Sélection

Eddy De Pretto : notre sélection de ses meilleurs titres

16 novembre 2023
Par Manue
Eddy De Pretto : notre sélection de ses meilleurs titres

Eddy De Pretto avait été la bonne surprise de l’année 2018. Avec son 1er album, « Cure », il a bousculé les codes de la chanson française en scandant sa différence. C’est ce qu’il continue de faire dans son troisième album, avec peut-être encore plus douceur. Ce nouvel opus nous permet de regarder en arrière pour une sélection de ses titres incontournables.

« Kid » – Extrait de l’album Cure (2018) 

Rarement un artiste sera aussi entré dans la lumière avec un tel aplomb. Dans son premier album, . Torse nu, en sueur, dans une salle de sport (presque un ring), Eddy De Pretto y va direct dans Kid, balançant ses uppercuts non pas avec ses poings mais avec ses mots. Tranchants, virulents, ceux-ci s’insurgent contre le diktat de la virilité masculine, celle qu’on a longtemps voulu imposer coûte que coûte à tous les petits garçons. Dès son premier album, Cureentre rap et chanson française, Eddy De Pretto casse les codes et on peut dire qu’il se débrouille pas mal dans ce domaine.

« La fête de trop » – Extrait de l’album Cure (2018)

Eddy De Pretto n’y va pas par quatre chemins dans cette chanson, La fête de trop. Texte cru à souhait quand on sait lire entre les lignes, le titre évoque un garçon qui fait le bilan au sortir d’une fête remplie d’alcool, de drogue, de sexe. La fête de tous les excès. Drogue, sexe et rock’n’roll ou plutôt drogue, sexe et solitude car, à la fin de cette fête, il se retrouve bel et bien seul. Il serait peut-être temps d’arrêter tout ce carnage ? C’est la conclusion à laquelle il en vient finalement.    

« Normal » – Tiré de l’album Cure (2018)

Eddy De Pretto continue, avec Normal, de bousculer les stéréotypes sur l’identité sexuelle. Homosexuel, il défend ici sa normalité, en évoquant toutes les peurs et les idées reçues sur l’homosexualité. « J’avais une colère vis-à-vis de gens qui m’attaquaient parce qu’ils n’aimaient pas la personne que je pouvais représenter« , avait-il expliqué au magazine Têtu (octobre 2010). Comme dans Kid, le verbe est fort et parfois fleuri. N’y voyez pas de colère mais plutôt un appel à la tolérance, à la liberté d’être soi et une manière de s’affirmer plutôt que d’avoir un discours haineux envers celles et ceux qui insultent, voire violentent, les personnes qui ne leur ressemblent pas. C’est un avant-goût de son deuxième album qui questionne la notion de différence dans la société. 

« Bateaux mouches » – Extrait de l’album A tous les bâtards (2021)

Difficile de revenir après un premier album qui a tant bousculé et tant marché. Mais c’était sans compter sur cette volonté de raconter des histoires et de faire bouger les lignes. Eddy de Pretto continue donc de parler de lui, de son adolescence, des thèmes qui lui sont chers dans A tous les Bâtards… Il débute avec Les bateaux mouches. Comme beaucoup d’artistes, il a connu la galère. Pour payer le loyer de son appartement à Paris, il lui fallait un travail. Parmi ces petits boulots, il a été chanteur sur les bateaux mouches. « J’ai passé des castings devant une D.A. pour chanter sur des croisières sur la Seine qui me balançait : « vous devez vendre du rêve !« . Je reprenais RihannaEdith Piaf et aussi M. Pokora pour faire un peu danser. Ça m’a appris plein de trucs. Trois fois par semaine, tu dois passer entre les tables, faire le show, attirer l’attention de gens qui n’en ont rien à faire que tu sois là, entertainer. Le public est ici pour manger en fantasmant devant la Tour Eiffel. Ton objectif, c’est de les choper. Et le cadre était agréable…« . (magazine Numéro, octobre 2021) 

« Freaks » – Extrait de l’album A tous les bâtards (2021)

