Double anniversaire pour la firme aux grandes oreilles ! La société Disney a été fondée il y a déjà un siècle, en 1923, et Walt Disney Pictures, une de ses filiales de production, célèbre ses 40 ans cette année. L’occasion de se replonger dans quelques-uns de leurs plus beaux longs-métrages et s’émerveiller encore et toujours…
Blanche-Neige et les Sept Nains (1937)
Il était une fois, l’un des tout premiers longs-métrages d’animation et sans doute le plus fameux. L’adaptation en plus d’1h20 d’un célèbre conte des frères Grimm, Blanche-Neige et les Sept Nains. Au programme, une princesse pourchassée par une marâtre jalouse de sa beauté, sept bonshommes protégeant la jeune femme, une sorcière offrant une pomme empoisonnée et le baiser du prince charmant qui réveille la belle de son sépulcre de verre. Une imagerie si forte qu’il faudra plusieurs décennies aux studios Disney pour enfin faire de leurs héroïnes des femmes libres et indépendantes, sans prince à embrasser.
Pinocchio (1940)
Après les frères Grimm, les studios Disney s’attaquent, avec Pinocchio, à un autre monument de la littérature. Le roman de Carlo Collodi a beau avoir été adapté de nombreuses fois depuis, on en revient toujours à sa version animée. Ou l’histoire d’un pantin de bois facétieux créé par son Geppetto de père, se rêvant petit garçon. Nez qui s’allonge à chaque mensonge, Fée bleue qui apparaît en deus ex machina, cruauté de l’enfance et autres baleines voraces, sont restés dans l’inconscient collectif. Une ode à l’amour filial universelle et bouleversante.
Bambi (1942)
Avec Bambi, les studios Disney frappent fort. Ils adaptent un roman de Felix Salten et font de leur personnage principal, jeune faon orphelin, un héros anthropomorphique. La marque de fabrique de Disney depuis Dumbo, sorti un an auparavant. Le moyen d’aborder des sujets importants (ici, la mort de la mère, abattue par un chasseur, ce qui en a traumatisé plus d’un) avec davantage de poésie et de fantaisie que s’il s’agissait de personnages humains. De quoi conserver sa cible enfantine, tout en vendant du merchandising.
Cendrillon (1950)
Après Blanche-Neige, une autre princesse va faire son apparition et elle aussi, devenir un personnage iconique pour des générations de petites filles, Cendrillon. Un film issu du conte de Charles Perrault, avec des ajouts tirés de la version des frères Grimm de la même histoire. Celle d’une jeune fille orpheline de père, exploitée par sa belle-mère tyrannique et qui, grâce à la magie de sa marraine la fée, va rencontrer le prince charmant. La scène où ce dernier essaie la pantoufle de verre au pied gracile de Cendrillon, est devenue culte et le paroxysme de l’happy end façon comédie romantique, préfigurant des films de type Pretty Woman.
Peter Pan (1953)
Enfin un héros ! Peter Pan, adaptation de la pièce du même nom de J.M. Barrie, met en scène un jeune homme refusant de grandir, évoluant dans le monde fantasmagorique du Pays imaginaire. Sous ses airs fantaisistes, les réalisateurs se sont permis quelques libertés, telles que créer une fée Clochette en décolleté et mini-jupe ou suggérer l’homosexualité de Peter Pan, de Mouche et du Capitaine Crochet, sans en avoir l’air. Il n’en reste pas moins que cette adaptation demeure la plus célèbre à ce jour, avec le Hook de Steven Spielberg, sorti en 1991.
La Belle et le Clochard (1955)
Premier film à utiliser le format CinemaScope et à bénéficier d’un son stéréo, La Belle et le Clochard expérimente également le mélange naturalisme et anthropomorphisme. La cocker Belle a en effet tout le comportement d’une petite chienne pendant une bonne partie du récit, avant de rencontrer le cabot Clochard et avoir alors l’usage de la parole et des émotions typiquement humaines. Quant à la scène culte du dîner de spaghettis entre les deux chiens énamourés, elle demeure un sommet de romantisme du septième art.
La Belle au bois dormant (1959)
La Belle au bois dormant, libre adaptation de Perrault et Grimm comme pour Cendrillon, est considéré comme l’un des plus beaux Disney. Ses décors sont inspirés des enluminures médiévales des Très Riches Heures du duc de Berry que l’on peut admirer au musée Condé de Chantilly, de peintures signées Brueghel et Botticelli, ou de dessins de Victor Hugo et Eugène Viollet-le-Duc. Tant et si bien que le château de la princesse endormie Aurore est, depuis, le symbole des parcs d’attractions Disney et que Maléfique est devenue l’une des méchantes les plus terrifiantes des studios.
Mary Poppins (1964)
Autre marque de fabrique de Disney, l’utilisation de prises de vues réelles mêlées à des scènes d’animation. Mary Poppins demeure la comédie musicale la plus célèbre à utiliser une telle prouesse. Car cette nounou pas comme les autres a plus d’un tour dans son sac et permet aux enfants qu’elle garde de côtoyer des personnages fictifs et animés. Julie Andrews endosse le rôle à la perfection et obtiendra l’Oscar de la meilleure actrice, tandis que la chanson Supercalifragilisticexpialidocious est désormais un standard du genre qui ravit les orthophonistes.
Le Livre de la Jungle (1967)
Après Peter Pan, un autre héros va concurrencer les princesses Disney, Mowgli, jeune petit d’homme élevé par des loups dans une forêt d’Inde. Le Livre de la Jungle, inspiré du roman de Rudyard Kipling, est un film initiatique sur l’apprentissage de l’âge adulte, porté par des chansons entraînantes (dont la fameuse Il en faut peu pour être heureux, nommée aux Oscars) et la faculté des animaux à communiquer avec Mowgli sans aucune difficulté.
