« Rien n’est plus doux, rien ne donne à la peau une sensation plus délicate, plus raffinée, plus rare que la robe tiède et vibrante d’un chat. » disait Maupassant. La France compte près de 15 millions de chats. À l’occasion de la journée mondiale des chats, parcourons un peu le monde des arts et voyons comme cette boule de poils à 4 pattes a inspiré les artistes. Commençons par les écrivains dont l’image du chat allongé sur le bureau de l’artiste (ou pas loin) est particulièrement prégnante.
Savez-vous pourquoi les chats sont-ils aussi présents dans la vie des écrivains ? Pour une raison toute simple, le chat, grand chasseur, éliminait les individus indésirables (rats, souris) capables de grignoter les feuilles de papier des œuvres en création. Imaginez-vous si Chanoine ou Mouche (chats de Victor Hugo) n’avaient pas été là, peut-être pas de Notre Dame de Paris ou Les misérables. Les chats étaient en quelque sorte les gardiens de chefs d’œuvre en genèse.
Enormément d’écrivains ont été inspirés par leurs chats. Inutile donc de vous dire que vous trouverez ici seulement quelques écrivains, des écrivains emblématiques pour leur passion pour les chats et des écrivains ayant inventé des personnages chat, devenus célèbres. Le chat prend le pouvoir et s’étire pleinement sur les pages de de poèmes, de romans…
Le chat en poésie et littérature
Les Fables de Jean de la Fontaine
Commençons par le roi des Fables, j’ai nommé Jean De La Fontaine. Le principe : utiliser des animaux pour exprimer une opinion, dénoncer. Distrayant la fable est bien plus que cela, l’ironie en est le coeur. Plusieurs fables ont un chat dans leurs personnages. Le chat est fourbe et voleur dans Le singe et le chat, vicieux dans Le Chat et le rat. Pas très reluisante cette image. Prenons Le chat, la belette et le petit lapin par exemple. Le lapin et la belette sont en conflit. Ils se présentent donc devant un juge représenté par un chat. Ce dernier profitant de sa supériorité les mange. Le chat ici représente le Roi dans toute sa splendeur et son autorité, abus d’autorité surtout. C’est la corruption de la justice qui est aussi dénoncée. Le chat, chez Jean De La Fontaine, n’a donc une image pas très positive ; tout le contraire de Baudelaire.
Les Fleurs du Mal de Charles Beaudelaire
En effet du côté des poètes, Charles Baudelaire. est celui qui a le mieux exprimé son amour des chats. Baudelaire et les chats, c’est une grande histoire d’amour. Une seule histoire d’amour d’ailleurs qui se nomme Tibère. Même si le chat n’apparaît que dans les Fleurs du Mal, comprendre le rapport de Baudelaire au chat permet de comprendre bien plus qu’un rapport d’homme à animal. Le chat est souvent la femme idéalisée, source de volupté, de désirs mais aussi être insaisissable, libre, sauvage. De temps en temps, Baudelaire se plairait à être un chat pour se lover auprès de la femme aimée. Le chat chez Baudelaire est charnel, sensuel, indiciblement indépendant, affranchi.
Dialogue de Bêtes et La Chatte de Colette
Comment ne pas parler des chats et des écrivains sans parler de Colette ? Cette grande dame de la littérature française fait une part belle aux chats dans son œuvre. Colette aime les animaux et les chats en particulier pour qui elle voue une fascination et ce depuis sa tendre enfance. Sa 1ère chatte, Francette, apparait dans un roman de Claudine (Claudine en ménage). C’est surtout dans Dialogues de bêtes et La chatte que la race féline y a un rôle majeur. Dans Dialogue de bêtes, Colette se plaît à faire dialoguer un chat (Kiki la doucette) et un chien (Toby chien). Chez Colette, les animaux parlent. Dans leurs conversations, Kiki et Toby parlent de leurs maîtres et insidieusement Colette laisse entrevoir comment elle perçoit les caractères des deux animaux, l’un se prenant pour une race noble, libre, … Je vous laisse deviner qui. Dans La chatte, Saha se place au cœur d’un triangle amoureux. La femme (Camille) doit combattre le pouvoir de séduction que Saha exerce sur l’homme (Alain). Qui gagne à la fin ? Saha, bien sûr.
Les chats du hasard d’Anny Duperey
Comme Colette, Anny Duperey, voue une affection aux animaux de toutes sortes, à poils, à plumes, … Les chats tiennent une place importante dans sa vie. C’est dans son roman Les chats du hasard, qu’Anny Duperey en parle le plus.
