À l’occasion de la sortie en salles le 8 octobre 2025 de « Nouvelle Vague », dernier long-métrage en date de Richard Linklater, zoom sur les films phares de l’un des mouvements cinématographiques les plus influents du 20e siècle.
À la fin des années 1950, naît en France la Nouvelle Vague : un mouvement cinématographique majeur qui marquera le cinéma d’auteur sur plus d’une dizaine d’années.
Ses instigateurs ? Des critiques des Cahiers du Cinéma (François Truffaut, Jean-Luc Godard, Éric Rohmer et Jacques Rivette), qui, lassés de l’académisme du septième art français, de ses scénarios littéraires et de son jeu trop théâtral, décident de rompre avec ces carcans pour explorer un cinéma plus proche de celui d’Hitchcock et autres géants d’outre-Atlantique.
La Nouvelle Vague, c’est une révolution. Les codes sont chamboulés, les procédés filmiques réinventés, et la créativité magnifiée. Récits fragmentés, ellipses, regards caméra, mélange entre documentaire et fiction… La politique des auteurs voit le jour et la signature des réalisateurs s’impose comme une marque de fabrique.
En plus d’être foisonnante d’innovations et de ruptures audacieuses, la Nouvelle Vague française a légué un héritage cinématographique d’une richesse exceptionnelle. Cinéma Novo, Cinéma du dégel, Nouvelle Vague italienne, Nouvel Hollywood… Ces courants, découlant de l’influence de Godard, Truffaut, Rohmer, Chabrol, Rivette, Resnais, Malle, ou encore Varda, ont permis l’émergence d’un nouveau cinéma mondial et de figures singulières désormais panthéonisées.
Et, c’est pour rendre hommage à ce mouvement si singulier que le réalisateur Richard Linklater s’attaque à l’un des mastodontes du cinéma : À bout de souffle. Avec son film Nouvelle Vague, le réalisateur américain (re)met en scène l’œuvre de Jean-Luc Godard dans un méta-film revenant sur la conception de ce long-métrage culte des années 1960.
Alors, pour faire honneur à la Nouvelle Vague française, voici une sélection des films essentiels et immanquables de ce mouvement précurseur.
Ascenseur pour l’échafaud (1958)
Julien Tavernier (Maurice Ronet) assassine son patron, le mari de sa maîtresse Florence. Alors que son acte semble presque parfait, Tavernier tente de récupérer un indice oublié et se retrouve bloqué dans l’ascenseur du lieu du crime.
Même si son scénario suit encore une structure classique, Ascenseur pour l’échafaud de Louis Malle est considéré par certains comme le premier long-métrage emblématique de la Nouvelle Vague. La déambulation nocturne d’une Jeanne Moreau plus iconique que jamais et la bande-son envoûtante de Miles Davis font de ce film noir stylisé et existentiel un pont érudit entre classicisme et modernité.
Hiroshima mon amour (1959)
« Tu n’as rien vu à Hiroshima » Elle, actrice française venue tourner un film sur la paix, le rencontre, lui, architecte japonais dont la famille a disparu sous les bombes. Se crée alors une brève mais intense liaison dans laquelle s’entremêlent et resurgissent les souvenirs.
En liant l’intime et le collectif, la petite et la grande Histoire, Alain Resnais invente, avec Hiroshima mon amour, un nouveau langage cinématographique, plus poétique et politique. Sur le texte sublime de Marguerite Duras, le long-métrage brise la narration linéaire pour explorer les méandres de la mémoire, du traumatisme et de l’oubli.
Les 400 Coups (1959)
Film emblématique de François Truffaut, Les 400 Coups explore l’enfance difficile d’Antoine Doinel (Jean-Pierre Léaud), un adolescent de quatorze ans qui ne cesse d’accumuler les ennuis dans le Paris des années 1950.
Primé pour sa mise en scène au Festival de Cannes en 1959, ce long-métrage se pose comme un véritable manifeste de la Nouvelle Vague jouant d’une innovation narrative et rompant avec les conventions du cinéma classique. Avec cette exploration du passage à l’âge adulte, Truffaut signe un coup de maître.
À bout de souffle (1960)
Michel (Jean-Paul Belmondo), jeune homme charmeur et voyou, vole une voiture, quitte Marseille, et tente de rejoindre Paris pour retrouver Patricia (Jean Seberg), une étudiante américaine, qu’il tente de reconquérir. Sur sa route, il tue un gendarme et ses ennuis ne semblent plus s’arrêter.
