Chaque année, Google revoit à la hausse ses ambitions sur le marché du smartphone. Mais son nouveau flagship a-t-il ce qu’il faut pour s’imposer ?
En résumé
Google a toujours conçu d’excellents smartphones, mais ils restent difficiles à vendre pour un tas de raison. Et, malheureusement, le cru 2022 n’échappe pas à la cruelle, mais réaliste comparaison avec le Pixel 6 Pro. Les nouveautés de ce modèle apparaissent par trop marginales. Oui, dans les faits, le Pixel 7 Pro est « meilleur » que le précédent smartphone haut de gamme du fabricant. Mais on n’en retient aucune fonctionnalité « wahou », aucune « killer feature » qui nous ferait dégainer notre carte bancaire d’un geste. Écrivons plutôt qu’il s’agit possiblement du smartphone Android le plus complet qui soit actuellement sur le marché, le tout pour un tarif assez raisonnable, si l’on prend en compte la conjoncture.
Note technique
Les plus et les moins
- Design à l'avenant
- Excellent photographe
- 5 ans de mises à jour garanties
- Écran flatteur
- Autonomie juste correcte
- 256 Go de stockage maximum seulement
- Dans l'ensemble, trop peu de nouveautés par rapport au 6 Pro
Détail des sous notes
Notre test détaillé
À l’heure où la concurrence n’hésite pas à tirer les prix vers le haut, il est déjà notable que Google résiste à l’inflation avec ses nouveaux Pixel 7 et Pixel 7 Pro, lancés au même prix que les Pixel 6 et Pixel 6 Pro l’an dernier. Aujourd’hui, c’est donc le smartphone le plus haut de gamme qui nous intéresse. Il sera commercialisé à partir de demain pour 899 € en version 128 Go et 999 € pour 256 Go.
Prise en main réalisée sur un smartphone prêté par le constructeur. Tests Labo effectués sur un exemplaire commercial.
Design et ergonomie
C’était couru d’avance : le Pixel 7 Pro reprend quasiment à l’identique le design (réussi) du Pixel 6 Pro de l’an dernier. Il s’agit d’un grand smartphone, équipé d’un écran généreux de 6,7 pouces légèrement incurvé, et alignant à l’arrière trois capteurs photo dans la fameuse « camera bar », amenée à devenir un marqueur visuel de l’identité Pixel.
Mais si le smartphone est de bonne taille, il n’atteint pas le gigantisme du poids lourd iPhone 14 Pro Max. En effet, si ce dernier pèse la bagatelle de 240 grammes, l’appareil de Google n’en fait que 212. Le mobile est d’après nous bien plus maniable et agréable à prendre en main que son concurrent.
Cerclé d’aluminium (en rose doré sur le modèle Vert sauge qui nous a été fourni), le Pixel 7 Pro est protégé à l’avant et à l’arrière par un verre Gorilla Glass Victus. Il est aussi pourvu d’une certification d’étanchéité IP68, pour une résistance jusqu’à 1,5 mètre de profondeur pendant 30 minutes.
Excentrique, Google continue de disposer le bouton de mise sous tension au-dessus de la réglette de volume, sur la tranche droite du Pixel 7 Pro. Par conséquent, il faudra tendre légèrement plus son pouce pour l’atteindre que sur des smartphones d’autres marques.
Comme l’année dernière, le Pixel 7 Pro accepte une unique carte SIM, mais peut aussi en recevoir une seconde sous la forme d’eSIM. Aucun emplacement n’est dédié à l’extension de mémoire par carte microSD. Il faudra donc se contenter de 256 Go au maximum – ça peut faire un peu juste.
L’écran
Concrètement, la seule véritable nouveauté annoncée pour l’écran du Pixel 7 Pro est sa luminosité, censément 25 % plus importante que sur le Pixel 6 Pro. D’après nos observations, le mobile paraît effectivement s’en sortir avec les honneurs. Mais il reste moins impressionnant qu’un iPhone 14 par exemple.
