A l’occasion de la saison 4 de The Marvelous Mrs. Maisel, un des plus remarquables avatars de la série « d’époque », replongeons en série dans les tumultueuses années 50 et 60. Voici 15 séries qui ont rendu hommage à ces décennies déterminantes dans l’histoire politique et sociale de leurs pays.
Mad Men
Créée par Matthew Weiner
Déconstruction tout en velours, mais pas moins corrosive des années 60, Mad Men affiche une photo et des costumes colorées pour conter ce temps où « les hommes étaient des hommes et les femmes portaient des jupes ». En réalité, Matthew Weiner y révèle tout le sexisme, le racisme et le vide existentiel de ses personnages. Les hommes piégés dans un rêve américain chimérique qui les broie (générique magnifique), les femmes réduites à choisir entre le dépérissement lent du foyer ou le cynisme amer d’une réussite captieuse. Un period drama somptueux où éclatent les talents de Jon Hamm, Christina Hendricks et Elisabeth Moss.
I am the Night
Créée par Sam Sheridan
Années 60, Jay (Chris Pine), un journaliste tête brûlée, fait équipe avec Fauna Hodel (India Eisley) pour enquêter sur la famille de la jeune femme, liée aux meurtres du Dahlia Noir. Minisérie noire à la lenteur menaçante, admirablement construite, à la photographie sublime, I am the Night est une vénéneuse descente dans les ténèbres menée de main de maître par Sam Sheridan. Et montre en passant les talents méconnus de Patty Jenkins (Wonder Woman) alias Mme Sheridan, dans l’esthétique néo-noir.
L’Amie prodigieuse
Créée par Saverio Costanzo
La suite littéraire L’Amie prodigieuse écrite par la mystérieuse Elena Ferrante étant un best-seller mondial, son adaptation en série était inévitable. Saverio Costanzo transmet toute la chaleur d’une magnifique amitié entre deux jeunes femmes des années 50 aux 70. Place des femmes, amitié féminine, chambardements sociaux, L’Amie prodigieuse est une grande fresque brassant 20 ans d’Italie où l’émotion des livres prend toute sa place.
Happy Days
Créée par Garry Marshall
« Sunday, Monday, Happy Days ! », la ritournelle joyeuse du générique d’Happy Days synthétise la joie de vivre d’une vision idéalisée des 50s. Les enfants Cunningham – dont un joué par le tout jeune Ron Howard – grandissent, font la connaissance du cool Fonzie (Henry Winkler), icône des adolescents, et c’est parti pour 11 saisons d’un coming-of-age drôle et sensible. Garry Marshall, futur roi des comédies romantiques (Pretty Woman, Princesse malgré elle, Joyeuse fête des mères), démontre la puissance de la nostalgie comme catalyseur d’audiences sans abdiquer sur l’humour.
Les Nouvelles enquêtes de Miss Fisher
Créée par Deb Cox & Fiona Eagger
Au revoir Phryne Fisher, bonjour Peregrine Fisher (Geraldine Hakewill), demi-nièce de la précédente qui remet un peu d’ordre dans la Melbourne des années 60. Dans Les Nouvelles enquêtes de Miss Fisher, des enquêtes policières ludiques sont résolues une à une par un groupe de femmes, « Le Club des aventurières ». La recette des Miss Fisher concotée par Deb Cox et Fiona Eagger continue de fonctionner, entre féminisme en sous-main, scénarios malins et period drama lumineux, un digne spin-off !
Le Jeu de la Dame
Créée par Scott Frank & Allan Scott
Dans un orphelinat américain des années 50, la jeune Beth Harmon (Anya Taylor-Joy) découvre les échecs et décide d’y dédier sa vie, malgré les complexes de classe, de genre et son asocialité. Mais le plus grand adversaire de ce génie du jeu de Caïssa est moins les grands maîtres que son addiction aux médicaments. Carton inattendu, Le Jeu de la Dame est la meilleure fiction jamais produite sur les échecs grâce à son exactitude inédite, sa production luxueuse, son suspense psychologique. Scott Frank (Minority Report) adapte avec maestria The Queen’s Gambit, le roman éponyme de Walter Tevis, et signe une minisérie qui a déjà fait date.
Miss Marple
Créée par Guy Slater
Fleuron de l’« Armchair Detective » (détective en fauteuil), Jane Marple résout les meurtres entre deux tasses de thé, avec un sens de l’observation et du raisonnement que les assassins n’imaginaient sans doute pas chez cette vieille fille. Dans cette excellente adaptation de l’héroïne d’Agatha Christie, Guy Slater trouve l’actrice idoine en la personne de Joan Hickson. Miss Marple est un délicieux divertissement, fidèle aux écrits de la Reine du Crime et une reconstitution charmante des années 60 versant campagne anglaise.
