Sélection

Les meilleurs livres sur le Goulag : témoignages de l’horreur

28 octobre 2022
Par Melanie C.
Les meilleurs livres sur le Goulag : témoignages de l'horreur

L’univers concentrationnaire soviétique a terrorisé des millions de personnes durant cinq décennies. À travers, notamment, la figure d’Alexandre Soljenitsyne, ce thème a investi la littérature, des années 1930 à nos jours, par le biais de la fiction et de témoignages. Tous disent l’horreur de l’aliénation, de la détention et l’espoir en des jours meilleurs. Voici quinze livres sur ce thème.

L’univers concentrationnaire soviétique a terrorisé des millions de personnes durant cinq décennies. À travers, notamment, la figure d’Alexandre Soljenitsyne, ce thème a investi la littérature, des années 1930 à nos jours, par le biais de la fiction et de témoignages.

Tous disent l’horreur de l’aliénation, de la détention et l’espoir en des jours meilleurs. Voici quinze livres sur ce thème.

L-Archipel-des-SolovkiL’Archipel des Solovki – Zakhar Prilepine (2014)

À l’extrémité nord de la Russie se tiennent les îles Solovki où ont été installés les tout premiers camps d’internement du régime soviétique, dès 1921. Auparavant prison tsariste, le monastère originel devient donc une geôle politique, qui accueillera des dizaines de milliers d’opposants pendant dix ans. C’est la naissance du système des goulags que narre l’écrivain contemporain Zakhar Prilepine avec L’Archipel des Solvki. Déjà auteur de livre sur la Tchétchénie, l’Ukraine et la Russie d’aujourd’hui, il nous rappelle, dans ce roman historique, le cadre politique et géographique d’un lieu qui hante encore la mémoire collective.

Ce-qu-ils-n-ont-pas-pu-nous-prendreCe qu’ils n’ont pas pu nous prendre – Ruta Sepetys (2011)

Très étudié au collège, Ce qu’ils n’ont pas pu nous prendre permet d’introduire le sujet de la déportation politique auprès de la jeunesse. Narrant le parcours de Lina, adolescente Lituanienne exilée en Sibérie avec sa famille, ce récit à message nous plonge à la fois dans la réalité concrète du goulag, mais aussi dans la part d’humanité qui n’a jamais quitté nombre des détenus qui y vécurent. L’espoir, l’amour et la lutte contre l’adversité transpirent tout au long de ce « conte ».

L-archipel-d-une-autre-vieL’Archipel d’une autre vie – Andreï Makine (2016)

Vivre dans un goulag peut paraître si insupportable que, malgré l’éloignement géographique, certains détenus ont tenté de s’en échapper. C’est la matière du récit de L’Archipel d’une autre vie, qui narre la poursuite, à travers l’immense territoire de la taïga sibérienne, d’un fugitif par une équipée. À l’univers concentrationnaire des goulags, Andreï Makine oppose la force de la Nature, la solitude des grands espaces. Comme à son habitude, l’auteur de L’Amour humain n’oublie pas d’éclairer des personnages sombres de la lumière incandescente de l’espoir en une vie meilleure.

Deportee-en-Siberie-Prisonniere-de-Staline-et-de-Hitler-t-1Déportée en Sibérie – Margarete Buber-Neumann (1949)

La vie hors du commun de Maragarete Buber-Neumann fait de ses témoignages écrits, notamment Déportée en Sibérie, une leçon sur l’horreur du XXe siècle. Compagne d’un cadre communiste allemand, elle fuit avec lui vers l’URSS. Victime des purges staliniennes, elle est internée de force au Kazakhstan, et doit composer avec les conditions sordides du goulag, qu’elle raconte dans Déportée en Sibérie. Elle sera par la suite livrée aux Nazis et connaîtra les camps de concentration, dont elle narre l’ignominie dans un second volume, Déportée à Ravensbrück.

