Rien de tel qu’un prequel pour capitaliser sur le succès d’une œuvre ! A l’occasion de la diffusion de la dernière saison de Better Call Saul, spin-off de Breaking Bad, revenons sur ces prequels qui sont allés au-delà du pur prétexte mercantile pour devenir des ajouts de choix à un univers prometteur. Sitcom, SF, aventure, fantasy… il y en a pour tout le monde.
Star Trek Discovery – prequel de Star Trek, la série originale
Créée par Bryan Fuller & Alex Kurtzman
L’équipage du Discovery explore l’Espace au nom de la Confédération tout en tentant de mettre fin à la guerre contre les klingons déclenchée par leur sanguine capitaine, Michael Burnham (Sonequa Martin-Green). Située 10 ans avant la série originale Star Trek, Star Trek Discovery maintient les fondamentaux humanistes de Gene Roddenberry. D’un autre côté, le storytelling et les personnages affûtés et électriques de Bryan Fuller (Pushing Daisies, Dead Like Me) et Alex Kurtzman (Alias) assurent l’invitation au voyage promise par la franchise SF. L’inclusivité habile est à noter.
Fear the Walking Dead – prequel de The Walking Dead
Créée par Robert Kirkman & Dave Erickson
Peu après la propagation du fatal virus zombie, la famille Clark est sur la route, espérant échapper aux terribles marcheurs. Ensemble, ils luttent pour survivre, mais le danger rôde partout, y compris parmi les autres survivants rencontrés. Robert Kirkman, le créateur du comics original, s’attelle lui-même à l’adaptation de Fear the Walking Dead, aidé de Dave Erickson. Il reprend les mêmes codes que The Walking Dead mais la dynamique familiale ouvre d’autres horizons à la franchise. Un prequel de poids, porté par un casting choral large et convaincu.
Young Sheldon – prequel de The Big Bang Theory
Créée par Chuck Lorre & Steven Molaro
Le pape de la sitcom Chuck Lorre (Mon oncle Charlie, Mom…) s’allie avec son co-showrunner de The Big Bang Theory, Steven Molaro, pour créer le prequel Young Sheldon. Centré sur les années préado de Sheldon Cooper (Iain Armitage), l’impressionnant geek scientifique provoquait déjà l’hilarité par son QI énorme, sa connexion difficile aux autres, et ses réactions orgueilleuses. Le passage au prequel se fait naturellement, et se montre aussi drôle que la série originale !
Gotham – prequel de Batman
Créée par Bruno Heller
Quand Batman était encore Bruce Wayne, qui s’occupait de maintenir (tant bien que mal) l’ordre ? Telle est la question que s’est posée Bruno Heller (Mentalist, Rome) pour créer Gotham, à la fois rude apprentissage de la profession pour le futur commissaire Gordon (Ben McKenzie), et exploration des conséquences immédiates pour Bruce Wayne (David Mazouz) du meurtre de ses parents. Ajout bien pensé à la Mythologie Batman, Gotham est également prétexte à des origin stories bien trouvées pour les futurs grands méchants de l’Homme chauve-souris. Vif, passionnant, sombre, un prequel à redécouvrir.
Les aventures du jeune Indiana Jones – prequel d’Indiana Jones
Créée par George Lucas
Avant d’être l’archéologue le plus iconique du cinéma, Indiana Jones a eu une jeunesse bien remplie. Enfant ou jeune homme, il a parcouru le monde entier, rencontré des personnalités historiques, et s’est retrouvé au milieu de conflits connus où il a joué bonne part. George Lucas maîtrise autant le récit pour la jeunesse que les films d’aventures et nous offre avec Les aventures du jeune Indiana Jones un délicieux prequel énergique, dynamique et malicieux. Les jeunes acteurs le jouant enfant (Corey Carrier) et jeune homme (Sean Patrick Flanery) sont remarquables.
Bates Motel – prequel de Psychose
Créée par Carlton Cuse, Kerry Ehrin et Anthony Cipriano
Norma Bates (Vera Farmiga) rachète un motel et s’y installe en compagnie de son jeune fils Norman (Freddie Highmore). Leurs pulsions sanguinaires émergent peu à peu tandis que la mère et le fils s’enferment dans une relation perverse et codépendante. Il fallait oser proposer un prequel à Psychose, le chef-d’œuvre réalisé par Alfred Hitchcock d’après la nouvelle originale de Robert Bloch. Mais Bates Motel se hisse dignement à sa hauteur par sa fascinante description de deux apprentis psychopathes qui s’effondrent dans leurs ténèbres. L’écriture intense et coupante de Carlton Cuse (Lost), Kerry Ehrin et Anthony Cipriano est au diapason tout au long de ce voyage au bout de la folie qu’est Bates Motel. A raison l’un des prequels les plus aboutis.
