Frontman de Blur, Damon Albarn s’est défait de son image d’icône Britpop en élargissant ses horizons musicaux au cours des années 2000. Son nouvel album, The Nearer the Fountain, More Pure the Stream Flows, témoigne encore une fois de son goût des mélanges et des voyages. Voici dix pièces de la discographie du charismatique chanteur pour mieux comprendre son parcours.
Blur – Modern Life is Rubbish
1993
Après un premier album encore marqué par le shoegaze, le groupe Blur frappe fort en 1993, avec Modern Life is Rubbish, un disque nostalgique évoquant les Kinks et l’Angleterre des années 1960. Un souhait de Damon Albarn, chanteur et parolier, qui marche ici dans les pas de Ray Davies et de la tradition ironique « so British ». For Tomorrow, le remuant Chemical World ou le mélodieux Blue Jeans figurent parmi les titres emblématiques de cette incursion très réussie de Blur dans le patrimoine musical britannique.
Blur – Parklife
1994
Avec Parklife, Blur gravissait une marche supplémentaire dans leur ascension vers les sommets de la musique européenne. L’album, porté par le tube dansant Girls & Boys, devient un classique instantané de la britpop, et fait de Damon Albarn une véritable star. À l’époque compagnon de Justine Frischmann, leader d’Elastica, le chanteur apparaît comme la belle gueule de la scène musicale britannique, poète provocateur, s’attirant la rivalité de Liam Gallagher. Avec des hymnes tels Parklife et To The End, l’opus s’avère une référence absolue de l’âge d’or de la pop à guitare britannique.
Gorillaz – Gorillaz
2001
La vie de rockstar semble n’avoir jamais été l’horizon ultime de Damon Albarn. À la place, ce garçon voulait privilégier la liberté de création, et même l’anonymat. En lançant Gorillaz, premier groupe « virtuel » de l’Histoire (si l’on excepte les Chipmunks ou les Archies), il se cachait derrière les avatars d’un projet musical hybride, monté avec l’illustrateur britannique Jamie Hewlett.
Mêlant pop, trip-hop, downtempo et hip-hop, le premier album du collectif, Gorillaz, remporte un énorme succès, grâce à son single Clint Eastwood et à un excellent concept. Sous les traits de « 2D », Damon Albarn livre une brillante performance vocale et prouve que, loin des guitares, il ne perdait pas une miette de son talent.
Mali Music
2002
Après avoir lancé son propre label, Honest Jon, Damon Albarn partait au Mali pour enregistrer le premier album de cette structure. Auprès d’artistes locaux, dont Afel Bocoum, Toumania Diabaté et Lobi Traoré, le chanteur de Blur et de Gorillaz se ressourçait, et montrait son amour de la musique africaine. Mêlant sampler et boîte à rythmes aux instruments traditionnels, Mali Music représente une agréable récréation pour le musicien, qui joignait une action caritative à son voyage, en reversant les bénéfices des ventes du disque à l’association Oxfam.
The Good, the Bad and the Queen – The Good, the Bad and the Queen
2007
Supergroupe né à la faveur d’une idée de Tony Allen, The Good, The Bad and the Queen réunit Simon Tong, guitariste de The Verve, Paul Simonon, bassiste de The Clash, Damon Albarn et le batteur nigérian. Après l’expérience Blur, ce projet donnait au chanteur l’occasion de varier ses talents de frontman avec des musiciens différents. À la frontière du rock indé et de l’afrobeat, leur premier album The Good the Bad & The Queen arrivait en plein retour des guitares dans la pop anglaise, auquel participait l’une des figures les plus charismatiques de la génération Britpop.
Avec Flea et Tony Allen – Rocket Juice and The Moon
2012
La collaboration entre Damon Albarn et Tony Allen a vraiment marqué le troisième millénaire. Le frontman de Blur associait le batteur à un nouveau projet en 2012, avec l’album Rocket Juice and the Moon. Avec comme bassiste Flea, des Red Hot Chili Peppers, le trio naviguait entre groove, afrobeat et dub, pour un disque ouvert à toutes les obsessions de Mr Albarn !
Everyday Robots
2014
Premier album solo véritable de Damon Albarn, Everyday Robots s’avère le meilleur témoignage de l’évolution de son auteur vers une pop ouverte au monde. Tour à tour ensoleillé (Mr. Tembo), plus mélancolique (Everyday Robots), relax (Lonely Press Play), ce disque arrivait à se détacher de l’esthétique de Blur et de Gorillaz pour montrer une facette vraiment personnelle du chanteur.
Blur – The Magic Whip
2015
L’album de la reformation de Blur a créé un petit événement dans le rock anglais. Graham Coxon, guitariste et éminence grise du quatuor, y retrouvait sa place après avoir été évincé du quatuor à l’époque de Think Thank en 2003. L’alchimie ressuscitée entre les musiciens se manifestait sur The Magic Whip à travers un certain apaisement, à découvrir sur une ballade comme Ghost Ship, ou le très pop Lonesome Street. Le groupe ne perdait rien côté énergie, grâce à l’excellent Go Out.
Gorillaz – Song Machine, Season One – Strange Timez
2020
Gorillaz reste un formidable laboratoire pour expérimenter de nouveaux concepts. Ainsi, Song Machine, Season One – Strange Timez, provient d’une « web serie », dans laquelle chaque chanson constitue un épisode. L’occasion pour Damon Albarn et son collaborateur Remi Kabaka Jr. d’inviter de nombreux artistes à chaque nouvelle vidéo : Robert Smith sur Strange Timez, Elton John sur The Pink Phantom, ou Schoolboy Q sur Pac-Man. Autant de featurings qui montre le caractère ouvert de Gorillaz et de son leader, qui excelle dans les duos.
The Nearer The Fountain, More Pure the Stream Flows
2021
Cette année, avec The Nearer The Fountain, More Pure the Stream Flows, Damon Albarn revient à un disque personnel, solo, où il se dévoile comme compositeur contemplatif. Loin de la pop remuante de Blur et des expériences de Gorillaz, ce disque intimiste montre encore une fois le caractère caméléon d’un des plus brillants esprits de la musique anglaise contemporaine.