Ça chante, ça danse, ça aime, mais souvent, ça meurt, ça souffre et ça laisse le spectateur le cœur serré. Nombre de comédies musicales enchaînent les numéros colorés et virevoltants pour s’achever en drame. À l’instar d’Annette de Leos Carax, film d’ouverture de la 74e édition du Festival de Cannes, en DVD et Blu-ray ce 17 novembre.
West Side Story
Avant de découvrir son remake par Steven Spielberg à la fin de l’année, il y a ce chef-d’œuvre de Jerome Robbins et Robert Wise. Réécriture façon sixties de Roméo et Juliette, West Side Story conte en chansons la romance entre Maria (alias Natalie Wood) et Tony, issus de deux bandes rivales s’affrontant dans un New York aussi mal famé que fantasmé. Entre deux tubes dansants signés Leonard Bernstein, la tragédie s’invite peu à peu jusqu’à laisser Tony sur le carreau. La fête est finie et plus personne ne « like to be in America ».
Les Parapluies de Cherbourg
La France n’est pas en reste question drames en musique. Commençant comme un bonbon sucré qui colle aux dents, Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy est sans doute l’une des histoires d’amour les plus tristes du cinéma. Geneviève et Guy sont jeunes, beaux et amoureux. Forcément, ils ressemblent à Catherine Deneuve et Nino Castelnuovo. Mais séparés pour cause de guerre d’Algérie, ils vont devoir poursuivre leur destinée l’un sans l’autre. Sur des chansons entêtantes de Michel Legrand, la Palme d’or 1964 laisse comme un goût amer. Les bonbons sont devenus acidulés.
Cabaret
Dans le Berlin des années 1930, la vie tumultueuse du Kit Kat Club, cabaret interlope dans lequel une chanteuse américaine va tenter sa chance. Dans Cabaret de Bob Fosse, Liza Minelli, sexy en diable, se fait enfin un nom, quitte l’ombre de sa mère Judy Garland et décroche un Oscar de la meilleure actrice. Le tout, sur fond de montée du nazisme, prémices d’heures sombres à venir. Bientôt, on ne chantera plus les mêmes chansons libres et contestataires…
Sweeney Todd
Inspirée d’une histoire vraie, la comédie musicale Sweeney Todd ne lésine pas sur l’hémoglobine et le macabre. Ici, un ancien prisonnier reconverti en barbier n’a qu’une seule idée en tête : égorger le juge qui l’a injustement condamné. Quitte à s’exercer sur des quidams transformés ensuite en chair à pâté. Quand Tim Burton s’empare d’un tel sujet, c’est pour en faire du Grand Guignol flamboyant et putride, où s’époumonent avec joie Johnny Depp et Helena Bonham-Carter.
Evita
L’Argentine continue de pleurer pour elle. Evita d’Alan Parker, adaptation de la comédie musicale à succès signée Andrew Lloyd Weber et Tim Rice, est un biopic d’Evita Peron, épouse du président argentin Juan Peron. Si elle a gagné le cœur du peuple et celui du personnage incarné par Antonio Banderas, le sien lâche à l’âge de 33 ans seulement. Elle décède d’un cancer en 1952 et chante ici sa souffrance en prenant les traits de Madonna, récompensée d’un Golden Globe pour l’occasion.
Dancer in the Dark
Lars von Trier aux commandes d’une comédie musicale ? La méfiance est de mise, car il est fort à parier qu’on risque ici de ne point chanter sur des musiques de gaudriole. Palme d’or en 2000, Dancer in the Dark est un drame absolu dans lequel une future aveugle accepte de sacrifier sa vie pour sauver la vue de son fils. Björk incarne ici cette ouvrière (é)perdue d’avance, signe une bande originale somptueuse et nous laisse sans crier gare, en train de pleurer à chaudes larmes sur notre canapé…
Moulin Rouge
Dans le Paris de la Belle Époque, l’histoire d’amour tragique entre Christian, poète sans le sou, et Satine, danseuse de french cancan phtisique. Flamboyant, décadent, extravagant, bouleversant, Moulin Rouge de Baz Luhrmann a très vite accédé au rang de film culte. Et est actuellement en train de devenir une véritable comédie musicale à Broadway. Sans Nicole Kidman et Ewan McGregor, mais leur interprétation restera à jamais gravée dans les mémoires. Show must go on !
La La Land
Ça commençait pourtant plutôt bien : une scène d’ouverture chaloupante en diable où l’on nous chante qu’il s’agit d’une nouvelle journée ensoleillée, une rencontre amoureuse entre une apprentie actrice et un musicien, du chabadabada et des cités d’étoiles plein les yeux. Et sans crier gare, le drame, la romance impossible, l’irréconciliable. La La Land de Damien Chazelle, bardé d’Oscars et de millions de dollars de recettes, est LA comédie musicale des années 2010, malgré sa fin douce- amère. Elle donne envie de danser sous un réverbère à la manière de Ryan Gosling et Emma Stone, même si on n’aura jamais leur classe intemporelle.
Annette
Pour son retour au cinéma, Leos Carax n’est pas là où on l’attendait. Si Annette a un petit goût de ses Amants du Pont Neuf, ce mélange des genres entre théâtre, musique, drame, science-fiction et romance, est loin de faire partie de son ADN. Et pourtant… Nourri par les musiques du groupe américain Sparks, le film retrace la destinée exceptionnelle de la jeune et mystérieuse Annette dont les parents vivent sous les feux de la rampe. Au générique, Marion Cotillard, Adam Driver et même la chanteuse Angèle.