A 30 ans, Lianne La Havas sort son troisième album. La jeune femme représente aujourd’hui le must dans le monde de la british soul, déclinaison anglaise particulièrement réussie de la musique afro-américaine. Depuis le début des années 2000, elles sont nombreuses à avoir, outre-Manche, transcendé le genre. Galerie de portraits.
Lianne la Havas : la star de l’année
Révélée en 2011 avec le titre acoustique No Room for Doubt, la voix très pure de Lianne La Havas a depuis conquis l’Europe, à la faveur de son second disque, Blood, notamment. Ancienne choriste de Paloma Faith, guitariste et compositrice, elle a été introduite aux États-Unis comme collaboratrice de Prince, avant de récolter un joli succès d’estime avec son single What You Don’t Do.
Son troisième album, sorti ce 17 juillet, sobrement intitulé Lianne La Havas, voit cette Anglaise d’origine gréco-jamaïcaine ranimer encore la flamme de la british soul, grâce un son authentique qui cadre parfaitement avec ses inflexions mélancoliques, évoquant les plus belles heures de la Motown.
Amy Winehouse : l’étoile filante
Tragiquement décédée à l’âge de 27 ans, après deux albums passionnants, Frank puis Back to Black, on doit à Amy Winehouse d’avoir balayé le R&B sous les assauts de ses compositions. Fondamentales pour la british soul restent les Rehab, Back to Black et autres Tears Dry on their Own : la jeune Londonienne y croisait sa gouaille so british avec son authentique des légendaires studios Daptone, à New York, terre de la regrettée Sharon Jones.
Amours tumultueuses, addictions multiples, personnalité complexe ont fragilisé une jeune femme qui a tout donné à la musique et prouvé son immense talent en seulement deux ans. Elle aura également contribué à révéler un grand musicien des années 2010, son producteur attitré, Mark Ronson.
Adele : la soul devenue pop
Le succès d’Adele dépasse depuis dix ans le cadre de la british soul. Pour autant, la future interprète d’Hello a été lancée dans le sillage d’Amy Winehouse, au moment où le genre prenait son envol au Royaume-Uni. Chasing Pavement (sur son disque 19) annonçait pourtant les hits à venir : s’appropriant à la fois le langage pop et certains arrangements soul, la chanteuse londonienne trouvait une formule qui allait progressivement la faire décoller.
Les cartons de 21 et de 25 ont permis à nouveau à la Grande-Bretagne de dominer la planète musique, grâce à cette vocaliste hors pair parvenant à toucher la corde nostalgique et rêveuse chez son public. Si la presse people se fait l’écho, ces derniers temps, de son spectaculaire régime, nul doute qu’Adele va refaire parler d’elle en chanson dans les prochains mois !
V V Brown : à la vitesse de la lumière
Chantant les affres des relations amoureuses avec une sincérité désarmante, V V Brown perce à l’été 2009 avec Travelling Like the Light, un classique de la british soul qui monta haut dans les charts français. Puissance vocale et arrangements chatoyants lui ont apporté une gloire qui ne s’est pas répercutée par la suite. Depuis Glitch en 2015, la jeune femme n’a plus rien publié, annonçant même son retrait de la musique en 2017…
Jessie Ware : soul croisée electro
Avec une voix gracieuse et une mélancolie qui rappellent Lana Del Rey ou London Grammar, Jessie Ware assume un certain grand écart, grâce à des titres qui peuvent glisser de la pop à la soul en un couplet. Devenue une habituée des charts britanniques depuis son premier disque, Devotion, en 2012, elle explore dans son œuvre les possibilités pour l’electro d’enrichir encore son vocabulaire musical, accélérant le tempo sur son nouvel album largement empreint de disco, What’s Your Pleasure ?.
Joss Stone : la pionnière
En 2003, l’Angleterre découvre un petit bout de femme à la voix puissante et au charisme sûr : Joss Stone. En quelques mois, des centaines de milliers de fans applaudissent son premier album, composé de reprises des classiques soul, The Soul Sessions. Mind Body & Soul, LP1 ou Water for Your Soul confirmeront le talent de cette pionnière du revival du genre au Royaume-Uni.
Izzy Bizu : nouvelle voix
Dans la continuité des Adele et des Whitney Houston, Izzy Bizu a le groove dans la peau, et une voix capable de donner des frissons à tous les amateurs de timbre chaud. Son retour, plus dansant, en 2020, avec Faded, qui anticipe la sortie d’un deuxième album, nous invite à réécouter aussi son premier bijou, A Moment of Madness, porté par les singles White Tiger, Talking to You et Adam & Eve.
Duffy : blue-eyed-soul
L’actualité de Duffy est malheureusement extramusicale : il y a quelques mois, la jeune femme a témoigné sur l’horrible agression dont elle a été victime dix ans plus tôt, et qui l’a tenu éloigné des scènes depuis lors.
La chanteuse représente à elle seule une soul hyper efficace et très populaire comme l’Angleterre a pu en produire dans les années 2000. Des groovys Mercy et Rain on Your Parade au langoureux Warwick Avenue, la diva aux yeux bleus a exploré sur Rockferry tout ce qu’elle pouvait apporter au genre.
Emeli Sandé : de l’ombre à la lumière
C’est d’abord comme auteur-compositrice à succès, pour Susan Boyle, Rihanna ou Tinie Tempah qu’Emeli Sandé s’établit dans le petit monde de la soul britannique, avant d’exploser avec son album Our Version of Events. Renouant avec les timbres de voix du R&B en les acclimatant à une musique très authentique et cuivrée, ce premier album est largement salué, notamment aux Brit Awards.
Deux disques ont depuis suivi, Long Live the Angels et Real Life, réussissant à confirmer à la fois son excellence en matière d’écriture et ses talents d’interprète.
Paloma Faith : le conte de fée
La vie est faite de rencontres qui peuvent tout changer. Durant ses études d’art dramatique, Paloma Faith a multiplié les petits boulots, d’assistante de magicien à vendeuse de lingerie et aussi barmaid. C’est dans un pub qu’un directeur artistique, l’entendant chanter, va lui conseiller de monter un groupe. Une formation qui lui permet d’être repérée par un chercheur de talent. L’histoire est lancée, et aboutit à la sortie de Do You Want the Truth or Something Beautiful, un premier album remarqué en 2009, vite suivi du superbe Fall to Grace. Mélangeant soul et variété, la jeune femme continue son bonhomme de chemin avec The Architect, paru il y a deux ans.
Rebecca Ferguson : la télégénique
Perdre une bataille n’est pas perdre la guerre. C’est ce qu’a prouvé Rebecca Ferguson, finaliste malheureuse de l’émission The Voice au Royaume-Uni en 2010. Signée en maison de disque, elle a pu se consoler en enregistrant rapidement son premier album Heaven, en 2011, et enchaîné avec l’excellent Lady Sings the Blues.
Sa voix immédiatement reconnaissable, tirant presque vers le gospel dans ses inflexions, lui a fait dépasser le statut d’ex-star de télé-crochet pour être dans les années 2010 l’une des plus intéressantes jeunes pousses de la british soul.
Mathilda Homer : la prochaine sensation ?
Timbre légèrement cassé, compositions très douces idéales pour rêvasser, Mathilda Homer apparaît en 2020 comme l’un des meilleurs espoirs de la british soul contemporaine. A écouter : ses singles I Hate That I Love You So Little et Too Much, preuves de son écriture impeccable et de son charisme naturel !