18 CD, un DVD Bonus, toutes les chansons du groupe, en studio et en live, des maquettes inédites. L’Intégrale de Noir Désir regroupe absolument toute l’œuvre d’un géant du rock français, aujourd’hui séparé. Leur histoire correspond à des morceaux forts et originaux. Sélection.
Toujours être ailleurs
Formé au tout début des années 1980 à Bordeaux, Noir Désir s’inscrit dès ses débuts en marge dans le rock français. Ni assimilable au classic rock pratiqué par Téléphone, à la new wave synthétique d’Indochine, ou au punk revendicatif des Berus, Ludwig et autres Parabellum, la bande composée de Bertrand Cantat, Serge Teyssot-Gay, Denis Barthe et Frédéric Vidalenc mêle l’attitude des Doors, la musicalité tourmentée de Gun Club à des textes puissants, et réfléchis.
Un geste artistique qui fait d’eux de véritables ambassadeurs du rock indé américain et se retrouve sur leur tout premier disque, pour Barclay, Où veux-tu qu’je r’garde. Son deuxième single, Toujours être ailleurs, connaîtra un certain succès, en 1987, avec ces touches de country alternative et son refrain pop, évoquant les « yeux vers l’Ouest » et « les mains vers l’Est », signe du caractère « toutes directions » du groupe.
Aux sombres héros de l’amer
Le plus gros calembour de l’histoire de la chanson française a offert à Noir Désir son premier grand passage radio. Parodie de chant de marin côté musique, le titre ne manque pas de second degré dans ses paroles. « Le poison qui coule », « les naufragés et leurs peines qui jetaient l’encre », entre autres, symbolisent assez bien la bonne humeur que dégageait la formation, en coulisses, à l’époque.
Tu m’donnes le mal
Si funeste ait été le destin du chanteur de Noir Désir par rapport au contenu de certaines de ses chansons, de grands titres du début des années 1990 respirent la mélancolie amoureuse. Tu M’donnes le mal évoque la spirale infernale et témoigne d’un des partis pris de Bertrand Cantat parolier. Celui-ci a eu recours à l’hermétisme à de nombreuses reprises, tout au long de sa carrière, pour mieux faire sonner le français comme une langue rock.
Tostaky
Avec son texte poétique et sa célèbre formule nihiliste (« soyons désinvoltes, n’ayons l’air de rien ») Tostaky (le continent), extrait de l’album du même nom, incarne l’âge d’or de la première période de Noir Désir. Succès sur les ondes, le single marque les esprits avec son riff, signé Serge Teyssot-Gay, dont les notes sont inversées pendant le solo. Une trouvaille de génie qui vient préparer l’envolée vocale de Bertrand Cantat, qui résume en studio son caractère très expressif en live.
Un jour en France
Noir Désir enregistre son cinquième album, 666.667 Club, après une longue pause. Quatre ans après Tostaky, leur retour s’avère fracassant. Si le disque témoigne d’une ambiance musicale moins tempétueuse, les singles abordent plus frontalement le son pop-rock. Un jour en France, en particulier, avec son riff en power-chord, évoque une version frenchy du grunge. Du côté du texte, le combat contre l’extrême droite, l’américanisation de la société et les gouvernants apparaît de rime en rime, sans que le morceau n’en perde en universalité. Une qualité d’engagement discret qui a toujours réussi au groupe tout au long de sa carrière.
Là-bas
Enregistré pour la bande originale du film Bernie, premier long métrage d’Albert Dupontel, Là-bas semble une incongruité dans la discographie du groupe. Les Noir Désir se fondent dans l’univers absurde et sombre du film (« Je ne pense plus à mes parents, d’ailleurs ils n’avaient pas d’enfant, alors, je peux pas être mort »), en gardant intacte leur gouaille poétique. Une collaboration réussie !
Le Vent nous portera
Enregistré en compagnie de Manu Chao (présent à la guitare rythmique), Le Vent nous portera symbolise le dernier visage de Noir Désir, plus orienté chanson française que rock sur leur ultime disque studio, Des visages des figures. Élégante ballade acoustique agrémentée de quelques notes de guitare électrique et d’un solo de clarinette basse, a été l’un des titres les plus diffusés en radio des années 2000. Deux ans avant le décès de Marie Trintignant et l’incarcération de Bertrand Cantat, ce single avait porté le groupe au pinacle.
Le Temps des cerises (reprise)
Après la libération de Bertrand Cantat en 2008, les membres se retrouvent pour des sessions. Mais Noir Désir, officiellement séparé en 2010, n’a laissé que quelques traces de ces séances de studio parcellaires. Leur reprise de l’hymne politique Le Temps des cerises en a été une. Un morceau d’espoir, qui dans le contexte de l’époque, semblait annoncer le retour artistique des quatre rockeurs bordelais.
Aucun express (reprise)
La toute dernière chanson enregistrée par Noir Désir avant sa séparation est une reprise d’Alain Bashung : une version acoustique et émouvante d’Aucun Express parue sur l’album hommage Tels Alain Bashung, et directement entrée dans la légende d’un groupe emblématique des années 1990.
Imbécile – avec Alain Bashung
Morceau inédit inclus dans L’Intégrale de Noir Désir, Imbécile mêle le son rock indé du groupe avec la voix de Bashung, qui a originellement chanté cette chanson sur son disque Figure imposée en 1983. Elle est issue de la session de Climax, une compilation de l’interprète de La Nuit je mens, pour laquelle Noir Désir a chanté en duo Volontaire, finalement retenu. Que ce soit sur le titre choisi initialement ou ce morceau exhumé en 2020, il est clair que les univers de la formation bordelaise et du crooner étaient faits pour se rencontrer !