Taram et le Chaudron magique (1985)
C’est avec l’échec de Taram et le Chaudron magique, réhabilité depuis, que l’hégémonie Disney sur le monde de l’animation, a connu sa première zone d’ombre. Inspiré des Chroniques de Prydain de Lloyd Chudley Alexander, le film lorgne du côté de l’heroic fantasy façon Tolkien, mais se trompe de cible. Sombre, pessimiste (on y voit le suicide d’un de ses héros, Gurki), effrayant (le Seigneur des Ténèbres ne fait pas dans la dentelle), Taram et le Chaudron magique occupe une place à part dans la filmographie Disney. Par sa beauté, mais surtout par l’ampleur de son crash commercial qui faillit tout remettre en cause. Heureusement, tout est bien qui finit bien.
La Petite Sirène (1989)
L’heure de la renaissance a sonné pour les studios Disney, grâce au succès international de La Petite Sirène, fer de lance d’une nouvelle ère de gloire dans les années 1990. Cette adaptation édulcorée du cruel conte de Hans Christian Andersen, qui narre la romance entre la sirène Ariel rêvant de devenir femme et d’un beau prince, a été un véritable raz-de-marée. Les animations aquatiques sublimes, ainsi que la musique et les chansons d’Alan Menken (qui a remporté deux Oscars pour l’occasion), ont fait du film un classique instantané. Sa version live le sera-t-elle à son tour dans quelques années ?
La Belle et la Bête (1991)
Entre comédie musicale et film fantastique, La Belle et la Bête reprend la trame du conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont et quelques idées issues de l’adaptation poétique de Jean Cocteau en 1946. Hymne à la tolérance, il prouve que le physique ne fait pas tout dans les choses de l’amour. Le film a offert deux nouveaux Oscars musicaux à Alan Menken et sa version live de 2015 avec Emma Watson a dépassé, quant à elle, le milliard de dollars de recettes à travers le monde.
Aladdin (1992)
Pour leur 40e long-métrage d’animation, les studios Disney proposent un vent d’exotisme. Aladdin est inspiré du conte perse Aladin ou la Lampe merveilleuse et son personnage principal emprunte les traits de Tom Cruise. Le génie, de son côté, est doublé par un Robin Williams très en forme et en verve, tandis que le roi de la BO qui swingue Alan Menken est de retour (et obtient à nouveau deux Oscars). Le dessin animé s’est même offert le luxe d’être le roi du box-office américain de l’année 2012, avec plus de 217 millions de dollars. Mieux qu’une caverne tout en or !
Le Roi lion (1994)
Si les chansons des films Disney deviennent souvent de gros tubes, il est une bande originale qui a elle seule vaut autant que le film qu’elle illustre. Les titres du Roi lion, composés par Elton John, font partie intégrante de l’immense succès du dessin animé (près d’un milliard de dollars de recettes à l’époque, un record et 10 millions d’entrées en France). Adaptation animalière dans la savane de Hamlet de Shakespeare, Le Roi lion est un condensé d’émotions intenses, entre mort du père, résilience, vengeance et initiation. Sa version live de 2019 a également dépassé le milliard de dollars. Hakuna Matata !
Lilo et Stitch (2002)
Lilo et Stitch fait figure d’ovni dans la filmographie Disney. Entre comédie et science-fiction, le film verse dans un humour noir irrévérencieux totalement assumé. Il met en avant un petit extraterrestre belliqueux à la Gremlins, devenant le meilleur ami d’une petite Hawaïenne turbulente et insolente. Les deux vont faire la paire pour empêcher Stitch d’être ramené de force sur sa planète d’origine. Un succès-surprise pour l’un des films les plus drôles de la firme.
La Reine des neiges (2013)
Après Raiponce qui a relancé les studios Disney au sommet du box-office international, La Reine des neiges s’apprête à son tour à tout fracasser. Le conte d’Andersen y est librement adapté, à travers l’histoire d’amour sororale entre Anna et Elsa, cette dernière s’étant retirée de tout pour cause de pouvoirs transformant ce qu’elle touche en glace. La Reine des neiges a remporté l’Oscar du meilleur film d’animation et son tube entêtant Libérée, délivrée, celui de la meilleure chanson. Si le film a dépassé les 1,2 milliard de dollars de recettes, sa suite, La Reine des neiges 2, a fait encore mieux avec près d’1,5 milliard.
Vaiana : La Légende du bout du monde (2016)
Suivant l’exemple d’autres héroïnes indépendantes (Pocahontas, Mulan ou Mérida de Rebelle), Vaiana : La Légende du bout du monde déconstruit le mythe de la princesse en détresse. Ici, Vaiana refuse de suivre son destin tout tracé de future cheffe de son île, pour partir à la découverte du monde. Elle fait équipe malgré elle avec le demi-dieu Maui (ayant la voix et les pectoraux de Dwayne Johnson) et chérit vaillamment son indépendance, sur des musiques entraînantes de Lin-Manuel Miranda, prodige de Broadway.
Encanto : La Fantastique Famille Madrigal (2021)
Comme Lilo et Stitch ou le polar Zootopie avant lui, Encanto : La Fantastique Famille Madrigal ne suit aucunement les traces de ses aînés. Ici, point d’antagonistes, on suit simplement les aventures fantastiques d’une famille colombienne, dont chaque membre reçoit un don offert par une lumière magique qui protège leur maison. Sauf l’héroïne, Mirabel qui tente de comprendre pourquoi. Une quête de soi qui lui a porté chance, puisque Encanto a remporté l’Oscar du meilleur film d’animation.