bras du robot, un carton adapté à la main qui est relié à un contrepoids via une ficelle, on remonte le contrepoids qui va déclencher une réaction du Joy-Con. Habile ! Un principe allègrement repris, notamment avec le piano. Quand on appuie sur une touche, un sticker réfléchissant se montre au Joy-Con, et cela va déclencher un son. Et de tous les jeux proposés par Nintendo Labo pour le moment, la moto et ses quelques circuits, ainsi que le piano dont le seul potentiel est bridé par la créativité de l’utilisateur, ressortent de quelques encablures du reste.
En définitive, le pari est véritablement tenu par Nintendo, qui arrive à proposer ici une façon originale d’utiliser sa Switch, et qui permet en plus de réunir les jeunes joueurs ainsi que leurs parents. Une activité tournée vers la famille, qui devrait toutefois un peu moins faire mouche auprès d’un public plus adulte, la lassitude pouvant un peu plus rapidement se faire sentir. Mais avec un brin d’imagination, la section « Découvrir » des applications, il y a de quoi allonger sensiblement l’expérience pour la jeunesse, si tant est qu’elle ne fasse pas les gros bras en s’immergeant un peu trop dans les jeux. Un concept qui rappelle inévitablement les Lego et tous les concepts associés, une référence flatteuse à n’en point douter.
Conclusion
Nintendo a rempli son contrat avec le Nintendo Labo. Le concept est simple, efficace et bigrement bien exécuté. Le montage des différents Toy-Con, parfaitement bien expliqué dans les cartouches fournis dans le kit, met en avant une ingéniosité indéniable des équipes lors de la création de l’expérience. Les gimmicks et caractéristiques de la Switch et ses Joy-Con sont également très bien utilisés, et le capteur infrarouge, accéléromètre et gyroscope permettent des mini-jeux plutôt solides, pour certains largement personnalisables. Pour autant, les adultes trouveront peut-être un peu moins leur compte, et l’imagination est la vraie seule clé pour atteindre la quintessence du Nintendo Labo. Une belle et surprenante réussite.