Comment parler de la Nouvelle Vague sans évoquer À bout de souffle, le premier film de Jean-Luc Godard ? Insufflant son style novateur, ce long-métrage, qui bouscule les cadres narratifs et les visuels traditionnels, deviendra rapidement un manifeste pour le septième art.
La Jetée (1962)
Dans un Paris post-Troisième Guerre mondiale, les survivants forcés – en raison des radiations – à se réfugier dans les souterrains tentent de voyager dans le temps afin d’aller récupérer des ressources du passé. Un homme, hanté par une image forte de son enfance, se trouve être le candidat idéal pour cette mission.
Dans le laboratoire d’expérimentations qu’était la Nouvelle Vague nait La Jetée, objet filmique non identifié de Chris Marker. Composé d’images fixes, ce photo-roman crée, par sa forme originale et sa narration en voix-off, une expérience à la fois hypnotique et poétique qui exercera une influence considérable sur le cinéma.
Cléo de 5 à 7 (1962)
Le 21 juin 1961, de 17h à 19h, Cléo, une jeune chanteuse craignant d’être atteinte d’un cancer, arpente Paris en attendant les résultats de son analyse médicale. Une pérégrination entre espoirs, rencontres insolites et prise de conscience existentielle.
Chef-d’œuvre d’Agnès Varda, Cléo de 5 à 7 brise les clichés sur la représentation féminine. Incarnée par Corinne Marchand, le personnage principal s’émancipe sous nos yeux dans un portrait bouleversant, dépeint par une magnifique déambulation documentaire dans le Paris des années 60.
Jules et Jim (1962)
Jules (Oskar Werner) et Jim (Henri Serre), inséparables, verront leur amitié fusionnelle mise à l’épreuve par leur rencontre avec Catherine, une femme libre et imprévisible dont ils tombent tous deux éperdument amoureux.
Adapté du roman éponyme d’Henri-Pierre Roché, Jules et Jim, porté par l’interprétation magnétique de Jeanne Moreau, réinvente le triangle amoureux et offre une belle ode à la liberté et à l’amitié. Un classique indémodable filmé avec grâce et inventivité.
Le Mépris (1963)
Le couple de l’écrivain-scénariste à succès Paul Javal se fissure lors du tournage d’une adaptation de L’Odyssée quand l’arrogant producteur américain Jeremy Prokosch (Jack Palance) jette son dévolu sur sa femme Camille (Brigitte Bardot). Peu à peu, l’amour laisse place au mépris.
Le Mépris, méta-film porté par le couple mythique Bardot/Piccoli, est une œuvre majeure de Jean-Luc Godard. Le long-métrage dissèque la complexité des relations humaines avec une étonnante modernité. Par sa mise en scène et ses choix narratifs audacieux, il sublime la fin du sentiment amoureux, en capturant à la fois la douleur de la séparation et la beauté mélancolique des souvenirs partagés. Un chef-d’œuvre absolu, qui continue de fasciner.
Pierrot le Fou (1965)
Ferdinand, malheureux dans son couple et dans sa vie bourgeoise, quitte Paris pour rejoindre la Méditerranée en compagnie de Marianne, une étudiante poursuivie par des tueurs à gages.
Avec Pierrot le Fou, Jean-Luc Godard panthéonise cette fois-ci le couple Karina/Belmondo. Sa mise en scène, absurde et souvent critiquée, mêlant expérimentations et métaphores, impose pourtant ce long-métrage comme un incontournable de la Nouvelle Vague.
Ma nuit chez Maud (1969)
Jean-Louis (Jean-Louis Trintignant), un ingénieur catholique pratiquant, croise Françoise (Marie-Christine Barrault), une jeune femme blonde. Instantanément, il s’éprend de cette dernière et décide qu’elle sera sa femme. Non sans attendre, il retrouve Vidal, un ancien camarade de classe, qui l’invite à passer une soirée chez Maud (Françoise Fabian), une femme séduisante et libre-penseuse.
Sommet de subtilité et d’intelligence, Ma nuit chez Maud – troisième des six Contes Moraux de Éric Rohmer – explore le désir, le hasard et le choix à travers des dialogues ciselés. Résolument intellectuel et sensuel, ce long-métrage, où l’on débat de Pascal avant de parler d’amour, aura marqué de façon pérenne la Nouvelle Vague française.
Dix films, dix portes d’entrée dans un mouvement qui, plus de 70 ans après, n’a rien perdu de sa modernité et continue de nourrir et d’influencer le cinéma français et international.
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