On l’a vu, Eddy De Pretto aime questionner les sujets sociétaux qui divisent. Dans le deuxième album, c’est la notion de différence en général qu’il a voulu aborder. Son but est d’interroger sur ce que c’est d’être différent et de ne pas en faire une insulte, un déshonneur. « C’est une démarche d' »empuissantement ». L’idée est de revaloriser les termes pour renverser le négatif, faire des insultes une force. Sur la pochette de l’album, qui est un fanart [dessin de fan] que j’ai reçu, je dis : « regarde-moi comme je suis si différent, flou, abstrait. » Je ne suis pas mis à mon avantage… S’assumer a été pour moi un long travail. Sur mon premier album, je me questionnais sur comment je devais être, sur le regard des autres. Je me demandais : « Est-ce qu’il faut être plus ceci ou plus cela pour les garçons ou pour mon père ? Dois-je faire semblant ou rester moi ? » Sur À tous les bâtards, je dis : « ok je suis ça, je suis bizarre et ça va être beau. » Et d’ailleurs on est tous le bizarre de quelqu’un. La notion de normalité est complètement subjective » (Magazine Numéro, octobre 2021). 

« Val de larmes » – Extrait de l’album A tous les bâtards (2021)

Eddy De Pretto a grandi en banlieue, à Créteil. Dans Val de larmes, il aborde la question du rapport à la police, n’ayant jamais été victime de violences policières contrairement à certains de ces amis de quartier qui avaient la peau un peu moins pâle. « La seule fois où je me suis fait contrôler, c’est parce que j’ai grillé un feu en scooter, pendant le premier confinement, alors que je me trouvais à plus d’un kilomètre de mon domicile… la totale ! J’ai enlevé mon masque et ils m’ont dit : « ah, M. De Pretto ! » Tous les copains qui s’appelaient Karim ont, eux, déjà été arrêtés, coursés ou frappés. Il y a un vrai problème et ça n’avance pas. Sur la route, ce sont toujours les mêmes qu’on arrête. Sans accaparer le débat, je crois qu’il faut constater quand on a des privilèges. Je suis blanc mais je suis un allié. Je fais juste un état des lieux. « (Magazine Numéro, octobre 2021).

Duo avec Yseult – « Pause x Kiss »

Avec Yseult, c’est une grande histoire d’amitié. Les deux artistes luttent dans leurs chansons contre leurs différences, pour que ses dernières ne soient désormais plus un handicap, un outrage mais une force, une normalité, une beauté. Pour ce titre divisé en deux, ils ont voulu dire stop à la prégnance de cet environnement oppressant qui nous pousse vers le bas. « Il nous paraissait important de parler du fait de prendre soin de soi, de faire des pauses. Surtout avec le Covid et les confinements, qui m’ont personnellement beaucoup affecté car je pense trop et que cela a réveillé énormément de choses en moi. Avec Yseult, qui est une amie, on voulait créer une « safe place », un espace qui nous appartient, où l’on se sent bien, une bulle plus forte que l’extérieur, à la fois mélodieuse et calme« . (Magazine Numéro, octobre 2021). Le baiser à la fin est un appel à l’amour. Beau programme, non ?

« R + V » – Extrait de l’album Crash Coeur (2023)

Pour son nouvel album, Crash coeur, Eddy De Pretto a voulu laisser « parler le corps et le sentiment » plutôt « que l’intellectualiser ou commenter les émotions » (France Inter – Jusqu’ici tout va bien). Il dit avoir écrit un album de Love, enfin d’amour, plein d’amour. Pour sa première incursion sur les réseaux sociaux, il a présenté R + V. On a tous grandi aux côtés de personnes qui nous ont aidés à être ce que nous sommes. Dans ce titre donc, il cite tous ceux qui l’ont aidé à se construire en tant que jeune garçon homosexuel, ses modèles : Freddie Mercury, Elton John, Andy Warhol, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, la drag-queen RuPaul, Jean Genet…  Une manière pour l’homme d’assumer encore pleinement l’être qu’il est, sans doute avec plus de sérénité et d’apaisement. Moins dans le combat, Eddy De Pretto n’en reste pas moins engagé, pour une société plus libre et plus tolérante les uns envers les autres. 

Retrouvez Eddy De Pretto en tournée en 2024 !

Article rédigé par
Manue
Manue
Disquaire à la Fnac Saint-Lazare
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