Derrière des barreaux, on les entendra crier… Les films de prison sont un genre en soi, avec de nombreux codes à respecter : violence carcérale, matons difficiles, folie gagnant les protagonistes, tentatives d’évasion et même parfois, acceptation et résilience. En voici quelques-uns qui ont marqué à leur manière un cinéma enfermé à double tour.
Le Trou
En 1960, Jacques Becker signe un film noir devenu culte avec le temps et modèle du genre. Cinq prisonniers creusent un tunnel censé les mener à la liberté. Mais y parviendront-ils ? Sombre et haletant, Le Trou révèle Michel Constantin et Philippe Leroy, deux comédiens aux carrières ponctuées par la suite, de seconds rôles remarqués et remarquables.
Papillon
En 1969, l’ancien bagnard Henri Charrière publiait une autobiographie adaptée quatre ans plus tard par Franklin J. Schaffner. Le film Papillon retrace le récit d’un prisonnier condamné à tort aux travaux forcés à perpétuité en Guyane et cherchant à s’évader. Steve McQueen endosse le rôle de Papillon, alias Henri Charrière, tandis que Dustin Hoffman interprète celui de son ami Louis Delga. Un remake, Papillon de Michael Noer, verra le jour en 2017, avec Charlie Hunnam et Rami Malek.
La Grande évasion
À la fois film de guerre et de prison, La Grande évasion de John Sturges, retrace sur près de trois heures, la destinée d’officiers américains captifs d’un stalag dans l’Allemagne de la Seconde Guerre mondiale et cherchant à s’évader à tout prix. L’image marquante de Steve McQueen sautant par-dessus les barbelés juché sur une moto vrombissante, restera gravée à jamais dans l’histoire du cinéma.
Midnight Express
En 1970, l’Américain William Hayes est arrêté à Istanbul pour la possession de deux kilos de drogue. Les autorités souhaitant en faire un exemple, il est condamné à la prison à perpétuité et subira nombre de sévices. Il réussit toutefois à s’échapper au bout de cinq ans et écrit une autobiographie adaptée en 1978 par Oliver Stone, réalisée par Alan Parker. Midnight Express est l’un des films de prison les plus âpres et dérangeants de tous les temps. L’acteur Brad Davis, dont c’était le premier rôle d’envergure au cinéma, en sera marqué à vie.
L’Évadé d’Alcatraz
Autre histoire vraie, celle du film L’Évadé d’Alcatraz de Don Siegel, adapté d’un livre-documentaire de J. Campbell Bruce retraçant les tentatives d’évasion sur l’île d’Alcatraz. C’est le cas du criminel Frank Lee Morris et des frères Anglin et dont on n’a jamais su ce qu’ils étaient devenus. On les dit noyés, même si certains témoignages affirment le contraire. Clint Eastwood interprète ici Morris pendant les deux années qui lui ont permis de planifier son évasion.
Les Évadés
C’est sans doute le titre le plus spoiler de tous les temps, même s’il ne gâche pas le plaisir de (re)découvrir Les Évadés de Frank Darabont. Bien plus qu’un film de prison et d’évasion, c’est aussi et avant tout une histoire d’amitié entre deux détenus, un banquier accusé du meurtre de son épouse et d’un prisonnier Noir, enfermé depuis plus de vingt ans. Une adaptation d’une nouvelle de Stephen King, magnifiée par l’alchimie évidente entre Tim Robbins et Morgan Freeman.
La Ligne verte
À l’origine, un autre roman de Stephen King dans lequel il mélange une nouvelle fois les genres comme lui seul sait le faire. Un ancien gardien d’un pénitencier se souvient d’un des détenus qui a changé sa vie, un colosse émotif et innocent, accusé du meurtre de deux fillettes et doté de pouvoirs paranormaux. La Ligne verte, nouveau film carcéral de Frank Darabont, est au final un drame fantastique et lacrymal, porté par les prestations habitées de Tom Hanks et du regretté Michael Clarke Duncan.
