Chaque film de Christopher Nolan est attendu autant par ses admirateurs inconditionnels que par la critique, toujours avide de disséquer son dernier chef-d’œuvre en date, oscillant entre grandiloquence et intimité. Ce sera encore le cas de son dernier long, Oppenheimer, dans les salles ce 19 juillet, qui risque d’atomiser la concurrence.
Memento (2000)
Après un premier film devenu culte depuis, Following, le suiveur, le Britannique Christopher Nolan passe de jeune pousse à suivre à réalisateur reconnu, grâce à son second, Memento, au concept redoutable. Un homme amnésique recherche le meurtrier de sa femme, le tout, dans une double chronologie : inversée en couleur et normale en noir et blanc. Une distorsion du temps qui sera la marque de fabrique de Nolan et dont la maîtrise va lui offrir son passeport pour la postérité.
Batman Begins (2005)
Le succès international de Memento (et celui, moindre, d’Insomnia, sorti en 2002), va conduire Christopher Nolan à réaliser son premier blockbuster, et pas n’importe lequel : un reboot de la franchise Batman, à sa manière. Exit les délires psychédéliques de Joel Schumacher. Nolan est chargé de redonner de sa superbe au super-héros masqué. Batman Begins, premier volet d’une trilogie en cas de succès, retrace toute la montée en puissance de l’Homme chauve-souris et sa traque de la pègre de Gotham City. Batman prend les traits et les muscles de Christian Bale, assisté de Michael Caine, futur acteur fétiche du réalisateur. Avec plus de 200 millions de dollars de recettes récoltés aux États-Unis, les suites sont aussitôt commandées.
Le Prestige (2006)
Deux prestidigitateurs que tout oppose, vont s’affronter dans le Londres du XIXe siècle au péril de leurs vies. Entre deux Batman, Nolan s’offre avec Le Prestige, un casting de stars (Christian Bale, Hugh Jackman, Scarlett Johansson, David Bowie…) pour un « petit » film aux ressorts machiavéliques, où personnages réels comme Nikola Tesla et effets spéciaux impressionnants, cohabitent dans des décors majestueux. Le thriller, à la narration alambiquée, ne fera pourtant guère d’étincelles au box-office.
The Dark Knight : Le Chevalier noir (2008)
Christian Bale revêt de nouveau la panoplie de Batman pour The Dark Knight : Le Chevalier noir, considéré comme l’un des meilleurs films de super-héros à ce jour. Ambiance poisseuse, dramaturgie délétère, morceaux de bravoure constants sous une musique tonitruante de Hans Zimmer, le film est surtout hanté par la prestation ultime, dans tous les sens du terme, de Heath Ledger en Joker charismatique. Le comédien sera récompensé à titre posthume de l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle et le film dépassera le milliard de dollars de recettes dans le monde entier.
Inception (2010)
Toupie or not toupie, telle n’est pas la seule question. Après The Dark Knight, Nolan ne s’endort pas sur ses lauriers et propose avec Inception, l’un des plus grands films de science-fiction de son époque. Mais encore faut-il avoir le cerveau bien accroché : des voleurs pénètrent dans les rêves de leurs cibles, pour subtiliser des informations qui y sont stockées. À condition de ne pas y rester coincé et ne pas perdre le sens des réalités. Sorte d’Ocean’s Eleven version sérieuse et tourmentée, Inception a été récompensé de quatre Oscars et réunit une distribution… de rêve, forcément : Leonardo DiCaprio, Joseph Gordon-Levitt, Elliot Page, Marion Cotillard, Tom Hardy ou Cillian Murphy.
The Dark Knight Rises (2012)
Après The Dark Knight, difficile de faire mieux. Pourtant, Nolan réunit pour sa suite, tous les ingrédients indispensables : des scènes encore plus spectaculaires, un méchant mutique (Tom Hardy, transformé en montagne de muscles), une femme fatale (Marion Cotillard), une Catwoman badass (Anne Hathaway) et un Batman qui ne craint pas de défier la mort. The Dark Knight Rises clôt avec majesté la trilogie de l’Homme chauve-souris, sans toutefois remporter les galons de culte du volet précédent.
Interstellar (2014)
Après Gotham City, Nolan gagne les cieux. Interstellar est l’incarnation de toutes ses obsessions : la conception de la moralité, la distorsion de l’espace et du temps, la quête de l’identité. Film de science-fiction métaphysique, il retrace l’exploration d’un nouveau système stellaire pour que l’Homme puisse s’établir sur une nouvelle planète habitable. Au prix de perdre tout ce qu’il a construit alors. Matthew McConaughey, Matt Damon, Jessica Chastain et Anne Hathaway embarquent à bord de cette aventure intergalactique et désenchantée et vont bouleverser le monde entier.
Dunkerque (2017)
Peut-on parler de l’opération Dynamo qui se tint à Dunkerque en mai 1940 sous le prisme de trois temporalités différentes ? Oui, d’après Christopher Nolan qui fait le pari d’un film de guerre efficace réunissant son goût pour l’intime et le spectaculaire. Tom Hardy, Harry Styles, Kenneth Branagh et Cillian Murphy revêtent l’uniforme anglais avec succès, puisque Dunkerque a dépassé les 500 millions de dollars de recettes à l’international et reçoit trois Oscars au passage.
Tenet (2020)
Au sortir de la crise du Covid, Tenet de Nolan était censé être le film qui allait ramener les foules dans les cinémas. Le pari fut à moitié réussi. Thriller à la fois d’espionnage et de science-fiction avec sauts dans le temps autant dans le futur que le passé, Tenet est aussi complexe (trop ?) que passionnant. Il réunit John David Washington, Robert Pattinson et Kenneth Branagh et ne dépasse « que » les 350 millions de dollars de recettes, loin des scores précédents du réalisateur. Il reste toutefois l’un de ses films les plus ambitieux à ce jour.
Oppenheimer (2023)
C’est sans doute le film le plus attendu de cet été 2023. Par son sujet (un biopic de celui que l’on considère comme le père de la bombe atomique), son casting mille étoiles (de Cillian Murphy à Robert Downey Jr. en passant par Matt Damon, Florence Pugh et Emily Blunt), sa durée fleuve (trois heures) et son alternance entre couleur et images noir et blanc tournées en IMAX. Oppenheimer promet d’être la quintessence du cinéma de Christopher Nolan. On a plus que hâte.
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