» Titi a choisi de vivre avec moi. C’est un petit chat gris, à la tête ronde, au regard doré et au poil court et laineux. Avec lui, je m’abandonne, sans peur, ni jeu ni séduction. Il est le premier de mes chats de hasard. «
On connaît peut-être plus la comédienne qu’est Anny Duperey mais la plume de cette autre grande dame est à l’image de la caresse d’un chat, douce, épurée et bercée par beaucoup d’amour. Dans cet ouvrage, Anny Duperey, qui a perdu ses parents alors qu’elle était encore jeune, montre comment la présence animale peut permettre, à l’enfant qu’elle a été et la femme qu’elle est devenue, de recouvrer de l’apaisement, affronter la vie, ses orages avec beaucoup de résilience. Si vous voulez comprendre pourquoi certains êtres accordent une place importante à leurs boules de poils à 4 pattes et sont essentiels à leur équilibre, lisez ce livre.
Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler de Luis Sepulveda
Si vous voulez prolonger l’aventure avec une belle histoire poétique, lisez Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler de Luis Sepulveda. L’histoire est simple, enfin presque. Une mouette prise dans une marée noire au large des côtes européennes réussit à atterrir sur un balcon et donner à un chat (Zorbas) ses dernières volontés : ne pas manger son unique œuf, veiller sur lui jusqu’à ce qu’il éclose et lui enseigne à voler. L’aventure peut commencer. Avec toute une floppée d’amis, Zorbas s’attèle à tenir ses promesses. À travers cette aventure aussi folle que belle, Sepulveda avec toute son humanité nous parle de solidarité, de tendresse, d’écologie. De 7 à 77 ans.
Le monde selon Nala de Dean Nicholson
Des livres sur des histoires incroyables de chats, il en existe beaucoup. On pourrait les comparer à ces livres feel good qui ont éclos ces dernières années sur les présentoirs des librairies. Parmi la pléthore de références, je n’en retiens qu’une : Le monde selon Nala de Dean Nicholson. Dean, un écossais à la barbe bien fournie et l’allure de colosse décide de faire un tour du monde à vélo. Non loin de la frontière entre la Bosnie et le Monténégro, des miaulements l’attirent. Ce sont ceux d’une petite chatte. Ni une, ni deux, Dean l’embarque avec lui. Ce qu’il ne savait pas c’est que Nala (nom donné en référence au Roi Lion) allait complétement changer son tour du monde et sa vie. Cette histoire fait le tour de la planète et ce duo, insolite et attachant, devient célèbre. La médiatisation de cette histoire, comme ce livre, sert une bonne cause puisque Dean reverse les bénéfices à diverses associations oeuvrant à protéger animaux et écosystèmes. Puisque je vous avais dit que cette histoire allait vous faire du bien …
Les mémoires d’un chat de Hiro Arikawa
Entre road-movie et histoire d’amitié, Les mémoires d’un chat est un roman qui ne laisse pas indifférent tant par sa profondeur que son humour. Ce roman, c’est l’histoire d’une rencontre, celle d’un chat de gouttière d’un parking d’immeuble de Tokyo et de Satoru qui le prend sous son aile après que le chat ait été percuté par une voiture. Laissant sa farouche liberté de côté contre la chaleur humaine de Satoru, Nana, ce chat au franc-parler va tisser des liens avec cet humain et inversement. C’est sans compter sur les aléas de la vie et l’obligation pour Satoru de se séparer du chat. Désireux d’offrir le maître idéal parmi ses amis, les deux compères parcourent le Japon, permettant à Nana de mieux connaître son maître et nous, la société japonaise. Cette histoire nous montre combien les liens entre l’humain et l’animal peuvent être forts. Vous trouverez dans Les mémoires d’un chat de Hiro Arikawa, une douceur et une chaleur égales à la robe d’un chat.
Le chat qui jetait des peaux de banane de Lilian Jackson Braun
Des chats dans les romans policiers, il en rôde quelques-uns. Ceux de Jim Qwilleran, sous la plume de Lilian Jackson Braun, sont ceux que j’ai retenu. Lilian Jackson Brown, a d’abord publié ses nouvelles félines dans Ellery Queen’s Mysteries, avant d’atterrir dans les librairies. C’est en 1966 que naît la première intrigue de cette série policière. Après une interruption jusqu’en 1986, cette série reprend vie et est couronnée de succès jusqu’à aujourd’hui. Jim Qwilleran est un journaliste et alcoolique repenti. Koko (le mâle), un de ses deux chats siamois est doté de paires de vibrisses supplémentaires qui lui permettent d’avoir des facultés particulières comme pousser des hurlements lorsqu’une connaissance de son maître est assassinée ou faire tomber un livre des étagères de la bibliothèque dont le titre est censé aider Qwilleran à résoudre les affaires criminelles en cours. Ce duo de choc n’a pas son pareil pour résoudre les énigmes et ce chat, extrêmement fin limier pour déjouer les meurtriers. Le tome 27, Le chat qui jetait des peaux de banane (« The Cat Who Went Bananas »), a reçu en 2005 le prix de la Fondation 30 millions d’amis (Goncourt des animaux).
