Le piano a 300 ans et a été exploité sous toutes ses formes. Il est devenu très difficile de réinventer cet instrument et d’en faire quelque chose qui n’a pas déjà été fait. C’est ce que soulignait Alban Claudin à la sortie de son premier album. Les 3 pianistes ci-dessous ne réinventent pas le piano mais font de cet instrument quelque chose à leur image. Passionnés de musiques : ils ont un pied dans le classique, la pop ou le rap. Découvrez 3 artistes singuliers dans leur domaine.
Sofiane Pamart et le monde du rap
C’est sans doute le plus connus des trois pianistes. Je connaissais bien sûr son nom mais je n’ai vraiment découvert cet artiste que lors de sa collaboration extraordinaire avec Arno en 2021. C’est de cette manière que l’on voit le talent d’un artiste, à sa manière de collaborer avec un artiste avec lequel il a, à priori, rien à voir. Sur cet album, Sofiane Pamart s’est mis au service des chansons d’Arno, les mettant en valeur d’une manière très intime. Ce travail magnifique permet d’entendre Arno de faire éclore toute l’essence émotionnelle de l’art de ce belge.
Originaire du Nord, Sofiane Pamart a très vite posé les mains sur un piano. Sa mère désirant que ses enfants sachent faire de la musique, il rentre au conservatoire à 7 ans. Il y étudie la musique classique sous toutes ses coutures pendant 16 ans, obtenant, à 23 ans, la médaille d’or. En plus, il fait des études en musicologie. Ses maîtres sont Chopin, Ravel et Debussy qu’il trouve très inspirants. Le pianiste Henri Barda fait partie de ses nombreuses influences.
En plus de ses albums personnels (deux au compteur à ce jour, Planet Gold (2020) et Letter (2022), Sofiane Pamart est connu et reconnu pour ses collaborations nombreuses avec des rappeurs dont il a fait des versions instrumentales de leurs titres : Laylow, Vald, Zola, Hugo TSR, Scylla, Dinos, Koba LaD, … pour n’en citer que quelques-uns. Il a aussi participé, comme énoncé en début, à l’album d’Arno Vivre où ce dernier reprend accompagné du simple piano de Sofiane quelques-unes de ses principales chansons.
Sa dernière collaboration est avec YG Pablo (2023). Ce qui devait être une collaboration minime est devenue celle de tout un album, Diamond tears, tant l’entente a plus que fonctionné. C’est ce qui se ressent sur l’album, enregistré en 6 jours à peine.
Premier pianiste à avoir rempli l’Accor Arena, Sofiane Pamart est l’homme des superlatifs, pas étonnant donc que l’on présente sa musique ainsi » ténébreuse et poétique, sa musique incarne une justesse émotionnelle qui permet de toucher un public très large : de la grande œuvre accessible à tous ». (Présentation lors de ses concerts à la salle Pleyel en 2022)
Est-ce la peine d’en rajouter ? Je ne crois pas. Cet artiste est à suivre car abattant toutes les frontières musicales tant néfaste à la création artistique, il est évident que Sofiane Pamart et son piano vont encore nous surprendre.
Riopy, l’autodidacte
C’est grâce à un reportage que j’ai découvert, il y a un an Riopy et son parcours assez incroyable. Contrairement à Sofiane Pamart, Riopy est complétement autodidacte. Pas de conservatoire pour lui qui grandit avec sa famille dans une secte. C’est sur un piano abandonné qu’il apprend à jouer. Son truc à lui, c’est le rythme. Ses compositions sont donc assez instinctives en l’absence de bases techniques.
Sa carrière est faite de rencontres : avec Michael Freeman (photographe-journaliste anglais) qui l’introduit à Oxford, Chris Martin de Coldplay qui lui offre son premier piano personnel. Vite remarqué pour sa singularité dans le monde de la musique classique, Riopy devient vite reconnu jouant dans des salles prestigieuses comme le Royal Opera House de Londres, la Villa Reale à Milan.
