Chanteuse au grain doux, batteur aux multiples facettes et violoncelliste à l’interprétation romantique figurent parmi les vedettes de ce début d’année. En cette période hivernale, dix artistes viennent donner le La de vos prochaines réjouissances musicales. On en détaille les disques.
Dionysiaque et apollinien
Si vous vouliez un jour… Les Arts Florissants, William Christie
Au temps de la grandeur de Louis XIV et de la cour de Versailles, la musique se mettait au diapason d’une ambiance souvent festive. Des airs joyeux que William Christie et les siens nous font parvenir dans ce recueil où l’on retrouve aussi bien l’amoureuse Pastoraletta de Charpentier que les vers tantôt tragiques, tantôt coquins d’Etienne Moulinié, Antoine Boesset ou de Michel Lambert. Une suite passionnante au déjà réussi Bien que l’amour, premier programme consacré aux airs profanes du baroque français.
Les têtes de gondoles d’antan
Voyage à Venise par Gli Incogniti, Amandine Beyer, Akademie Für Alter Musik & Concerto Palatino
Vivaldi, Gabrieli, Tessarini… Nombre de grands compositeurs de la Renaissance et du baroque ont fait de Venise leur lieu de pèlerinage musical, voire leur habitat naturel. La Cité des Doges les a inspirés, notamment dans la création d’un répertoire instrumental varié et technique. On en retrouve les pièces maîtresses dans ce coffret Voyage à Venise par Gli Incogniti, Amandine Beyer, Akademie Für Alter Musik & Concerto Palatino. Coffret qui vient compléter le programme de la Folle Journée 2019.
Poèmes symphoniques
Hector Berlioz, Harold en Italie et Les Nuits d’été, Les Siècles, Tabea Zimmermann, Stéphane Degout, François-Xavier Roth
Les Siècles et le chef d’orchestre François-Xavier Roth continuent leur revisite des grands moments du répertoire romantique. S’intéressant cette fois à Berlioz, les musiciens puisent dans Harold en Italie et Les Nuits d’été, deux pièces désormais classiques et d’une grande douceur, la modernité d’un compositeur qui savait parfaitement jouer du contraste, entre masse symphonique et voix chantée. Lyrique et inspiré, à n’en pas douter !
Le romantisme dans ses cordes
Robert Schumann, Schumann, Gautier Capuçon, Martha Argerich, Renaud Capuçon, Chamber Orchestra of Europe
En duo, en trio ou en concerto, Gautier Capuçon fait résonner le meilleur de son art dans un opus conçu pour rappeler la douceur et les nobles sentiments que déployait Schumann dans son écriture instrumentale. Particulièrement bien entouré, le violoncelliste prouve encore sa place prépondérante parmi les virtuoses français contemporains.
Folles journées sauce latine !
Carnets de voyage, Emmanuel Rossfelder
C’est sur le thème du voyage artistique que se dérouleront cette année les Folles Journées 2019 (du 30 janvier au 3 février). Le guitariste classique français Emmanuel Rossfelder en a fait son inspiration dans ce Carnets de voyage conçu comme une bande originale de la manifestation nantaise. Chez Manuel de Falla comme chez Astor Piazzolla, dans les rythmes d’Argentine et d’Espagne, au contact d’un bandonéon ou d’une vocaliste portugaise, l’instrumentiste nous guide vers le monde le latin avec ses six cordes en fil d’Ariane. Et on n’a même pas peur de se perdre en route !
Lutte de classe
The Capitalist Blues, Leyla McCalla
Depuis huit ans, la chanteuse d’origine haïtienne Leyla McCalla vit à La Nouvelle-Orléans. Une ville qui, de sa cuisine à sa musique en passant par ses pratiques religieuses, a toujours fait la part belle aux mélanges. The Capitalist Blues, qui sinue du son du bayou au blues brut, en passant par nombre de couleurs musicales du sud américain et des Antilles, en est un témoignage éblouissant.
Sentiment océanique
Blood Siren, Sarah McCoy
Si Blood Siren est le premier album de Sarah McCoy à sortir, la chanteuse a déjà parcouru un long chemin, de clubs en festivals, de sa Louisiane à la France. Rebelle du jazz, ou Nina Simone touchée par le punk (cela reste à définir), l’artiste déploie un talent vocal hors-norme et un jeu de piano sûr dans ce disque studio, qui vient confirmer tous les espoirs qu’elle avait déployés sur scène ces dernières années.
Se mettre aux fûts
The scOpe par Manu Katché
Déjà un dixième disque au compteur pour Manu Katché ! Le maître ès batterie de la Great Black Music d’ici s’est focalisé sur ses émotions pour cet opus « partageur » où Faada Freddy et le rappeur Jazzy Bazz viennent poser leurs voix et/ou leurs flows sur un écrin savamment fabriqué par l’instrumentiste. Exigeant sans être élitiste, aussi inattendu qu’à l’accoutumée chez cet artiste à part, The scOpe ravira tous les amateurs de rythmes variés et de sonorités d’aujourd’hui !
Sans soucis, sans problèmes
La Belle Vie, Aldo Romano, Philip Catherine et Emmanuel Bex
Trois très grands du jazz européen, apportant chacun leur sens du groove et trois compositions. Telle est la définition de La Belle Vie, qui vient concrétiser l’existence d’une amitié (musicale) qui s’est réunie pour la première fois sur scène il y a plus de vingt ans ! Bex, Catherine et Romano ont depuis continué à perfectionner leur art respectif, orgue, guitare et batterie, pour aboutir à ce disque aux allures d’all-star game !
À l’intérieur
Songs of the Degrees par le Yaron Herman Trio
Pour son retour en trio, Yaron Herman a choisi une voix introspective. Songs of the Degrees raconte les différents aspects de la personnalité du pianiste, que l’on sait par ailleurs rompu aux mathématiques et aux sciences humaines. Au fil de ces différents morceaux, on entre donc dans la pensée et la psyché complexe, mais si musicale, d’un très grand nom du jazz contemporain.