Du nord au sud, de l’est à l’ouest, d’hier, d’aujourd’hui voir de demain, c’est le souffle brûlant de l’Afrique qui devrait réchauffer l’automne, qui arrive à grandes enjambées. Ce continent en pleine effervescence, inspirant et bouillonnant d’énergie nous livre, à échéances régulières, son chouette lot de réjouissances musicales. A vos marques, prêt, partez !
Tinariwen, Pat Thomas, Mah Damba : vieux routiers
Avec pour les uns, comme les autres, quelques dizaines d’années de carrières dans les jambes, on peut aujourd’hui les considérer comme des acteurs bien installés dans le paysage musical mondial. Tinariwen, tête de file de la caravane blues-rock du désert, remet le couvert avec Amadjar. Un album finement produit, fidèle à leur ligne musicale et malgré tout encore surprenant. Un opus qui devrait ravir les fans de la première heure et les nouveaux convertis.
Réservez vos places pour les concerts de Tinariwen
Moins connus du grand public mais petite légende du genre high-life, c’est le ghanéen Pat Thomas, et son « jeune » combo le Kwashibu Area Band, qui publie ces jours-ci l’excellent Obiaa. Swing funky et cuivré, beats afro « à l’ancienne » comme disent les vieux comme moi et une voix qui vous emmène bien loin. A découvrir (ou à revoir) aussi sur scène lors de ses rares passages dans l’hexagone. Profitez-en, c’est le moment.
Réservez vos places pour les concerts de Pat Thomas
Elle a, dans le passé, alimenté de beaux ouvrages discographiques dans une collection (Buddha musique) que l’on range plutôt sous la catégorie « musique traditionnelle ». Mah Damba, grande griotte malienne et star dans son pays, est de cette trempe-là, une gardienne du temple mandingue et passeuse de relai d’une tradition orale séculaire. Tradition et transmission orale certe, ce qui ne l’empêche pas de publier de temps en temps d’excellents enregistrements. En voici un tout frais.
Et je sais qu’on est en avance mais…
Réservez ici pour Noël Mandingue à Montreuil, avec Mah Damba
Rachid Taha, Miriam Makeba, Ali Farka Toure : légendes et classiques posthumes
« Je suis Africain » scande le regretté Rachid Taha sur cet album posthume. Une évidence quand on regarde la carrière, les fondamentaux, le postulat et les références musicales d’un des plus significatif chanteur de ces dernières décennies. Il pouvait chanter Dahmane El Harrachi, Oum Kaltsoum comme Francis Bebey, ou faire le bœuf avec n’importe quel musicien d’Afrique (ou d’ailleurs) de passage sur une scène parisienne. A l’image du titre, l’album prend la forme d’un manifeste aux couleurs d’un nomadisme panafricain (et mondial) qui lui allait si bien. Effluves de pop, d’électro, de rock et de world, enveloppée de cette douce folie qui semblait l’habiter. Je Suis Africain, un ultime 10 titres à mettre impérativement dans votre besace, surtout dans cette belle édition vinyle exclu Fnac.
Puisqu’on parle de légendes disparues, sachez que viennent d’être réédités, dans de splendides éditions, deux grands classiques de la musique africaine d’hier. 1er best seller mondial en provenance d’Afrique du Sud, Pata Pata de l’incomparable Miriam Makeba, aussi étrange que cela puisse paraitre, n’avait que trop rarement fait surface au format vinyle depuis sa parution initiale en 1967.
Un conseil : ne les loupez pas !
Oum, Emel Mathlouthi, Aziza Brahim : cap au nord et au féminin
Elles viennent respectivement du Maroc, de Tunisie et du sud ouest algérien. Comme si elles s’étaient donné le mot, elles publie, comme de concert, leur 3ème et 4ème album traçant ainsi, chacune à sa manière, les sillons d’une carrière aussi singulière qu’exemplaire.
Apparue en 2013, la chanteuse Oum à fait son petit bonhomme de chemin, avançant doucement mais sûrement. Sa musique si expressive a gagné en maturité et en professionnalisme, au point de séduire un public toujours plus nombreux. Mâtiné de soul et de jazz, Daba, a peine publié est déjà prisé des programmateurs radios. A juste titre pourrait-on rajouter !
Pour Emel Mathlouthi, l’histoire avait commencé au balbutiement des révolutions dites « des printemps arabes » en Tunisie, premier pays à mettre à la porte son historique dirigeant autocratique. Depuis 2012, elle aussi a parcouru le monde, elle a enrichi et métamorphosé son œuvre, se tournant vers des univers plus expérimentaux, entremêlant habilement en langue anglaise, des textures électroniques, pop et des souches traditionnelles.
Quant à la chanteuse sahraouie Aziza Brahim, voix des sans-voix d’une minorité originaire du Sahara occidental, il vous faudra patienter jusqu’à la mi-novembre pour découvrir plus en détails son 3ème album Sahari, publié par l’excellente maison Glitter Beat (Altin Gun, Bixiga 70, Bassekou Kouyate, Jupiter & Okwess…). On s’en délecte les oreilles d’avance.