La dernière ligne droite de l’année nous amène inévitablement à faire un retour sur des albums qui ont marqués l’année 2018. Dans un monde globalisé et son actualité musicale touffue, on ne pourra pas évoquer tout le monde. Si certains albums ont eu d’énormes relais médiatiques, d’autres sont peut-être passés entre les mailles du filet. L’heure du bilan et du rattrapage vient de sonner. Cela tombe bien, vous avez pleins de cadeaux à emballer
La dernière ligne droite de l’année nous amène inévitablement à faire un retour sur des albums qui ont titillés nos oreilles tout au long de 2018. Dans un monde globalisé et un marché de la musique très prolifique en sorties, en évènements (et en potins), on pourra difficilement évoquer tout le monde. Si certains albums ont eu d’énormes relais médiatiques, d’autres sont peut-être passés entre les mailles du filet. Bilan ou derniere chance de rattrapage : l’heure vient de sonner.
Une étrange année 2018
Année de comémoration par excellence (les 50 ans de 1968), 2018 aura aussi été un drôle de millésime, à commencer par des disparitions en pagailles.
Dans la grande famille de la chanson, le grand Charles (Aznavour, pas De Gaulle) nous quitte subitement alors qu’on le croyait quasi-immortel. On a dit au revoir à l’icône yéyé France Gall et un autre grand bonhomme du nom de Jacques Higelin nous fait faux bond quelques mois après avoir publié l’un de ses meilleurs albums. Quant à Maurane, elle ne présentera donc jamais sur scène son très bel hommage à Jacques Brel. La reine de la soul (queen Aretha) a poussé son dernier souffle en plein été, tout comme Joe Strummer, Rachid Taha. Coté classique, la cantatrice Montserrat Caballé s’en est allée. Coté blues c’est l’un des meilleurs gaucher de Chicago, Otis Rush qui a rangé sa guitare à jamais. Et comme si la machine s’emballait, c’est même l’immense chanteur (et sous-coté) Tony Joe White qui s’est éteint au moment où nous écrivons ces lignes.
Dématérialisé et marché physique : la course de fond
Un album posthume de Johnny qui explose littéralement les compteurs. Une forte poussée du format dématérialisé (le streaming notamment), des nouveaux modèles promotionnels que les réseaux sociaux amplifient à grande vitesse et enfin le vinyle dont enfin on ne parle plus en terme de comeback, mais bien d’un format à part entière (ce que les irréductibles ont toujours soutenu, soit dit en passant).
Au milieu de ce joyeux bazar, un nombre incalculable de sorties illustrant la vivacité de la production musicale. C’est donc dans ce raz-de-marée d’albums, de publications, de groupes et d’artistes qui ont fait l’actualité en 2018 que nous sommes allés piocher. Rock, soul, musiques du monde, jazz, folk, funk voir tout ça en même temps puisque le constat est évident : les chapelles existent de moins en moins.
Ce n’était pas évident, ce n’est bien sûr pas exhaustif, mais les oreilles curieuses devraient y trouver leur compte. Le père Noël aussi.
Bonne pioche et à l’année prochaine.
Pop, rock, indé et variétés internationales
Le super retour de Cat Power et sa folk sincère, entière, réelle, parfois minimaliste nourrie par un songwritting impeccable. Veine folk encore, alors qu’on l’évoquait au-dessus dans un triste paragraphe, Tony Joe White, quelques semaines avant sa disparition a pondu un petit bijou acoustique : Bad Mouthin’.
Ils ont la dégaine et le son d’un quatuor anglais et ils débarquent pourtant de Brooklyn. Parquet Courts a publié l’un des meilleurs albums « rock » de l‘année. Ce qui explique pourquoi leurs concerts se jouent à guichet fermé.
L’instant FIP d’octobre à juste titre, c’est l’étrange musique rétro-futuriste de Wiliam Z Villain qu’il ne fallait louper sous aucun prétexte en 2018. Ovni en mode one-man-band débarqué de son Wisconsin natal.
Ce presque vieux chevelu à l’accent rock garage, on l’attend de pied ferme sur les scènes françaises (croisons les doigts). Quand Jon Spencer « Sings The Hits« , c’est généralement tout un programme.
Et comment passer à côté du nouvel album de The Good, The Bad & The Queen, le super groupe de Damon Albarn (avec Tony Allen, Paul Simonon et Simon Tong) qui vient tout juste de paraître.
