Pedro Almodóvar a prouvé son statut de maitre incontesté du cinéma espagnol. Fort de films imprévisibles, mélodramatiques, étranges et eccentriques, le réalisateur embarque le spectateur dans une aventure riche en émotion.. La sexualité, l’identité espagnole, la maternité, la mémoire et la féminité constituent ses sujets de prédilection. Voici notre sélection des dix meilleurs films de Pedro Almodóvar.
Tout sur ma mère
Après la mort tragique de son fils adolescent, Manuella (Cécilia Roth), meurtrie, décide de retrouver le père de cet adolescent qui leur avait fait faux bons une fois la grossesse annoncée. Partant de Madrid, elle se rend jusqu’à Barcelone et embarque une variété de femmes brisées dans son aventure. Tout sur ma mère met une emphase sur la quête de sens et d’amour de cette femme qui a perdu l’amour de sa vie. Le scénario est complexe, les personnages sont attendrissants, les couleurs sont vivantes. Grâce à ce film, Pedro Almodóvar a gagné le prix du meilleur réalisateur.
Julieta
Julieta conte l’histoire d’une femme (Emma Suarez) qui décide de quitter Madrid pour toujours. Elle fait une rencontre qui lui rappelle sa fille de 18 ans qui s’en est allé de manière brutale en la délaissant. Cette histoire s’inspire des nouvelles d’Alice Munro. Le film explore les thèmes de l’amour filial, des blessures affectives et de la tristesse liée à la perte. C’est un mélodrame poignant, qui s’apparente à un thriller au vu des mystères qui sont jonchés dans l’intrigue. Mais avant tout c’est un film qui se place au cœur des rapports humains et qui a un pouvoir d’identification profond.
La piel que habito
Robert Leard (Antonio Banderas) est chirurgien plastique. Il traverse un moment difficile, car il est veuf, sa femme est morte brulé dans un accident. Sombrant dans la folie, il décide de transformer son manoir en salle d’opération et se met à chercher un moyen de créer une peau qui aurait pu sauver celle de sa femme. Vera (Elena Anaya) est la captive tragique du chirurgien et sa cobaye. La piel que habito est un film d’horreur psychologique dérangeant et profondément tordu. Seul Pedro Almodóvar peut sublimer une telle histoire. Ce film est un concentré de théâtralité, de démesure et d’outrance. Et c’est un des meilleurs films du réalisateur.
Volver
Volver est un mélodrame passionné qui conte l’histoire de Raimunda, une jeune femme qui doit faire face à la mort de son mari et qui a des difficultés à subvenir aux besoins de sa famille. Elle est également hantée par sa défunte mère. Penélope Cruz est en tête d’affiche accompagnée d’actrices prisées par le réalisateur tel que Carmen Maura et Lola Duenas. C’est un film qui célèbre la femme espagnole et sa résillience. On y explore les thématiques du deuil et de la transmission. L’histoire est magnifiquement simple et à la fois complexe et glorifie la figure de la mère qui même dans la mort veille au-dessus de ses enfants
Parle avec elle
Begnigno (Javier Càmara) et Marco (Dario Gandinetti) sont amoureux de deux femmes qui sont plongées dans le coma. Alicia (Leonor Watling) est danseuse et Lydia (Rosario Flores) est torrero. Cela préfigure une grande amitié entre les deux personnages qui s’identifient dans la peine et le désespoir de l’autre. Parle avec elle a gagné l’Oscar du meilleur scénario et pour de bonnes raisons. Encore un mélodrame moderne qui donne sa version sombre de la belle au bois dormant. Ce mélodrame met en lumière la vulnérabilité masculine. Des thèmes profondément féminins sont abordés à l’aide du versant masculin du problème. Les hommes amoureux se révèlent être traversé par de la toxicité et projettent leur égo sur des femmes qui sont littéralement sans-vie. L’obsession prend la place de la rationalité dans ce drame.
La mauvaise éducation
La mauvaise éducation est une autobiographie partielle qui met en scène deux hommes homosexuels confrontés à leur passé dans un collège privé catholique. Tous deux jeunes garçons dans les années 60 se retrouvent 20 ans après de manière fortuite. Le premier Enrique goded, (Fele Martinez) est devenu réalisateur. Ignacio Rodriguez (Francisco Boira) le second propose à Enrique de faire revivre leur passé dans un film. C’est un récit enchâssé qui réfléchit sur l’identité, la fiction, la vérité, l’amour, mais aussi l’abus. C’est l’un des films les plus bruts et sombres de Pedro Almodóvar. Et son aspect auto référentiel lui confère une place unique dans la filmographie du maitre.
Attache moi
Dans la lignée subversive de La piel que habito, Attache moi est une comédie romantique tordue dans laquelle un homme Ricky (Antonio Banderas) sort d’un hôpital psychiatrique et décide de kidnapper une actrice de films de charme (Victoria Abril) car il est complètement obsédé par elle. De là s’en suit une captivité forcée pour la jeune femme qui est attachée par l’assaillant en espérant pouvoir conquérir son coeur. C’est une sorte de parodie de la belle et la bête dans laquelle la belle est une actrice X et la bête un malade mental.
Etreintes brisées
Mateo Bianco (Lluis Homar) a subi un accident de voiture dans lequel il perd l’amour de sa vie et l’usage de sa vue. Il ne peut plus exercer son métier de réalisateur et est condamné à un désespoir infini, car il est privé de sa bien aimée. Son seul recours réside dans la réminiscence. Etreinte brisées est une oeuvre d’une beauté infinie. Penélope Cruz, muse du cinéaste, joue encore une fois dans ce film dans lequel elle est sublime et tragique. Largement inspiré du film noir, Etreintes brisées plonge le spectateur dans une histoire qui en plus d’être sur le deuil met en lumière le travail du cinéaste. Le talent de conteur d’Almodóvar brille dans cette œuvre qui fait pleurer, rire et aimer.
Femmes au bord de la crise de nerfs
Pepa (Carmen Maura), Candela (Maria Barranco), Lucia (Julieta Serrano) et Marisa (Rossy De Palma) ont des problèmes sentimentaux qui culminent dans la dépression nerveuse. Leurs aventures sentimentales servent une comédie haute en couleurs qui est aussi déjanté que ses protagonistes. Femmes au bord de la crise de nerfs est le troisième film de Pedro Almodóvar. Il est excentrique, provocateur, coloré et un mélange de genre. Cela marque déjà le style du réalisateur et son talent et c’est un précurseur des films qui lui succéderont. Le scénario est fou, mais maitrisé avec brio et c’est un film drôle et divertissant qui met toujours les femmes au centre avec une grande empathie.
Madres Paralelas
Madres Paralelas est l’histoire de deux femmes, Janis et Ana, qui mettent au monde pour la première fois le même jour. Janis (Penélope Cruz) entre dans sa quarantième année, son enfant et illégitime, car elle est enceinte d’un homme marié, mais elle décide de le garder. Ana (Milena Smit) est encore une adolescente et elle a peur de cette grossesse, mais rassurée par les mots de Penélope Cruz elle garde l’enfant. Ces quelques mots échangés vont créer un lien fort entre ces deux femmes que le destin unira à maintes et maintes reprises. La condition de la mère célibataire est analysée à travers un thriller peu conventionnel comme tout ce que produits Almodóvar. Même après 30 ans de carrière, Pedro Almodóvar continue de prouver son talent de fabuliste.