le+vertige+guinzbourgLe Vertige – Evguénia S. Guinzbourg (1967)

Universitaire arrêtée par la police politique et condamnée à la déportation en Sibérie dans les années 1930, Evguénia S. Guinzbourg a passé vingt ans de sa vie dans un camp. Le Vertige raconte, en deux tomes, son départ forcé et sa vie quotidienne, entre travail harassant, liaison amoureuse et recherche de son premier enfant. Faisant partie des « criminels imaginaires » voués à l’oubli par des décisions de justice arbitraire, cette rescapée des purges staliniennes livre dans ce livre une vision sans détour d’un univers d’une précarité extrême, où le courage physique et mental permet seul de survivre.

Le Fidèle Rouslan –Le-fidele-Rouslan Georgij Nikolaevitch Vladimov (1978)

Passé à l’Ouest dans les années 1980 après avoir été délégué clandestin d’Amnesty International en URSS, Georgij Nikolaevitch Vladimov a livré une vision particulièrement originale du goulag avec Le Fidèle Rouslan. Il y décrit le parcours d’un chien de garde méticuleux, qui doit cependant abandonner sa mission lors de la fermeture du camp de travail. Récit métaphorique sur la notion de liberté et l’aliénation, cet apologue bien mené utilise une approche très philosophique de l’univers concentrationnaire soviétique.

Les-recits-de-la-KolymaRécits de la Kolyma – Varlam Chalamov (1978)

Lu clandestinement en URSS pendant des décennies, Les Récits de la Kolyma de Varlam Chalamov figurent parmi les premiers textes qui évoquent ouvertement le goulag. Recueil de nouvelles d’un réalisme cru, ce livre bouleversant et austère a attiré l’œil du monde entier sur la Kolyma, cette région très à l’Est de la Russie où vinrent travailler de manière forcée des milliers de dissidents et autres innocents condamnés à mourir d’épuisement dans les mines. Un enfer blanc que l’écrivain, lui-même détenu pendant quatorze ans, a détaillé avec une minutie horrifique.

La-Faculte-de-l-inutileLa Faculté de l’inutile – Iouri Dombrovski (1978)

Nommé d’après le quolibet ironique attribué à l’université de droit moscovite à l’époque des procès staliniens, La Faculté de l’inutile s’inspire de la vie même de Iouri Dombrovski. Persécuté par le régime de Staline, il a été balloté au gré des décisions entre le Kazakhstan et la Sibérie, entre goulag et résidence surveillée. En utilisant son alter ego, Zybine, il délivre un récit à clé sur l’injustice profonde de l’URSS des années 1930-1950, et écrit dans une langue directe tout le mécanisme à l’œuvre pour faire plier des « opposants » à la bureaucratie.

Les-services-competentsLes Services compétents – Iegor Gran (2020)

Fils du dissident André Siniavski, Iegor Gran mène depuis une vingtaine d’années une carrière d’écrivain francophone assez cynique, dénonçant toutes les formes d’oppression et de politiquement correct. Dans Les Services compétents, il a souhaité évoquer le KGB, et notamment son rôle dans l’enfermement d’opposants, même après la mort de Staline. Se plongeant dans les archives de l’URSS, mais aussi dans l’histoire de ses deux parents, condamnés au goulag, l’auteur livre un parfait portrait d’une bureaucratie quasi loufoque dans sa rigidité et employant les grands moyens pour maintenir les apparences du régime.

Andre-la-poisseAndré la poisse – André Siniavski (1981)

Après six ans de travaux forcés en URSS, André Siniavski, père d’Iegor Gran, se réfugie en France et écrit André-la-poisse, qui revient, de manière baroque et fantastique, sur son propre parcours. Imaginant un personnage par qui le malheur arrive, l’auteur dépeint en fait la Russie des années 1930 et la chasse systématique à toutes les voix discordantes. Analysant la société russe dans toutes ses dimensions profondes (famille, état, travail, religion), l’écrivain multiplie les références littéraires et historiques au cours de ce bref roman.

