Créée en 1954, la Fnac souffle cette année ses 70 printemps ! L’occasion pour l’incontournable « agitateur d’idées » de jeter un coup d’œil dans le rétro sur les films, les livres et les albums qui ont marqué ses premières années. Des Beatles à Dune en passant par Tintin et Star Wars, retour sur quinze ans d’œuvres cultes.
Cinéma
Noir c’est noir
Quel coup d’éclat que cette Nuit du chasseur, seule et unique réalisation signée Charles Laughton, monstre sacré du grand écran ! Méprisé à sa sortie en 1955, ce film inspiré du livre éponyme de Davis Grubb figure désormais parmi les chefs-d’œuvre absolus du septième art. Un conte à la noirceur fascinante, noué autour du conflit entre le bien et le mal et tout entier porté par un Robert Mitchum aussi hypnotisant qu’effrayant.
Quant aux péripéties de Cary Grant en agent du contre-espionnage malgré lui coursé par un avion ou crapahutant sur le mont Rushmore dans La Mort aux trousses d’Alfred Hitchcock, elles demeurent parmi les scènes inoubliables du cinéma.
Blond on blond
En 1959, Billy Wilder réalisait l’une des plus grandes comédies de toute l’histoire du cinéma avec Certains l’aiment chaud. Un incontournable de « la comédie de travestissement » porté par le duo Tony Curtis–Jack Lemmon, et une Marilyn Monroe qui crève l’écran. Et dire qu’elle ne souhaitait pas y participer, refroidie à l’idée de jouer encore les ravissantes idiotes ! Son charisme et son talent en feront une réflexion profonde et moderne sur le machisme et la sexualité.
« Qu’est-ce que c’est, dégueulasse ? » Un an plus tard mais à des années-lumière des manières d’Hollywood, sortait À bout de souffle, le premier film de Jean-Luc Godard. Tourné en lumière naturelle, caméra à l’épaule, ce fut « une expérience folle » dira Jean Seberg, lumineuse héroïne aux côtés d’un Jean-Paul Belmondo tout aussi irrésistible.
Un talent nommé Brando
Un tournage avec Marlon Brando, artiste de génie mais imprévisible, n’est pas une mince affaire. Francis Ford Coppola en sait quelque chose pour avoir partagé à ses côtés deux de ses plus grandes et folles aventures artistiques et deux piliers du cinéma mondial. Brando est d’abord Don Vito Corleone dans Le Parrain (1972), ce boss charismatique de la mafia italo-américaine à la diction inimitable, qui verra, malgré lui, son plus jeune fils Michael (Al Pacino) prendre sa succession.
Puis, en 1979, c’est un Marlon Brando en surpoids, au crâne rasé et en roue libre qui, face à Martin Sheen, campe le mystérieux et mystique colonel Kurtz dans Apocalypse Now. L’une de ses compositions les plus hallucinantes.
Les merveilles du Nouvel Hollywood
Avec Coppola, ils étaient toute une bande, de la fin des années 1960 au début des années 1980, à vouloir révolutionner le cinéma hollywoodien. De joyeux trublions à la fougue inventive. Parmi les fers de lance de ce Nouvel Hollywood, on trouvait notamment un certain Steven Spielberg ou encore Martin Scorsese.
En 1975, à 27 ans, le premier inventait le blockbuster et le « film de requin » avec Les Dents de la mer. Après quoi les vacances balnéaires ne furent plus jamais les mêmes. Quant à Marty, il signait l’année suivante un chef-d’œuvre de tension paranoïaque avec Taxi Driver hanté par un sublime Robert De Niro en héros martyr, rongé par la culpabilité et en quête de rédemption. À l’affiche également, une toute jeune Jodie Foster.