En quatre albums (Riopy en 2018, Tree of light en 2019, Bliss en 2021 et Extended bliss en 2022), Riopy s’est imposé comme une figure majeure du piano actuel. Son deuxième album entre même au Billboard américain (n°1 des albums classiques en 2022).
En plus de ses albums, il a aussi une carrière que l’on pourrait appeler transverse composant aussi pour de nombreuses publicités (Ikéa, Mercedes-Benz, Armani ou Peugeot 508 où on peut l’apercevoir au volant et écrivant en direct la partition), des films (Danish girl, La forme de l’eau), des documentaires (Kodiak Queen de Richard Bronson).
Sa notoriété et son talent l’ont amené à attirer l’attention d’autres artistes comme Lana Del Rey. Elle le contacte pour utiliser Flo de l’album Tree of light pour son titre Grandfather please stand on the shoulders of my father while he’s deep-sea fishing.
Très sensible à l’éducation musicale, il collabore à Restore the Music UK, une association caritative qui soutient financièrement l’éducation musicale dans les écoles d’élèves en situation précaire.
Enfin, adepte de la méditation et curieux dans le domaine des neurosciences, il a composé un morceau de 22 minutes MED66. Il a par ailleurs accordé son piano à 432 hertz, fréquence aidant à la relaxation des ondes cérébrales.
Bref, ce musicien n’a qu’une idée en tête, une musique profonde et légère visant à apaiser les corps, les esprits et les cœurs. Un beau programme auquel Riopy vous invite, sans artifices. C’est la pureté d’un tel engagement qui assure la beauté de la musique instinctive de Riopy.
Alban Claudin et l’élégance britpop
Je ne vais pas vous mentir, Alban Claudin est mon préféré des 3 pianistes. J’en avais déjà parlé au moment de la sortie de son 1er album. Malgré sa jeunesse, l’artiste a déjà de la bouteille et des années d’expérience. Le piano, il l’explore à 5 ans. Après des années de conservatoire dont il ressort diplômé, il multiplie les projets (courts-métrages, documentaires, musiques de films dont le dernier film Amore mio de Guillaume Gouix). Idem pour ses collaborations : Yelle, Voyou, Adrien Gallo, Esther Abrami et surtout Clara Luciani avec qui il travaille depuis les tout débuts de la demoiselle.
Ses maîtres se nomment Bartok, Ravel, Tiersen ou Satie et le jeune homme a un goût pour la poésie (Baudelaire, Verlaine, …).
Son 1er album, aux 20 millions d’écoutes sur les plateformes, est une véritable ode à la rêverie, la contemplation, la quête du bonheur. Ces plus que quelques notes de musiques (jouées par des doigts habiles et gracieux) sont autant de petites lucioles qui illuminent l’âme et le cœur de celui ou celle qui aura osé l’expérience et saura se laisser bercer par les compositions de cet artiste.
Il a, par ailleurs, travaillé avec des marques de luxe comme Vuitton, Van Cleefs & arpels, Chanel, …
Il est invité quelquefois à faire des interprétations de morceaux, notamment classique. C’est ainsi qu’il a repris, Clair de lune de Debussy. Il a aussi réinterprété Bells de Goldmoon. Il a découvert l’artiste via son éditeur. Le titre lui a « tout de suite procuré une impression de puissance et de beauté. J’ai ressenti comme un réconfort en l’écoutant et j’ai voulu proposer ma propre version. J’utilise pour la première fois des voix dans ma musique, un dialogue entre des choeurs féminins et masculins, une expérience d’écriture qui me semble s’inscrire naturellement dans l’évolution de mon travail de compositeur.«
Alors que son 1er album (It’s a long way to happiness) était influencé par la nature, son 2ème album (Room of reflection), à venir le 8 septembre, est centré sur le soi intérieur, l’intime. Toujours en quête du bonheur, l’homme cherche de plus en plus à trouver sa place dans un monde où fourmillent images, opinions de tous genres. Comment prendre du recul face à tout cela, c’est ce que propose Alban avec simplicité et somptuosité.
Prenez le temps de découvrir cet artiste, vous allez fondre de bonheur. Parole de disquaire passionnée.