Une-saga-moscoviteUne saga moscovite – Vassili Axionov (1994)

Saga familiale couvrant plusieurs décennies, Une saga moscovite nous invite à suivre le parcours des Gradov, une lignée bourgeoise qui se débat dans le système soviétique du règne de Lénine à celui de Staline. La trajectoire des différents personnages de ce microcosme, ainsi que les représentants de l’ordre qu’ils côtoient, notamment des policiers politiques, se transforment rapidement en une gigantesque fresque historique et romanesque, dans les pas de Tolstoï. Le goulag est aussi évoqué à plusieurs occasions, à l’occasion des purges staliniennes qui ont plongé une partie des héros dans la tourmente.

Une-journee-d-Ivan-DeniovitchUne journée d’Ivan Denissovitch – Alexandre Soljenitsyne (1962)

S’il n’a pas été diffusé, à l’époque, dans sa version in extenso, Une journée d’Ivan Denissovitch a eu un grand effet sur la population mondiale. C’est par la plume d’Alexandre Soljenitsyne que l’évocation du « goulag » est devenue un thème littéraire majeur. Comme son titre l’indique, ce roman raconte quelques heures de l’existence d’un « zek », condamné à la détention pour des faits d’espionnage imaginaire.

Le lecteur suit ses pérégrinations, alors qu’il s’est levé malade, dans un camp où le thermomètre affiche des températures inférieures à -20°C. On devine toute l’acceptation de l’horreur que vivent ces prisonniers sans aucune perspective d’autre que de survivre à leur prochaine journée. Tournant dans la perception qu’a eu l’Occident du régime soviétique, cette œuvre marquera la carrière de Soljenitsyne, qui livrera quelques ouvrages sur le même thème, notamment L’Archipel du goulag ou Le Premier Cercle.

Zouleikha-ouvre-les-yeuxZouleikha ouvre les yeux – Gouzel Iakhina (2015)

Les déportations sont aussi affaire de déracinements. C’est ce que raconte justement Zouleikha ouvre les yeux, où le convoi vers la Sibérie d’une jeune femme dont le mari a été assassiné par les sbires de Staline. Réduite au quasi-esclavage après un terrible voyage à travers l’URSS, l’héroïne compose avec sa nouvelle vie de Tatare loin de sa patrie. Les conditions de sa survie et le regain d’espoir malgré les épreuves font tout le sel de ce roman récent très réussi.

Le-Meteorologue-Reedition-50-ansLe météorologue – Olivier Rolin (2014)

Alexeï Vangengheim fait partie de ces scientifiques russes qui furent condamnés par le régime de Staline et envoyés au goulag. Le Météorologue raconte la vie de ce spécialiste des prévisions qui fut contraint de communiquer avec sa fille uniquement par courrier, pour lui faire découvrir le monde, malgré la distance. Ce bouleversant récit d’Olivier Rolin, inspiré d’une histoire vraie, nous fait entrer dans la dimension intime d’un drame collectif épouvantable.

Aussi-loin-que-mes-pas-me-portentAussi loin que mes pas me portent – Josef-Martin Bauer (1955)

S’inspirant de la vie de Cornélius Rost, soldat allemand fait prisonnier et envoyé en camp de travail dans les mines de Sibérie, Josef-Martin Bauer a réussi le captivant portrait d’un homme décidé. Après le récit de la marche forcée vers la pointe Est de la Russie, l’écrivain nous décrit sa captivité puis sa spectaculaire évasion, et surtout son errance pour tenter de regagner sa région d’origine. Aussi loin que mes pas me portent reste à la fois un récit de l’univers concentrationnaire, mais surtout l’épopée d’un héros courageux, livré à un territoire immense et particulièrement hostile…

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Article rédigé par
Melanie C.
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