Bernard Werber
On connaissait les fourmis de ce romancier à succès Bernard Werber. Dans une trilogie commencée en 2016, c’est aux chats qu’il s’intéresse. Dans ses romans d’anticipation, Werber regarde le monde à travers l’œil d’un chat ou plutôt d’une chatte Bastet. Même si elle se croit supérieure aux êtres humains, cette chatte ne les comprend pas et surtout ne saisit pas le fracas qui secoue le monde. Sa rencontre, avec Phytagore, un chat plus instruit à cause d’un 3ème œil inséré par sa maîtresse, lui permet d’accéder à une connaissance nouvelle. Devant le chaos qui se trame devant leurs yeux et la prolifération de rats dans Paris, ces 2 félins réussissent à monter une armée faite de chats et d’humains. C’est à sauver le monde et créer une autre civilisation (dont elle sera la reine évidement) que s’emploie Bastet tout au long de ces 3 volumes car pour elle, le monde ne survivra que grâce aux chats.
L’école des chats de Kim Jin-Kyeong
C’est à la suite de la perte du chat de la famille que Kim Jin-Kyeong a l’idée d’écrire L’école des chats pour ses deux filles éplorées par cette disparition. Cette école ne ressemble à aucune école. D’abord parce qu’il s’agit d’une école de chats. Et puis dans cette école, il est interdit de ne pas jouer pendant les cours. On y apprend l’histoire des chats mais aussi et surtout la magie. Brin d’Osier, nouvelle venue dans l’école, rencontre Mandragore (matou musclé) et Mot d’Amour (une chatte espiègle). Ces félins sont, tous 3, intrigués par une grotte où se cache Chat Noir (comme par hasard), le roi des chats-ombres, ce roi qui veut engloutir le monde dans les ténèbres. Ils décident donc de pénétrer, malgré la peur, dans cette grotte qui fait froid dans le dos. L’aventure peut commencer … Cette version féline d’Harry Potter a tout pour séduire : des gentils et des méchants, des rebondissements, des intrigues.
La Guerre des clans d’Erin Hunter
Dans le même genre mais en plus complexe, La guerre des clans est une collection de livres qui nous plonge dans le milieu de la fantasy pour les jeunes avec des chats comme personnages. Ces chats sauvages forment des clans, de nombreux clans. Comme dans toute intrigue, il y est question de conflits, de vengeance, d’amours impossible. A l’origine, il devait s’agir d’un unique roman mais Victoria Holmes et Kate Cary ont eu suffisamment de matière pour écrire plusieurs livres et l’éditeur (Harper Collins) a créé une série en six volumes. La forêt fictive du roman est inspirée de New Forest située autour du Loch Lomond, de la forêt de Dean et des Highlands, un décor très écossais, brumeux, propice à la fantasy et au mystère entourant ces clans et ces chats sauvages. Cette série littéraire écrite à plusieurs mains par Erin Hunter, pseudonyme de Kate Cary, Cherith Baldry, Victoria Holmes, Tui Sutherland, Gillian Philip, Inbali Iserles, a conquis des millions de lecteurs à travers le monde (3 millions rien qu’en France). On devient vite accro pour peu bien sûr qu’aime l’univers de la fantasy et les chats.
Pour aller plus loin dans votre flânerie
Si vous voulez aller plus loin, je vous conseille le Dictionnaire amoureux des chats. « Je me suis efforcé de n’oublier aucun des livres que j’ai aimés et où les chats ont joué un rôle à mes yeux prépondérant. Cinéphile, j’ai resongé bien sûr aux films où les matous jouaient les stars ou les rôles de composition… Mais n’insistons pas ! J’aimerais que le lecteur ouvre, s’il le désire, ce livre un peu au hasard, pour aller de surprises en surprises, de portraits en anecdotes. Qu’il soit complice en somme de cette promenade dans un domaine qui relève aussi de la plus haute civilisation – car l’homme, en un sens, s’est vraiment civilisé quand il a accepté le chat à ses côtés, tel un libre compagnon, un associé, et non pas un animal domestique ou domestiqué, ce que celui-ci n’a jamais voulu être… » dixit l’auteur.
Stéphanie Chaptal et Claire-France Thévenon, elles, se sont attachées à faire un portrait des Chats dans la pop culture. A la fois instructif et agréable à feuilleter et lire, cet ouvrage vous permettra d’aller plus loin que nous dans ce domaine. Construit par thématique, par personnage ou auteur, ce livre est ce qu’il se fait de mieux sur ce sujet.
À Freddie, Anaïs, Sydney, Enola et Jodie…
À Alexandra, Cindy et Victoria, des vétérinaires formidables