Black Sails – prequel de L’Île au trésor
Créée par Jonathan E. Steinberg & Robert Levine
1715. Âge d’or de la piraterie. Le capitaine Flint (Toby Stephens), accompagné de Long John Silver (Luke Arnold), a quitté la marine et est devenu pirate. Avec le tout nouvel équipage du Walrus, son vaisseau, il écume les mers et défie l’autorité du gouvernement britannique tout en cherchant de fabuleux trésors. Le vrai combat de Black Sails est pour le contrôle de New Providence Island, axe stratégique du commerce britannique et pirate. Jonathan E. Steinberg et Robert Levine reprennent l’essence de L’Île au trésor de Robert Louis Stevenson et délivrent un prequel fougueux, sanglant, épique.
Spartacus : Les dieux de l’arène – prequel de Spartacus : le sang des gladiateurs
Créée par Steven S. DeKnight
5 ans avant l’arrivée de Spartacus à Rome, Gannicus (Dustin Clare) essuyait déjà le traitement inhumain des esclaves gladiateurs. Une seule règle compte, la survie, quels que soient les flots de sang à verser. Avec Spartacus : le sang des gladiateurs, Steven S. DeKnight (Buffy contre les vampires, Pacific Rim 2) proposait une série B bourrée de violence, de sexe, de corps huilés et musculeux dans des proportions joyeusement excessives, mais toujours avec un sens du drama malin. Avec Spartacus : Les dieux de l’arène, le showrunner décline astucieusement des codes similaires en les variant via de nouvelles personnalités hautes en couleur. Un prequel popcorn hautement concentré !
Dark Crystal : le temps de la résistance – prequel de Dark Crystal
Créée par Jeffrey Addiss & Will Matthews
L’entente difficile sur la planète Thra entre les doux Gelflings et les féroces Skeksis se fissure quand ces derniers décident d’envahir le territoire des premiers et de tous les tuer/asservir. 3 Gelflings, Rian (Taron Egerton), Brea (Anya Taylor-Joy), Deet (Nathalie Emmanuel) organisent la Résistance. Un des rares regrets du film Dark Crystal, bijou de fantasy pour la jeunesse, était qu’un film ne suffisait pas à profiter de la richesse du monde imaginé par Jim Henson. C’est chose faite avec Jeffrey Addiss et Will Matthews. Non contents de conter une histoire de guerre palpitante et urgente, ils étendent et enrichissent le worldbuilding pour nous enchanter à coups de trouvailles et d’images splendides mitonnées par Louis Leterrier. Un des plus fabuleux prequels jamais produits, malgré sa brièveté.
Hannibal – prequel du Silence des Agneaux et de Dragon rouge
Créée par Bryan Fuller
Le profiler Will Graham (Hugh Dancy), génial mais bourré d’addictions, enquête sur des meurtres sauvages commis au Minnesota. Il se fait assister par le psychiatre judiciaire Hannibal Lecter (Mads Mikkelsen), ignorant qu’il est un serial killer cannibale. Bryan Fuller émerge de sa trilogie fantastique (Dead Like Me, Wonderfalls, Pushing Daisies) et produit avec Hannibal un étourdissant prequel très violent, mais à l’esthétique sublime. Rendant justice aux personnages de Thomas Harris, Hannibal reste une œuvre d’auteur luxueuse et riche.
Better Call Saul – prequel de Breaking Bad
Créée par Vince Gilligan & Peter Gould
Souvent considérée comme l’une des meilleures séries de tous les temps, Breaking Bad a engendré Better Call Saul, un prequel à sa hauteur, parfois considéré comme supérieur. La transformation magnétique du maladroit Jimmy McGill en Saul Goodman (Bob Odenkirk), l’avocat véreux le plus irrésistible des séries, a été un triomphe absolu. Reprenant ce qui a fait le succès de Breaking Bad (évolution négative, mix de comédie noire et de tragédie), Better Call Saul met à ses pieds critiques et public. Vince Gilligan et Peter Gould se préparent à un finish dément pour la sixième et dernière saison.