De son côté, le Labo Fnac n’a pas été spécialement conquis par les capacités du mobile en termes de contraste et de progressivité. En effet, en mesurant le niveau de luminosité d’un patch gris 5%, on obtient une luminosité de 2,36 cd/m2. Peut mieux faire. Mais ces considérations très techniques mises à part, n’allez pas imaginer que l’écran du Pixel 7 Pro est médiocre, tant s’en faut ! Les couleurs, en l’occurrence, sont très bien restituées, et les angles de vue des plus généreux.
Par défaut, la dalle opte pour une définition Full HD+. Mais on peut choisir une définition QHD+ (3 120×1 440 pixels) depuis le menu idoine. On obtient de fait une image beaucoup plus fine, les pixels étant particulièrement resserrés sur la dalle (512 ppp).
Toujours capable d’atteindre les 120 Hz, l’écran LTPO du Pixel 7 Pro est aussi décrit par le fabricant comme étant capable d’abaisser sa fréquence jusqu’à 10 Hz et de s’adapter au contenu en cours de lecture. L’idée étant de fluidifier les mouvements, sans pour autant faire fondre la batterie comme neige au soleil à cause d’une fréquence élevée en permanence. Néanmoins, le menu du téléphone mentionne explicitement une bascule de 60 à 120 Hz uniquement. Et les options réservées aux développeurs, qui permettent de connaître en temps réel la fréquence de rafraîchissement de l’écran, confirment que l’écran ne passe en réalité jamais sous les 60 Hz. Petit bug ? Nous avons contacté Google afin d’en savoir plus. Il s’avère effectivement qu’en dépit de la console dédiée, l’écran du Pixel 7 Pro passe bien à 10 Hz sur l’écran Always-On et à 30 Hz dans d’autres scénarios afin de préserver la batterie.
Du reste, le Pixel 7 Pro est compatible avec les contenus HDR10+ et intègre un capteur d’empreintes digitales sous l’écran. La caméra avant, logée dans un poinçon central, est aussi mise à disposition pour le déverrouillage facial de l’appareil.
Qualité audio
Comme son prédécesseur, le Pixel 7 Pro est équipé de deux haut-parleurs, le premier situé sur la tranche inférieure, près du port USB-C, et le second sur la tranche opposée – de moindre taille, cependant.
À configuration identique, résultats identiques ? Pas vraiment. D’après les mesures du Labo Fnac, le transducteur est moins puissant que l’an dernier, et souffre grosso modo des mêmes tares. À savoir un manque de présence dans le bas du spectre et un rendu en dents de scie sur les médiums.
Performances et interface
C’est l’une des rares nouveautés du Pixel 7 Pro : la puce Google Tensor G2 fait son arrivée dans les produits de la marque. Désormais gravée en 4 nm, elle est censée concurrencer la Snapdragon 8+ Gen 1, l’Apple A16 Bionic et la Dimensity 9000+. Dans les faits, Google ne joue tout simplement pas dans la même cour ; le CPU du SoC affiche des fréquences beaucoup plus modestes (2,85 GHz). Le géant du Web vise moins les performances brutes que l’accélération des (nombreuses) tâches liées à l’IA qui font partie de l’expérience Pixel.
Une emphase qui colle parfaitement aux protocoles du Labo Fnac, qui salue les excellentes performances du smartphone, même en usage dit « extrême », qui correspond à de la génération procédurale de pixels à haute vitesse.
Évidemment lancé sous Android 13, le Pixel 7 Pro adopte totalement le langage visuel Material You lancé par Google il y a un peu plus d’un an. On retrouve une interface très colorée et personnalisable, aux formes arrondies et chaleureuses qui dynamisent l’appréciation des différents menus.
Bien entendu, il est inutile de préciser qu’il faudra être acquis à la cause de Google pour apprécier pleinement l’expérience. Toutes les applications du groupe sont présentes sur le Pixel 7 Pro, et l’Assistant occupe lui aussi une place importante.
