Avec la sortie au cinéma du biopic « Deliver Me From Nowhere », consacré à la création de l’album « Nebraska » et porté par un Jeremy Allen White habité, Bruce Springsteen confirme son aura mythique. L’occasion rêvée de (re)découvrir le « Boss », extraordinaire chroniqueur de l’Amérique ordinaire. Mais par où commencer dans sa discographie aussi foisonnante ? Voici cinq albums essentiels pour entrer dans l’univers de Springsteen.
Le biopic Springsteen : Deliver Me From Nowhere, qui retrace la genèse de son album le plus sombre (Nebraska), déboule sur nos écrans ce 22 octobre 2022, avec un Jeremy Allen White bluffant dans la peau du chanteur. Et avec lui, cette question éternelle : mais par où commencer avec le « Boss » ? On parle d’un type avec plus de 20 albums studio au compteur, des concerts de 3 heures et une aura de prophète du rock’n’roll qui peut sembler intimidante.
Pas de panique. Oubliez l’image du rocker à bandana hurlant « Born in the U.S.A. » dans un stade : elle n’est que la partie émergée d’un iceberg de génie. Springsteen, c’est avant tout l’un des plus grands conteurs de l’Amérique, un poète du bitume qui a su chroniquer les espoirs et les désillusions de la classe ouvrière comme personne.
Alors, pour vous éviter de piocher au hasard dans sa vaste discographie, suivez ce guide des 5 albums essentiels pour pénétrer dans l’œuvre de Bruce Springsteen et rejoindre la paroisse.
1- Born to Run (1975) : la genèse épique
C’est LE disque de la dernière chance, celui qui devait le propulser au sommet ou l’enterrer définitivement. Résultat : une fresque adolescente et romantique, un mur du son spectaculaire où chaque chanson ressemble à la scène finale d’un grand film américain. Born to Run est l’album de la fureur de vivre et des rêves d’évasion sur une autoroute sans fin. Le son parfait pour une virée nocturne.
- Idéal pour : Comprendre l’explosion créative et l’énergie brute du E Street Band.
- Les titres à retenir : Thunder Road, Jungleland, et bien sûr, l’hymne Born to Run.
2- Darkness on the Edge of Town (1978) : le réalisme à vif
Après le succès de Born to Run, Springsteen aurait pu capitaliser. Il a fait tout l’inverse. Plus sombre, plus rageur, Darkness on the Edge of Town abandonne le romantisme pour dépeindre la réalité crue de celles et ceux que le rêve américain a laissé.e.s sur le bas-côté. Les guitares sont acérées, la voix est grave, les histoires sont poignantes. C’est le disque de la maturité.
- Idéal pour : Découvrir le Springsteen conteur social, le porte-voix des « petites gens ».
- Les titres à retenir : Badlands, The Promised Land, Adam Raised a Cain.
3- The River (1980) : la fresque totale
Sur ce double album, pas moins de 20 chansons qui montrent toutes les facettes de son talent. On y trouve des hymnes rock’n’roll taillés pour les stades (Hungry Heart), mais aussi des ballades bouleversantes sur la fin de l’insouciance et les difficultés de la vie d’adulte. C’est un disque généreux, foisonnant, qui capture l’ambivalence de la vie : la fête du samedi soir et la gueule de bois du dimanche matin.
- Idéal pour : Avoir un panorama complet de son talent, du rockeur au songwriter intimiste.
- Les titres à retenir : The River, Hungry Heart, Independence Day.
4- Born in the USA (1984) : le blockbuster planétaire (et le grand malentendu)
Born in the USA, c’est le plus gros succès commercial de Springsteen, l’album qui l’a transformé en superstar mondiale. Avec ses synthés très eighties et ses refrains imparables, on pourrait croire à une célébration patriotique. Or, c’est tout le contraire. La chanson-titre est en réalité un cri de colère d’un vétéran du Vietnam abandonné par son pays. Un chef-d’œuvre de contre-sens qui prouve que le Boss sait aussi habiller ses textes les plus sombres de mélodies pop.
- Idéal pour : Chanter à tue-tête tout en réfléchissant au cynisme de l’Amérique reaganienne.
- Les titres à retenir : Dancing in the Dark, I’m on Fire, Born in the USA..
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5- Nebraska (1982) : l’uppercut acoustique
Juste avant le raz-de-marée Born in the U.S.A., Springsteen enregistre seul, chez lui, sur un magnétophone 4 pistes, une série de chansons folk d’une noirceur absolue. C’est Nebraska. Un disque rugueux, à l’os, hanté par les fantômes de l’Amérique profonde. C’est cet album, et sa création dans la douleur, qui est au cœur du film Deliver Me From Nowhere. Une mise à nu totale et terrassante.
- Idéal pour : Écouter le cœur de Springsteen battre, sans aucun artifice.
- Les titres à retenir : Atlantic City, Nebraska, Johnny 99.
Avec ces cinq albums, vous voilà parés pour comprendre l’essentiel de l’œuvre de Bruce Springsteen. Vous réaliserez vite que derrière le rocker se cache un auteur d’une immense sensibilité. Et si l’envie vous prend d’aller plus loin, plongez dans son autobiographie, Born to Run, ou laissez-vous tenter par ses performances live légendaires, comme le Live in New York City. Car c’est sur scène que le Boss prend toute sa dimension. Maintenant, vous n’avez plus d’excuses.
