Isabelle Huppert tourne plusieurs films chaque année. Son petit dernier, À propos de Joan, sera sur nos écrans le 14 septembre. Elle bénéficie d’une reconnaissance internationale et chacune de ses prestations est une leçon de jeu. À l’image de ces quelques rôles qui prouvent, si besoin en était, qu’Isabelle est vraiment (s’)Huppert.
Les Soeurs Brontë (1979)
Révélée en 1974 dans Les Valseuses, Isabelle Huppert devient très rapidement la nouvelle actrice qui monte. À l’image d’Isabelle Adjani avec laquelle elle tourne Les Soeurs Brontë d’André Téchiné. Accompagnées de Marie-France Pisier, les deux futures stars rivalisent de charisme et finiront par ne plus s’entendre dans la vie réelle. En demeurent trois prestations incandescentes en sœurs et écrivains à qui l’on doit quelques-uns des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature anglaise.
La Porte du Paradis (1980)
Premier pas vers une carrière internationale pour Isabelle Huppert, et quel premier pas ! Dans La Porte du Paradis de Michael Cimino, film maudit devenu culte avec le temps, elle joue en anglais le rôle d’une tenancière de maison close en plein Far West. Elle donne la réplique à des stars telles que John Hurt, Christopher Walken ou Jeff Bridges. Depuis, elle jouera régulièrement de l’autre côté de l’Atlantique et a été élue Meilleure actrice du XXIe siècle par le New York Times.
Loulou (1980)
Nelly s’ennuie avec son mari. Elle, ce qu’elle veut, c’est vivre le grand frisson et des aventures plus palpitantes que la routine qui s’instaure. Elle rencontre Loulou dont elle va follement tomber amoureuse, à ses dépens. Isabelle Huppert et Gérard Depardieu deviennent un couple emblématique de cinéma pour Loulou de Maurice Pialat. Ils se retrouveront plusieurs décennies plus tard dans Valley of Love en couple séparé et endeuillé.
Coup de torchon (1981)
Entre polar et comédie noire, Coup de torchon de Bertrand Tavernier nous plonge dans l’Afrique-Occidentale française pré-Seconde Guerre mondiale, avec Philippe Noiret, Jean-Pierre Marielle et une Isabelle Huppert fantasque, aux mœurs légères et prête à se débarrasser définitivement de son mari encombrant sans aucun remord. Après avoir enchaîné plusieurs drames, Coup de torchon est un vent de fraîcheur pour l’actrice qui prouve qu’elle est capable autant de faire rire que pleurer. Et ce, dans le même plan.
La Cérémonie (1995)
Difficile à croire, mais vrai : il aura fallu attendre La Cérémonie pour qu’Isabelle Huppert obtienne enfin un César de la meilleure actrice après des nominations pléthoriques. Égérie de Claude Chabrol pour lequel elle a tourné quelques-uns de ses meilleurs films (Violette Nozière, Une affaire de femmes, Madame Bovary…), Huppert est divine en postière meurtrière, ravie d’occire des bourgeois en compagnie de Sandrine Bonnaire.
La Pianiste (2001)
Isabelle Huppert est l’une des rares actrices à avoir réussi ce doublé : deux prix d’interprétation à Cannes. Le premier était en 1978 pour Violette Nozière et le second, en 2001 pour La Pianiste de Michael Haneke. Sans doute son rôle le plus fort à ce jour. Elle y interprète une professeure de piano froide, méprisante et s’adonnant à l’automutilation, qui va s’éprendre de son nouvel élève, Benoît Magimel. S’ensuivra une passion destructrice et mortifère. Un film à la beauté clinique.
8 femmes (2002)
Coup de génie pour François Ozon que de réunir dans 8 femmes quelques-unes des plus grandes actrices françaises : Catherine Deneuve, Fanny Ardant, Emmanuelle Béart, Danielle Darrieux et évidemment, Isabelle Huppert. En vieille fille aigrie à la mine pincée et chantant avec émotion Message personnel de Michel Berger, elle en éclipserait presque ses partenaires prestigieuses. Un succès autant public que critique, avec plus de sept millions d’entrées dans toute l’Europe.
Elle (2016)
Pluie de récompenses prestigieuses pour Isabelle Huppert avec ce rôle de femme violée et vengeresse. Grâce à Elle de Paul Verhoeven, elle reçoit son second César, un Golden Globes de la meilleure actrice dans un film dramatique et une nomination aux Oscars. Il faut dire qu’elle se donne sans compter dans l’un de ses personnages les plus vénéneux et ambigus, entre jouissance et souffrance, colère rentrée et désir d’exulter. Une performance éblouissante.
Les Promesses (2022)
Isabelle Huppert en femme de poigne et de pouvoir incapable de lâcher prise, c’est dans Les Promesses de Thomas Kruithof. Elle incarne une maire de banlieue parisienne acceptant de ne pas faire le mandat de trop, avant de se raviser et de repartir en croisade pour la prochaine élection. L’actrice oscille entre lâcher-prise et détermination, face à un Reda Kateb impérial en directeur de cabinet, à la fois admiratif et dépassé par les événements.
À propos de Joan (2022)
Une femme libre et indépendante voit ressurgir dans sa vie son amour de jeunesse auquel elle a caché qu’ils ont engendré un fils. Elle s’enferme dans ce mensonge et se remémore le fil de sa vie, pas aussi idyllique qu’en apparence. Dans À propos de Joan de Laurent Larivière, Isabelle Huppert se perd dans les méandres d’une romance bouleversante en français et en anglais, qu’elle interprète sur plusieurs décennies. Un de ses rôles les plus beaux et apaisés.