Parmi les innovations logicielles de ce modèle, on retiendra particulièrement la possibilité de transcrire automatiquement les messages vocaux dans l’application Messages. Pratique lorsqu’on se trouve dans un contexte empêchant d’en prendre connaissance. Néanmoins la fonctionnalité est actuellement en cours de déploiement et nous était pour l’instant inaccessible.
Sur une autre thématique, la partie photo se voit une nouvelle fois améliorée par l’IA de Google. Grâce au Tensor G2, Google propose désormais Face Unblur (Visage net en français), une fonctionnalité qui permet de rendre nette une photo floue stockée sur Google Photos. La vitesse de capture d’une photo nocturne serait aussi divisée par deux par rapport aux Pixel 6 et Pixel 6 Pro. La qualité des photos prises au zoom numérique 30x serait aussi améliorée grâce au nouveau SoC de Google.
Enfin, le SoC intègre un nouveau dispositif de sécurité Titan M2, à même de cadenasser d’autant plus les données et les fichiers des utilisateurs. Google a largement mis en avant sa volonté de protéger les données personnelles de ses clients lors de sa conférence. Un point qui prête à sourire, quand on sait la quantité astronomique de données que l’écosystème de l’entreprise recueille sur chacun d’entre nous. N’en déplaise, Google lancera prochainement et gratuitement un VPN intégré à Google One et accessible à tous les possesseurs de Pixel 7 et Pixel 7 Pro.
Enfin, et c’est toujours l’un des meilleurs atouts de Google sur le marché : ce nouveau modèle sera mis à jour pendant 5 ans. Il pourra atteindre Android 17 et bénéficiera encore d’une année de support de sécurité après cela. Côté Android, seul Samsung propose un suivi aussi exemplaire.
Communications
Le Pixel 7 Pro est évidemment compatible 5G, et les sondes de notre Labo se chargeront d’éprouver la bonne captation de ses antennes pour les différents types de réseaux cellulaires. Il prend en tout cas en charge le wifi 6e, le Bluetooth 5.3 et l’UWB pour une connectivité complète.
Pour un mobile haut de gamme de la fin 2022, on aurait apprécié le support de la norme wifi 7, appelée à prendre de l’importance dès l’année prochaine. Reste que le Labo Fnac invite à la prudence celles et ceux qui se trouvent dans des régions assez mal couvertes en 4G. En effet on remarque que la note 4G est la plus basse obtenue sur le protocole du test.
Photo et vidéo
Toutes les nouveautés photo et vidéo des Pixel 7 Pro sont à aller chercher du côté logiciel. Le smartphone embarque exactement les mêmes capteurs que l’an dernier – à quelques toutes petites exceptions près.
- Grand-angle 50 Mpx (1/1,33” ; ƒ/1,9 ; 2,4 µm ; OIS ; PDAF)
- Ultra grand-angle 12 Mpx (1/1,29” ; ƒ/2,2 ; 1,25 µm ; PDAF)
- Téléobjectif périscopique 48 Mpx (1/2,55” ; ƒ/3,5 ; 1,4 µm ; OIS ; PDAF ; zoom optique 5x)
En l’occurrence, difficile de remarquer le moindre changement de comportement sur le capteur principal en pleine journée, quand les conditions lumineuses sont bonnes. Le Pixel est tout à fait à l’aise pour proposer des clichés très détaillés, à l’exposition parfaite, et rendus plus flatteurs encore par la petite touche maison. On parle essentiellement d’une saturation assez généreuse, de tons plutôt chauds qui contribuent à rendre « exceptionnelle » la moindre photo souvenir.
Le module principal se débrouille également très bien en basse lumière grâce à sa grande taille et – surtout – ses algorithmes de traitement puissants.