L’univers du Space Opera
Au cœur de ce Nouvel Hollywood, George Lucas était assurément l’un des aventuriers les plus influents et, avec son ami Spielberg, l’un des représentants majeurs de l’ère des blockbusters. En 1977, il provoque un véritable cataclysme cinématographique avec la sortie du premier volet de son épopée intergalactique Star Wars : Star Wars, épisode IV : Un nouvel espoir. Suivront l’épisode V : L’Empire contre-attaque et l’épisode VI : Le Retour du Jedi pour constituer la trilogie de science-fantasy la plus mythique du septième art.
Mais d’aucuns prétendent que sans Stanley Kubrick, Star Wars n’existerait pas. Près de dix ans plus tôt, le Britannique réalisait en effet son chef-d’œuvre hors norme : 2001 : l’odyssée de l’espace. Un film épique et visionnaire aux idées inédites, pour lequel Kubrick fit appel à la crème de la crème des techniciens en effets spéciaux. Objectif : s’éloigner coûte que coûte de l’univers « série B » de la grande majorité des œuvres SF de l’époque.
Musique
Mythes américains
Elvis Presley, c’est ainsi que le roi pas encore couronné choisit de titrer son tout premier album. On est en 1956. Une Amérique essentiellement chrétienne engoncée dans sa morale conservatrice découvre ce jeune Elvis à la voix suave et au déhanché ravageur. Un album devenu iconique qui rassemble tout le génie du futur King de Memphis.
Et l’année suivante, cette même Amérique de connaître un autre tremblement musical avec la sortie du mythique Blue Train de John Coltrane. Le prodige s’affranchissait de ses maîtres, Gillespie, Monk et autre Davis pour voler de ses propres ailes dans un premier album solo de très grande classe. Cinq morceaux hard-bop pur et dur, imbibés de blues, de swing et de funk. Une masterpiece de la maison Blue Note.
Entre vague yéyé et Nouvelle Vague
Début des années 1960, en France. C’est le temps des yéyés et des idoles. Et c’est dans cette atmosphère frénétique que la timide Françoise Hardy ose laisser s’échapper ses douces et gracieuses chansonnettes : le Temps de l’amour, Oh oh chéri ou encore Tous les garçons et les filles, véritable tube qui donne son titre au disque.
C’est également en ce début de sixties que déferle sur les écrans une folle histoire d’amour à trois : Jules et Jim de François Truffaut. Un hymne à la jeunesse et à la liberté porté par une des plus belles B.O. de la Nouvelle Vague. C’est évidemment l’enivrant Tourbillon de Jeanne Moreau, mais ce sont aussi toutes les magnifiques compositions de Georges Delerue.
Des garçons dans le vent
En 1965, à peine trois mois après leur opus Help! et alors que la Beatlemania bat son plein, le quatuor de Liverpool sort son sixième album Rubber Soul. Un des disques les plus surprenants des Beatles. Plus complexe, mieux écrit, plus personnel, avec l’introduction de nouveaux instruments. Avec Rubber Soul, les Fab Four réinventaient la pop !
En 1969, les Beatles se séparent. Et si McCartney et Harrison gèrent plutôt bien leur transition musicale, John Lennon louvoie davantage… jusqu’à la sortie en 1971 de son album Imagine, son meilleur album solo ainsi que l’un des titres les plus joués au monde ! Formidable hymne pacifiste à la fausse simplicité.
L’art de l’album-concept
C’est l’Histoire de Melody Nelson, une jeune fille aux cheveux rouges âgée d’une quinzaine d’années. Celle d’un Serge Gainsbourg fantasque et fou amoureux de Jane Birkin, sa compagne et sa muse. Incompris à sa sortie en 1971, il est perçu aujourd’hui comme l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la chanson française. Un album-concept inspiré du Lolita de Nabokov pour une « histoire romantique, gonflée et dramatique ».
Autre univers, autre pièce d’orfèvre musicale : The Dark Side of the Moon de Pink Floyd avec des morceaux éternels tels que Breath, Money ou Time. À son apogée artistique, la bande à Roger Waters signait avec cet album une époustouflante tragédie moderne en trois actes autour de « tout ce qui est capable de rendre les gens fous », confie Waters à l’époque.
