Aux États-Unis, en Italie ou au Mexique, les années 1990 ont représenté un profond renouvellement du film d’horreur, avec l’arrivée de nouveaux réalisateurs ou le retour en grâce de certains grands noms des seventies. Focus sur les dix meilleurs exemples de cette décennie d’épouvante.
Scream en 2022, Candyman en 2021, Souviens-toi… l’été dernier cet été… Les films d’horreur des années 1990 ont le vent en poupe, et font désormais l’objet de remakes et autres prequels et sequels, à la façon des retours en grâce de Massacre à la tronçonneuse ou Halloween il y a quinze ans. Que trouve-t-on dans cette décennie de si spécial, de si effrayant ? Retour sur dix pépites du genre.
Freddy sort de la nuit (1994)
Septième opus des aventures onirico-criminelles de Freddy Krueger, Freddy sort de la nuit marque le retour derrière la caméra de Wes Craven, créateur du personnage et réalisateur du premier opus. Ce septième volet reprend le casting original du premier épisode et le plonge dans un métafilm, puisque Freddy s’attaque à des acteurs en plein tournage d’une suite des Griffes de la nuit.
Ménageant parfaitement ses effets, Wes Craven dirigeait là une réflexion pertinente sur le cinéma d’horreur et le slasher, qu’il allait bientôt continuer dans un autre film meta… nommé Scream.
Scream (1996)
Un tueur masqué qui torture une adolescente avec des questions sur les films d’horreur, une soirée d’Halloween, le passage à l’âge adulte… Avec Scream, le réalisateur Wes Craven persistait dans son but affiché : faire des années 1990 la décennie de l’horreur réflexive.
Aussi terrifiant qu’intelligent, cet hommage post-moderne à l’épouvante eighties, masque cheap et dynamique de slasher inclus, a connu un succès international qui a relancé l’industrie de l’horreur aux USA.
Souviens-toi… l’été dernier (1997)
Écrit par Kevin Williamson, scénariste de Scream, Souviens-toi… l’été dernier figure parmi les slashers qui ont surfé sur le phénomène initié par Wes Craven. Avec son casting nineties (Sarah Michelle Gellar, Ryan Phillippe), cette histoire de jeunes en « délit de fuite » harcelés, un an après avoir provoqué la mort d’un piéton, reprend les mécaniques des slashers, notamment la violence qui se déchaîne sur des adolescents un peu noceurs. À l’instar d’Urban Legend, voilà un exemple canonique de film « post-Scream ».
L’Échelle de Jacob (1990)
Les années 1990 auront été marquées par l’essor des « films à twist« , d’Usual Suspects au Sixième Sens. Le pionnier du genre se nomme Adrian Lyne : spécialiste du thriller érotique, il a changé d’optique pour L’Échelle de Jacob, film d’horreur psychologique qui nous plonge dans les angoisses graphiques d’un vétéran du Vietnam.
Par son ambiance, entre mystère et sinistrose, et l’interprétation de Tim Robbins, le film a acquis une réputation énorme malgré un échec à sa sortie.
Le Projet Blair Witch (1998)
Coup d’essai, coup de maître : avec un budget ridicule, Eduardo Sanchez et Daniel Myrick ont réussi à renouveler le film d’horreur – et à inventer le genre du found footage – en obtenant un succès commercial considérable.
Trois personnages, deux caméras, un mystère : narrant la visite d’étudiants en cinéma dans une petite forêt réputée hantée, Le Projet Blair Witch montre les rushs tournés par le trio. Avec très peu d’effets apparents, mais une terreur réelle, voilà un chef-d’œuvre des nineties.
Audition (1999)
Au Japon, dans les années 1990, le film d’horreur s’est profondément renouvelé. Audition de Takashi Miike trompe tous les horizons d’attente. Débuté par un faux casting organisé par un homme pour se trouver une jeune épouse, le film, jouant des codes de la télévision, dérive lentement, mais sûrement, vers une fin terrifiante. Ce long-métrage japonais engendrera par la suite le sous-genre horrifique du « torture-porn ».
Cronos (1993)
Outre Inarritu et Cuarón, Guillermo Del Toro a contribué au renouvellement du cinéma mexicain. Son premier film, Cronos, revisite merveilleuse du film de vampire, comporte tous ses futurs fondamentaux : ambiance fantasmagorique, décalage, casting (Ron Perlman, pour sa première collaboration avec Del Toro). Voici le prototype de L’Échine du diable et de La Forme de l’eau !
Candyman (1992)
Une légende urbaine raconte qu’à Chicago, en répétant cinq fois « Candyman », un tueur apparaît et commet son macabre office… Et si c’était vrai ? C’est la vérification qu’effectue Helen (Virginia Madsen) dans le film Candyman, qui mêle à l’horreur un propos sociétal.
Autour d’un meurtrier revenant, victime de lynchage à l’époque de l’esclavage, ce long métrage réussit à éprouver notre tranquillité d’esprit sur tous les plans.
Le Syndrome de Stendhal (1996)
Retour en Italie après un passage aux États-Unis. En compagnie d’Ennio Morricone – à la musique – et de sa fille Asia comme actrice principale, Dario Argento s’est fait plaisir avec Le Syndrome de Stendhal, dans lequel il essaye de saupoudrer d’effets numériques le giallo, genre italien horrifique dont il est l’un des inventeurs.
Baroque et érudit, ce merveilleux hommage horrifique aux œuvres d’art visibles à Florence a fait date.
Le Silence des agneaux (1991)
Les années 1990 ont marqué l’arrivée d’une terreur plus « réaliste », avec l’émergence des films de serial-killer. Porté par l’interprétation d’Anthony Hopkins, Le Silence des agneaux en constitue l’exemple type.
Adaptant le roman éponyme de Thomas Harris, Jonathan Demme y distille savamment des scènes d’horreur, entre cannibalisme et écorchement, sans pousser le curseur du gore. De quoi faire entrer Jodie Foster, en jeune agent du FBI enquêtant sur un tueur en série, dans la légende du film d’horreur.