L’ultra grand-angle est fatalement moins convaincant dans les scénarios les plus délicats. En basse lumière, ce capteur montre plus rapidement ses limites avec des couleurs moins justes, un point pas toujours très précis et du bruit dans les zones les plus sombres. En revanche, en pleine journée, son champ de vision très large autorise des prises de vues originales et amusantes. D’ailleurs, le nouveau mode macro, directement intégré à l’ultra grand-angle, permet de déclencher à seulement 3 cm du sujet. Impressionnant et au moins aussi réussi que le mode similaire disponible sur les iPhone 13 Pro et 14 Pro.
Le nouveau téléobjectif du Pixel 7 Pro permet d’atteindre une longueur focale équivalente à 120 mm sur un appareil photo plein format. Un « zoom » optique 5x, qui offre un bel effet de compression. On regrette toutefois une définition un peu faiblarde, dont résultent des clichés qui manquent légèrement de finesse. Le smartphone autorise aussi un zoom numérique 30x, qui donne des résultats assez bons si l’on n’a pas d’attentes démesurées. Notons que le capteur est stabilisé et que l’interface du smartphone accompagne l’utilisateur dans la prise de vue grâce à un viewfinder malin.
Le capteur photo avant remplit lui aussi son office efficacement. On notera cependant une légère tendance à pousser trop loin la netteté lorsqu’on utilise le mode portrait. Du reste, il est un compagnon intéressant au quotidien pour quelques selfies.
Pour conclure, le Pixel 7 Pro est également très adapté pour de la vidéo. Convenablement stabilisé, il peut filmer jusqu’en 4K à 60 images par seconde. Néanmoins Google impose certaines limites difficiles à entendre, en 2022, sur un smartphone haut de gamme. D’abord, la capture en HDR est limitée à la 4K à 30 images par seconde. Ensuite, le nouveau mode Cinématique, qui applique un effet de flou derrière le sujet de l’image, est lui limité en 1080p à 24 images par seconde. À titre de comparaison, l’iPhone 14 Pro offre la même chose en 4K, Dolby Vision, en 24 ou 30 images par seconde.
Autonomie
L’autonomie du Pixel 7 Pro n’est pas censée être bousculée cette année. En cause ? L’adoption d’une batterie de capacité identique (5 000 mAh) et un processeur a priori aussi gourmand que la précédente version.
D’après nos observations, c’est effectivement le cas. Conformément aux annonces de Google, le Pixel 7 Pro offre une autonomie pour une journée d’utilisation, pas plus. Dans les faits, et en activant la définition QHD+ plutôt que Full HD+, il nous a même été difficile de cumuler plus de quatre heures de temps d’écran en une seule charge. En d’autres termes, si vous êtes plutôt du genre à utiliser votre smartphone de façon intensive tout au long de la journée, ne partez pas sans une batterie externe. Des impressions qui ne sont pas vraiment confirmées par le Labo Fnac, qui a pu faire tenir le Pixel 7 Pro environ 2h de plus que son prédécesseur.
Côté recharge, rien n’a changé non plus : Google promet toujours une puissance de 23 W au maximum sur le Pixel 7 Pro en utilisant un chargeur 30 W. Il faudra donc patienter environ 1h45 sur secteur pour faire passer un téléphone éteint à une pleine charge. Le smartphone est également compatible à la recharge sans fil, à une puissance identique.
Conclusion
Google a toujours conçu d’excellents smartphones, mais ils restent difficiles à vendre pour un tas de raison. Et, malheureusement, le cru 2022 n’échappe pas à la cruelle, mais réaliste comparaison avec le Pixel 6 Pro. Les nouveautés de ce modèle apparaissent par trop marginales. Oui, dans les faits, le Pixel 7 Pro est « meilleur » que le précédent smartphone haut de gamme du fabricant. Mais on n’en retient aucune fonctionnalité « wahou », aucune « killer feature » qui nous ferait dégainer notre carte bancaire d’un geste. Écrivons plutôt qu’il s’agit possiblement du smartphone Android le plus complet qui soit actuellement sur le marché, le tout pour un tarif assez raisonnable, si l’on prend en compte la conjoncture.