À la pointe de l’avant-garde
Vous connaissez tous sa pochette traversée d’une banane signée Andy Warhol. Entre ballades pop mélancoliques et explorations « psychotropiques », The Velvet Underground and Nico, premier album du groupe US The Velvet Underground emmené par Lou Reed, a marqué l’histoire du rock de ses expérimentations sonores avant-gardistes.
Tout aussi furieusement contestataire, tout aussi influent et vénéré, l’album Never Mind the Bollocks Here’s the Sex Pistols sera l’unique album studio du groupe punk britannique Sex Pistols. Si le punk n’est pas mort, il est né avec cet album, en 1977.
Livres
Un classique dystopique
Sa majesté des mouches de William Golding fut l’un des livres les plus controversés à sa sortie en 1968. L’histoire d’une bande de gamins livrés à eux-mêmes sur une île déserte du Pacifique avec, en toile de fond, une fascinante réflexion sur la nature humaine, la reproduction inéluctable d’un schéma social ancestral, jusqu’à la disparition de la civilisation au profit d’un retour à l’état animal.
L’apogée de la BD franco-belge
C’est en 1961 que naissait l’amitié entre Astérix, petit guerrier intrépide, et Obélix, livreur de menhirs enrobé aux braies bleues et blanches. Le fruit d’une autre amitié tout aussi illustre entre René Goscinny, à la plume, et Albert Uderzo, au pinceau. Première aventure made in Gaule, drôle et créative, Astérix le Gaulois posait les bases d’un succès planétaire.
Quant à Tintin, Haddock, Tournesol, Dupond et Dupont, côté belge, ils honoraient déjà en 1954 leur dix-septième aventure dans On a marché sur la Lune. Avec cet album, suite directe d’Objectif Lune, Hergé signait un petit pas pour l’homme mais un grand pas pour la BD.
Ode aux Belles-Lettres du XXe siècle
En 1954, Françoise Sagan, 18 ans, publiait son tout premier roman Bonjour tristesse. L’histoire de Cécile, 17 ans, passant l’été dans une villa avec son père Raymond, veuf, et Elsa, sa maîtresse. Un huis clos en bord de Méditerranée, entre plaisirs et insouciance, qui, à sa sortie, résonna comme un coup de tonnerre littéraire. Le « charmant petit monstre » n’imaginait pas alors que son récit compterait aujourd’hui parmi les plus grands textes du XXe siècle.
Autre éminente figure de la littérature du XXe siècle, l’écrivain Romain Gary confiait en 1960, dans sa Promesse de l’aube, l’histoire intime de sa relation indéfectible avec sa mère. Un récit plein d’humour et de tendresse dédié à cette femme russe, ex-actrice exilée qui, décidée à offrir à son unique fils adoré un destin grandiose, aura tout sacrifié. Un émouvant roman sur l’amour maternel.
Entre SF et Fantasy : l’imagination au pouvoir
De l’amour de J.R.R. Tolkien pour les mots, les lettres et la littérature, pour les contes de fées et les sagas norroises est née sa trilogie du Seigneur des anneaux : La Fraternité de l’anneau, Les Deux Tours et Le Retour du roi. Trois romans ancrés au cœur d’une Terre du Milieu peuplée d’Orcs et de Gobelins, d’Elfes et de Nains, de magiciens, d’hommes et de Hobbits. Trois piliers de l’univers fantasy.
Enfin, direction la planète Arrakis, surnommée Dune par ses habitants, seule source de l’Épice nécessaire à la navigation spatiale. Dune, c’est le titre choisi par Frank Herbert pour son chef-d’œuvre de science-fiction. Un récit encore une fois colossal se déroulant dans un vaste empire interstellaire féodal, lieu d’interactions entre différentes factions – Atréides, Harkonnen et autres Fremen. Le tout sur fond de réflexions politiques, religieuses et technologiques.