À la fois héritier de l’EOS RP et petit frère du R6 Mark II, l’EOS R8 offre des performances de haut niveau dans un gabarit très compact. Et il existe des optiques de caractéristiques équivalentes dans la gamme RF. Prise en main.
En résumé
L’EOS R8 est un boîtier attachant, ne serait-ce qu’en raison de sa légèreté et de sa compacité, qui incitent à l’apporter partout avec soi. L’absence de stabilisation doit être prise en compte, surtout si vous êtes d’abord intéressé par les caractéristiques vidéo du boîtier. L’ergonomie, sobre, et les menus, très clairs, le rendent accessible aussi bien aux Canonistes de la première heure qu’à des photographes habitués à d’autres marques. La qualité des images et les performances en photo d’action (avec l’obturation électronique) en font un appareil très polyvalent, bien plus que l’EOS RP, auquel il succède. Il faut tenir compte de la batterie, peu endurante. Mais l’essentiel (dont une gamme optique RF accessible) est bien là, pour qui souhaite s’adonner à la photographie plein format à moindre coût.
Note technique
Les plus et les moins
- Boîtier léger
- Qualité d’image en hauts Iso
- Très bon autofocus
- Cadence à 40 i/s en mode électronique
- Menus clairs
- Ergonomie intuitive
- Recadrage très léger en 4K 50p
- Pas de stabilisation mécanique
- Pas de rideau de protection devant le capteur
- Viseur moins défini que la concurrence
- Pas de joystick pour déplacer les collimateurs AF
- Autonomie un peu juste
- Sensibilité au rolling shutter
Notre prise en main détaillée
Avec cet EOS R8, Canon ne propose pas un successeur du R7, boîtier hybride doté d’un capteur APS-C, dévoilé fin 2022. Ces deux modèles partagent bel et bien la même monture RF, mais le R8 reprend en réalité le flambeau du RP, sorti en 2019, tout en intégrant des caractéristiques haut de gamme, apparues fin 2022 sur le bolide R6 Mark II. Une ergonomie pensée pour les amateurs, des performances dignes d’un expert, voici, en creux, le portrait d’un hybride 24×36 qui joue la carte de la légèreté et de la sobriété. Pari gagnant ?
Design et ergonomie
La première sensation nous rappelle le bien-fondé des systèmes hybrides : l’EOS R8 brille par sa compacité (132,5×86,1×70 mm) et sa légèreté (461 g nu avec batterie), là où ces critères ne sont pas érigés comme des priorités sur la plupart des appareils à optique interchangeable plein format, y compris dans la gamme EOS R. Le R8 s’impose ainsi comme l’héritier direct de l’EOS RP. Il propose d’ailleurs une ergonomie quasi identique. Quasi, parce qu’il y a quand même de subtiles nuances.
Le levier de mise sous tension, placé sur l’épaule supérieure gauche du RP, sert désormais à basculer entre les modes photo et vidéo. La mise sous tension s’effectue de l’autre côté, avec une position Lock intermédiaire qui annihile le fonctionnement de touches, selon ce qui a été défini au préalable dans les menus.
C’est devenu un classique sur les hybrides EOS R, mais il convient tout de même de le saluer : l’écran LCD, tactile, de 3 pouces et 1,62 Mpts, est orientable dans toutes les directions. La visée est identique à celle de l’EOS RP ; il s’agit d’un OLED « classique » de 2,36 Mpts, avec un grossissement x0,7 à la clé. Si vous cherchez à insérer votre carte SD sur le côté, retournez plutôt l’appareil : l’unique logement (compatible avec la norme UHS-II), se trouve au même endroit que l’emplacement pour l’accu LP-E17.
En dévissant le capuchon au niveau de la monture, on constate que le capteur apparaît à nu, alors qu’il est protégé par un rideau sur l’EOS R6 Mark II, par exemple. Dommage que Canon n’en ait pas doté le R8, la présence de ce dernier étant rassurante quand on change d’optique en extérieur. D’autant que, même s’il n’atteint pas le degré de protection du R6 II, le R8 dispose de joints d’étanchéité et sa construction permet de braver des intempéries. Nous n’avons d’ailleurs pas hésité à l’utiliser en altitude, sous la neige et par des températures négatives.
Un “petit” EOS R6 Mark II
Nous avons évoqué les similitudes avec l’EOS RP, assez évidentes pour ce qui est de la construction et de l’ergonomie. En revanche, en interne, tout change, en dehors d’un point commun qui permet de conserver ce gabarit compact et léger : l’impasse faite sur la stabilisation. Un point qui différencie les EOS RP et R8 (ainsi que l’EOS R, tout premier hybride 24×36 de la marque) du reste de la gamme plein format sans miroir, dont le récent EOS R6 Mark II, avec lequel le R8 partage néanmoins des caractéristiques importantes.
En premier lieu, la définition : le R8 hérite du capteur de 24 Mpx de son aîné (l’EOS RP possède, lui, un Cmos de 26 Mpx), avec une plage de sensibilités qui peut atteindre 102 400 Iso. L’EOS R8 intègre également le processeur Digic X, ce qui lui permet d’accéder à un niveau de performances superlatif, en comparaison avec celles du RP.