Un prophète
Multi récompensé, Un prophète de Jacques Audiard vaut bien plus que pour son histoire de détention du jeune Malik, analphabète mais intelligent, enrôlé par le chef d’un groupe de redoutables prisonniers corses. Il est surtout reconnu pour avoir permis l’éclosion de deux talents bruts, Tahar Rahim et Leïla Bekhti qui tomberont d’ailleurs amoureux à l’issue du tournage. Tahar Rahim obtiendra le César du Meilleur acteur et du Meilleur jeune espoir masculin, un doublé exceptionnel pour un film devenu référence du genre en France.
Hunger
Voici un film de prison à ne pas voir le ventre vide… Hunger du réalisateur Steve McQueen revient sur les conditions de détention des prisonniers politiques de l’IRA en Irlande du Nord. On y suit notamment le combat acharné du leader Bobby Sands, entamant une grève de la faim pour dénoncer la violence que lui et ses compatriotes subissent au quotidien. Une histoire vraie bouleversante, magnifiée par la prestation jusqu’au boutiste de Michael Fassbender, délesté de nombreux kilos pour ce rôle.
The Raid 2
La suite de The Raid est encore plus radicale et violente que le premier volet. Dans The Raid 2 de Gareth Evans, Rama, alias Iko Uwais, se fait volontairement emprisonner pour infiltrer un syndicat du crime et le faire tomber de l’intérieur. Film d’arts martiaux sans concession, inutile de préciser que les scènes de bagarres sont nombreuses et dantesques, ballets aériens de coups de poings et de pieds, à l’esthétique léchée.
Invincible
Tout comme La Grande évasion, Invincible d’Angelina Jolie mêle Seconde Guerre mondiale et film de prison. Il retrace le véritable destin du coureur olympique Louis Zamperini, rescapé d’un crash d’avion en 1942 et fait prisonnier par la marine japonaise. Entre scènes survivalistes et de tortures, Invincible met en avant de jeunes acteurs capables de tout endurer, de Jack O’Connell à Garrett Hedlund, en passant par Domhnall Gleeson et Finn Wittrock.
La Taularde
Sophie Marceau en prison ? Est-ce possible ? C’est le pari osé de la comédienne et de la réalisatrice Audrey Estrougo. Pour le film La Taularde, la star de La Boum se retrouve derrière les barreaux pour avoir été complice de l’évasion de son mari. À elle d’expérimenter à son tour les dures lois de l’univers carcéral, mais au féminin. Parmi les autres détenues qui partagent son quotidien, Suzanne Clément et Alice Belaïdi, entre rivalités et complicités. Un film dur et éreintant.
Nevada
Dans Nevada de Laure de Clermont-Tonnerre, l’équithérapie est au centre d’un drame carcéral donnant un peu de ciel bleu à la réclusion. Un prisonnier réfugié dans le mutisme et la violence, accepte de faire partie d’un programme de réhabilitation sociale en dressant des chevaux sauvages. Entre violence et rédemption, Matthias Schoenaerts impose son charisme taiseux et réapprend à vivre sous nos yeux.
Désigné coupable
Adaptation prenante du témoignage Les Carnets de Guantanamo de Mohamedou Ould Slahi, Désigné coupable de Kevin MacDonald est l’un des films de prison fort oppressant. Douze ans après Un prophète, Tahar Rahim est à nouveau incarcéré pour avoir cette fois participé aux attentats du 11 septembre 2001. Il faudra à son personnage des années de bataille juridique pour que son innocence soit reconnue. En attendant, il subit tortures physiques et psychologiques à Guantanamo et ne survit que grâce à l’espoir donné par son avocate incarnée par Jodie Foster. Un film tournant dans la carrière internationale en devenir de Tahar Rahim, puisqu’il fut nommé aux Golden Globes pour sa prestation.