Au service de la France
Créée par Jean-François Halin, Claire Lemaréchal, Jean-André Yerlès
Jean-François Halin, scénariste des OSS 117, adore les comédies d’espionnage 60s. Voici donc Au service de la France, spin-off spirituel d’Hubert Bonisseur de la Bath. Soit André Merlaux (Hugo Becker), jeune paumé de 23 ans qui intègre les services secrets français. Il va devoir gérer des missions partant en sucette, une hiérarchie à la ramasse, et une idéologie coloniale en déclin. En perpétuel décalage, dans une folie légère, Au service de la France brocarde avec la même drôlerie certaines idées passéistes de la France gaullienne.
Masters of Sex
Créée par Michelle Ashford
Dans les années 50, Les sexologues William Masters (Michael Sheen) et Virginia Johnson (Lizzy Caplan) révolutionnent notre vision de la sexualité à coups d’études et preuves scientifiques, explosant tous les clichés. Une croisade pour la vérité qui ne se fera pas sans sévères oppositions. Michelle Ashford brosse un portrait sans fard de la décennie 50s, entre révolutions sexuelles, féministes, raciales s’opposant à l’establishment idéologique en place. Mais Masters of Sex est aussi le touchant portrait d’un duo, collègues et amants, en butte à leurs propres failles. Une perle à (re)découvrir !
Lovecraft Country
Créée par Misha Green
Odyssée cauchemardesque que celle de l’afro-américain Atticus Freeman (Jonathan Majors) et ses compagnons, en recherche de son père disparu dans une Amérique des années 50 où prospère le suprémacisme blanc. Son chemin l’amène vers un village aux secrets terribles qui auraient inspiré des écrits d’H.P. Lovecraft… à raison ! Lovecraft Country est un croisement audacieux entre drama racial au commentaire virulent et horreur, qui n’est pas sans évoquer Jordan Peele (ici producteur, aux côtés de J.J. Abrams). Misha Green se réapproprie l’esprit de Lovecraft, auteur brillant mais raciste, et en fait une ode à la mémoire afro-américaine.
The Crown (saisons 1 à 3)
Créée par Peter Morgan
Récit sur plusieurs décennies du règne d’Elisabeth II (avec changement de casting toutes les deux saisons), The Crown a marqué pour sa recréation bluffante de l’époque et des grandes figures politiques britanniques depuis les années 50. Les réactions mouvementées face aux licences artistiques n’ont fait qu’ajouter à la réputation de la série de Peter Morgan, exploration fine des arcanes du pouvoir et de la famille royale. Le casting est à la hauteur de son sujet : Claire Foy, Olivia Colman, Matt Smith, Gillian Anderson, Helena Bonham Carter…
22/11/63
Créée par Bridget Carpenter
Jake Epping (James Franco) remonte le temps jusqu’en 1960. Son but ? Empêcher Lee Harvey Oswald d’assassiner J.F. Kennedy. Mais Epping s’attache à sa nouvelle vie et se voit confronté à une avalanche de dilemmes. Avec la minisérie 22/11/63, la dramaturge Bridget Carpenter adapte le best-seller éponyme de Stephen King et capte à merveille les turbulences de l’époque, écrin parfait pour un drama qui sait ne pas se reposer uniquement sur son high concept.
Call the Midwife
Créée par Heidi Thomas
10 ans dans la vie des sœurs et sage-femmes (midwives en anglais) d’un couvent anglican, dans les années 50 et 60. Celles chargées des soins médicaux et des accouchements (difficiles) d’un quartier populaire de Londres vivent toutes sortes de péripéties étonnantes. Call the Midwife n’est pas seulement un drama prenant aux héroïnes magnifiques, c’est aussi un commentaire social permanent sur les avancées sociopolitiques de l’époque aux résonances contemporaines. Heidi Thomas vogue à travers une foule de personnages avec une dextérité d’écriture qui force l’admiration.
Aquarius
Créée par John McNamara
Aquarius commence comme une investigation classique ; l’enquêteur Sam Hodiak (David Duchovny), travaille à L.A. sur la disparition d’une adolescente mais comprend vite que l’inquiétant Charles Manson est derrière tout ça. Brillant showrunner, John McNamara (Profit, The Magicians…) ressuscite les années 60 avec un sens du suspense aiguisé et conte la sanglante ascension du serial killer-gourou. Il la traite comme une plaie que les Etats-Unis n’ont jamais vraiment réussi à panser.
Mme Maisel, femme fabuleuse
Créée par Amy Sherman-Palladino
Dialogues fulgurants, BO aux petits oignons, production fastueuse, références culturelles, héroïnes affirmées, maîtrise de la dramédie… la recette d’Amy Sherman-Palladino (Gilmore Girls) fait aussi merveille dans le period drama. Midge Maisel (Rachel Brosnahan) fuit un mariage décevant et des parents trop stricts pour se découvrir des talents de stand-uppeuse dans le Manhattan des années 50. C’est l’occasion d’explorer la faune new-yorkaise et le milieu du standup de l’époque dans un tourbillon de couleurs, de sketches et de drames sentimentaux. Mme Maisel, femme fabuleuse a ravi critiques et public, la saison 4 devrait le confirmer.