Ce n’est pas immédiatement perceptible, si on se contente du mode Rafale en obturation mécanique, puisque la cadence passe seulement de 5 à 6 images par seconde. En revanche, en optant pour l’obturateur électronique, on accède à 30 i/s (mode Rafale Raw) ou bien 40 i/s, comme avec l’EOS R6 Mark II (voir chapitre suivant). Dans le même temps, on constate que le déclenchement silencieux est accessible avec tous les modes de prise de vue, tandis qu’il fallait passer par un mode Scène sur l’EOS RP pour en bénéficier.
Le processeur Digic X élimine le sévère recadrage en 4K 50p que l’on déplorait sur l’EOS RP (x 1,74). Cependant, par rapport au R6 II, les durées d’enregistrement sont limitées : à 30 minutes en 4K 50p ; à deux heures en 4K 25p. Ce qui permet déjà de réaliser des séquences de qualité, avec une gimbal ou un trépied de préférence, si on veut favoriser les focales grand-angles. En effet, l’apport de la stabilisation numérique engendre un recadrage, et son efficacité, même avec le concours d’une optique IS comme le zoom RF 24-105 mm f/4-7, IS STM. À prendre en compte si le volet vidéo est important à vos yeux.
Cadence et autofocus
Nous l’avons vu lors du précédent chapitre, les performances du R8 sont largement revues à la hausse par rapport à ce qu’offrait le RP, notamment sur le front de la cadence… Mais aussi du système autofocus, hérité de l’EOS R6 Mark II. Il existe bien sûr des différences, histoire de délimiter les territoires. L’EOS R8 investit donc le terrain amateur et se contente, en obturation mécanique, de 6 i/s, là où le R6 II atteint 12 i/s.
En revanche, les deux modèles font jeu égal en obturation électronique, avec la possibilité de photographier à 40 i/s. Mais la mémoire-tampon, c’est-à-dire la capacité à « encaisser » ces rafales à très haute vitesse, est limitée sur le R8. Par exemple, à 40 i/s, avec une carte SD UHS-II (150 Mo/s en vitesses de lecture et d’écriture), on ne pourra pas engranger plus de 50 vues d’affilée en Raw (voire une centaine en CRaw, fichiers bruts allégés). C’est déjà très bien, et en Jpeg, on pourra envisager une centaine de vues d’affilée à pleine définition. L’EOS R6 II offre toutefois une marge de manœuvre bien plus confortable, mais ces données font du R8 un modèle tout à fait recommandable pour saisir des actions.
Attention toutefois aux déformations sur des sujets très rapides nécessitant un balayage pendant la prise de vue ! Nous avons apprécié la détection des sujets, très précise, aussi bien sur des sujets humains (visages, skieurs lancés à pleine vitesse), que des animaux (chats, chiens, chevaux). Les menus dédiés aux réglages de l’autofocus sont d’ailleurs étonnamment fournis pour un appareil d’obédience amateure. Et nous nous réjouissons de retrouver le mode Rafale Raw à 30 i/s), que nous avons adoubé sur les EOS R7 et R6 Mark II, permettant d’anticiper une action rapide (envol d’un oiseau, départ de course, etc.).
Un petit regret toutefois, au chapitre de la vitesse : l’ergonomie n’est pas idéale au vu des possibilités de l’EOS R8. Le pilotage par l’œil, redoutable, est réservé au R3 ; pourtant, il serait pertinent ici pour piloter les collimateurs, surtout qu’il n’y a pas non plus de joystick. Il faut alors passer par le pad, à l’arrière, après avoir enfoncé la touche située sous le pouce, à l’effigie des points AF. Ou bien définir une zone de l’écran LCD (sous peine d’activer la mise au point du bout du nez) dans les menus, et agir directement dessus. Cela se révèle efficace, sauf avec des gants, comme nous avons pu le constater en plein hiver.
Qualité d’image
C’est le gros point fort de l’EOS R8. Le capteur Cmos plein format de 24 Mpx peut justifier à lui seul l’acquisition de ce boîtier. Boîtier qui équivaut en quelque sorte aux reflex 6D, également dépourvus de stabilisation, qui n’étaient pas particulièrement véloces, mais jouaient la carte de l’équilibre, misant principalement sur de bons résultats en hautes sensibilités. Nous n’avons pas pu développer les fichiers Raw, pas encore pris en charge par des logiciels emblématiques comme Camera Raw. Néanmoins, les Jpeg obtenus attestent d’une belle conservation des détails lors de montées en hauts Iso.
Les clichés obtenus à 12 800 Iso voire plus sont ainsi parfaitement exploitables. Ce qui n’est pas négligeable, la plupart des optiques de la gamme RF, hors série L, donc plus abordables d’un point de vue financier, offrant des ouvertures assez moyennes, à l’instar du zoom transstandard RF 24-105 mm f/4-7, IS STM.