Rock, rap & chanson française
Jeune, jolie et délicieusement acide, c’est Angèle qui a savamment fait attendre ses fans tout au long de l’année pour une livraison de son 1er album cet automne : Brol.
Une punk attitude qui n’aurait pas déplu aux Ramones et consorts. Saluons et soutenons là aussi ce tout récent 1er LP bien énervé et sans faute de goûts de Johnny Mafia, un jeune et frétillant combo frenchy à suivre de près.
Plus tôt en début d’année, Arthur H et Feu! Chatterton nous ont régalé avec des albums faisant la part belle à la langue de Molière. Vous pouvez les (ré) emballer sans hésitation pour les fêtes, succès garantis.
Des bons mots toujours avec Miossec, le vieux loup brestois et son succulent onzième enregistrement studio, Les Rescapés. Pour Clara Lucianni en revanche c’est le premier cette année. Cette jeune chanteuse marseillaise a su mettre les mots où il fallait et emballer le tout avec une belle coloration musicale pour se frayer un chemin et une réputation qu’on lui souhaite grandissante.
Musiques du monde & vibrations d’Afrique
En 2017, elle vous avait fait craquer dans Lamomali, Fatoumata Diawara est revenue par la grande porte en 2018 avec un album moderne, mordant et militant. Décidement, la diva malienne s’impose et en impose.
Encore un instant FIP qui vaut son pesant d’originalité, le power trio créole Delgres remporte aujourd’hui un succès public et critique ultra mérité. En voisine caribéenne dans un genre plus délicat, Melissa Laveaux nous a charmés avec son timbre élégant mis au service de la poésie Haïtienne.
Puis au beau milieu de l’été, sans aucun relais médiatique et promotionnels (bizarre ?), un formidable opus signé Gilberto Gil : Ok,Ok,Ok. Quand le Brésil s’enfonce dans un truc pas très joli-joli, l’ex-tropicaliste et ex-ministre de la culture nous offre une belle bouffée d’air.
Véritable découverte, qui de bouche-à-oreilles fait son petit bonhomme de chemin, c’est Yuma, un jeune duo tunisien nourri au folk et possédant cette grâce musicale qui force le respect et vous font écouter leur album en boucle.
Et pour finir, c’est cet album ovni (BooCheeMish) du Mystère des Voix Bulgares avec la participation de Lisa Gerrard (Dead Can Dance) qui nous a tapé dans l’œil (et dans les oreilles). Sur des arrangements simples et dépouillés, un chœur de femme d’une époustouflante virtuosité, intemporel et singulier. En un mot : magique.
Soul, funk, jazz & blues
La ville de la Nouvelle Orléans qui célébrait ses 300 ans cette année a été brillament mise en lumière dans les derniers disques des chanteurs Hugh Coltman et Jon Batiste. Si vous aviez loupé le premier au printemps, rattrapage possible en quelques clics. Quant au second, quasiment seul au piano, il est définitivement l’une des plus belles découvertes de la cité du croissant de ces dernières années.
Dans une veine plus contemporaine, c’est Memories, le 1er opus du jeune anglais Ady Suleyman qui nous avait agréablement surpris en mars dernier. Dans un style néo soul aux effluves de dub, de funk, de folk et de jazz brillament mis en boite.
Puis, le mois suivant, en pleine folie Black Panther (le film) et fronde sociale (Black Lives Matter), c’est Janelle Monae et son Dirty Computer qui déferlaient sur la planète soul/funk/Hip-Hop.
Jazz dans son plus simple appareil (en trio), l’orgue funky de Delvon Lamar et ses monstrueux partenaires nous ont rappelé les possibilités et le magnétisme du format instrumental dans une excellente captation live.
2018, année de résistance ? C’est bien là le message du guitariste new yorkais Marc Ribot qui invite sur Songs Of Resistance son vieil ami Tom Waits a reprendre Bella Ciao. Bah oui, y’a pas que Maitre Gims qui la connaît ! Dans le même esprit, parce que l’actualité nous y engage et parce que le contenu est aussi bien que le contenant, jetez vous sur ce formidable travail de collectage réalisé par le rappeur Rocé. Un très bel ouvrage qui en dit long sur l’histoire des luttes en musique. Tout un symbole en cette année anniversaire du révolutionnaire cru 68.