Le mode HDR, déjà apprécié sur plusieurs générations de boîtiers EOS (reflex compris), donne pleinement satisfaction, permettant de récupérer de la matière dans les zones surexposées. La fiabilité du système autofocus permet de se concentrer sur le cadrage, la composition, ainsi que la mesure de l’exposition. C’est important, car la mesure évaluative, active par défaut, connaît quelques ratés sur des scènes difficiles, comme un chien noir courant dans la neige. Il convient aussi de bien se familiariser avec la mémorisation d’exposition (touche étoile). Notez qu’outre le format Jpeg, il est possible d’enregistrer des fichiers Heif moins compressés (10 bits).
Un EOS résolument amateur
À quelques détails près, l’EOS R8 pourrait être considéré comme un boîtier expert. Mais ces détails-là ont leur importance. Nous ne parlons pas forcément ici de l’absence de stabilisation en interne, qui ne sera pas rédhibitoire pour tout le monde – surtout pour les possesseurs de reflex qui ont appris à vivre sans. En revanche, l’autonomie de la batterie doit être prise en compte. En faisant le choix d’alimenter le boîtier avec l’accu LP-E17 (1 040 mAh), bien moins endurant que les générations LP-E6 et que l’on trouve sur les EOS experts, Canon a en premier lieu mis l’accent sur la légèreté au détriment de l’endurance.
Dans les faits, on réalise plus d’images que les données CIPA (290 photos avec l’écran LCD) sur une charge, même avec des températures proches de 0 °C. Cela reste toutefois un peu juste pour une journée de prise de vues intense. Et attention, tous les chargeurs nomades ne permettront pas la recharge par USB. Une prise et un chargeur secteur sont fournis dans la boîte, mais nous aurions préféré que Canon livre l’adaptateur USB-C PD-E1, hélas optionnel et proposé à 119 €. La recharge en USB fonctionne avec certains chargeurs de téléphones, mais il faut qu’ils soient suffisamment puissants.
Le fait que l’EOS R8 soit doté d’un seul port pour carte mémoire n’est pas forcément négatif. En revanche, son accès, à la semelle du boîtier, au niveau de la batterie, est moins pratique que les emplacements situés sur le côté. En plaçant côte à côte les EOS R6 Mark II et R8, on constate une disposition identique. Sur les deux modèles, la roue dédiée aux modes ne peut être verrouillée, ce qui aurait pourtant été utile. L’absence d’écran LCD supérieur (pourtant bien là sur l’EOS R) est regrettable, mais peu d’appareils à optiques interchangeables en sont pourvus, toutes marques comprises.
Concernant la visée, Canon aurait pu aller un peu plus loin, car un OLED 2,36 Mpts, en 2023, situe l’EOS R8 loin des standards, plutôt compris entre 3,68 Mpts et 5,76 Mpts (le record est de plus de 9 millions de pixels chez Sony). C’est d’ailleurs un élément important pour convaincre les utilisateurs de reflex, réfractaires à la visée électronique. Pour ces différentes raisons, l’EOS R8 se situe plutôt en entrée de gamme.
Des zooms légers et performants
Lors du lancement de la monture RF, en 2018, d’aucuns fustigeaient l’absence d’optiques accessibles. Canon avait dans un premier temps dévoilé des modèles très haut de gamme, à l’instar du zoom RF 28-70 mm f/2L USM ou du RF 50 mm f/1,2L USM. Puis, petit à petit, des optiques plus abordables, en dehors de la série L, sont apparues. Si bien qu’il y a désormais un large choix, aussi bien du côté des focales grand-angulaires que des téléobjectifs.
Du côté des grands-angles en focales fixes, citons le trio RF 16 mm f/2,8 STM (349 €), RF 24 mm f/1,8 IS Macro STM (719 €) et le RF 35 mm f/1,8 IS Macro STM (549 €). Le zoom RF 15-30 mm f/4,5-6,3 IS STM (699 €) est le parfait complément du RF 24-105 mm f/4-7, IS STM. Le prolongement naturel de ces deux modèles, parmi les longues focales, est le RF 100-400 mm f/5,6-8 IS USM (749 €). Un modèle compact et léger, dont nous avons apprécié la mise au point silencieuse et la stabilisation. Gare aux conditions de basse lumière, l’ouverture étant moyenne aux plus longues focales.
Les 600 mm f/11 (919 €) et 800 mm f/11 (1 149 €) sont des ovnis qui conviendront dans des conditions de bonne luminosité. Les amateurs de photo macro pourront de leur côté acquérir le 85 mm f/2 IS Macro (699 €). Et s’il ne devait y avoir qu’une seule optique, ce serait le zoom RF 24-240 mm f/4-6,3 IS USM (1 049 €).
Il faut garder en tête que tous les modèles qui n’appartiennent pas à la série L, donc tous ceux précédemment cités, sont livrés sans pare-soleil. Il en était déjà ainsi sur les reflex dans la gamme EF. Il faut dont prévoir une cinquantaine d’euros en plus du prix des optiques si cet accessoire est important pour vous.