Dossier

eSIM : tout savoir sur l’évolution de la carte SIM

02 février 2020
Par Thomas Estimbre

Indispensable au bon fonctionnement de nos smartphones et autres appareils connectés, la carte SIM prépare sa révolution depuis quelques années. Après des débuts timides, l’eSIM (pour SIM intégrée ou embarquée en français) va progressivement s’imposer dans les années à venir. Le point sur cette technologie qui permet de dématérialiser la SIM, apportant avec elle un gain de place et de nombreux avantages.

Carte SIM

 

© Creative Commons

Elle a connu toutes les (r)évolutions et reste un élément incontournable au bon fonctionnement de nos mobiles. Du téléphone portable des années 90 aux derniers modèles sous Android ou iOS, la carte SIM fait de la résistance et permet d’accéder au réseau des opérateurs, stockant au passage de nombreuses informations. Ce “dinosaure” qui accompagne nos smartphones, tablettes ou montres connectées pour permettre d’accéder à la 4G (en attendant la 5G) a connu des évolutions, à commencer par son format.

De la carte de crédit aux dimensions trop imposantes (85,6 x 53,98 x 0,76 mm), la carte SIM est rapidement devenue “mini” (25 x 15 x 0,76 mm) pour se faire une place dans les mobiles. Ce format “standard” s’est imposé jusqu’à l’arrivée des smartphones qui, pour gagner de la place, ont opté pour la micro-SIM (15 x 12 x 0,76 mm). Toujours présent, il est accompagné de la nano-SIM (6 x 5 x 0,76 mm) qu’Apple a introduit en 2012 avec l’iPhone 5 et que l’on trouve aujourd’hui dans pratiquement tous les appareils.

Face à la multiplication des formats, les opérateurs se sont adaptés en proposant par exemple des carte SIM triple découpe qui intègre trois formats (standard ou mini-SIM, micro SIM et nano-SIM).

Formats SIM

 

© Deutsche Telekom

Ces évolutions physiques ont permis aux constructeurs de gagner de la place, sans toutefois leur permettre de renoncer totalement à l’emplacement SIM. Le tiroir qui leur est dédié reste d’actualité, mais il est parfois accompagné d’une eSIM. La carte SIM numérique n’est pas une technologie nouvelle et sa démocratisation est évoquée depuis quelques années. Néanmoins, son adoption prend du temps et dépend des pays.

En France, l’année 2020 pourrait bien marquer un tournant. C’est pour nous l’occasion de faire le point sur l’eSIM, cette remplaçante de la traditionnelle carte SIM, enfin prête à prendre son envol.

L’eSIM : c’est quoi ?

Contrairement à la carte SIM et ses différentes tailles, l’eSIM marque une rupture en étant directement intégré parmi les composants des smartphones et objets connectés. Virtuelle, elle offre les mêmes services qu’une SIM classique et la technologie est régulièrement évoquée depuis le début des années 2010. Elle dispose également d’un standard défini par la GSMA (GSM Association) depuis quelques années et a fait l’objet de plusieurs démonstrations tout au long de la décennie, à l’occasion d’événements tels que le Mobile World Congress.

S’il est difficile de l’associer à un fabricant, force est de constater qu’Apple joue un rôle important dans la démocratisation de l’eSIM. Le géant américain avait profité du lancement de ses iPad mini 3 et iPad Air 2 en 2014 pour lancer une “Apple SIM” puis de celui de l’iPad Pro 9,7 pouces pour proposer une “carte Apple SIM intégrée”. La marque américaine est également une des rares à proposer des smartphones compatibles (voir plus bas) et à proposer une eSIM dans ses montres connectées Apple Watch les plus récentes.

Souvent associée aux smartphones, l’eSIM s’invite dans de nombreux objets connectés tels que les tablettes, ordinateurs portables et les montres connectées. Les wearables sont parmi les premiers à avoir embrassé l’”embedded” SIM, une nouveauté qui présente plusieurs avantages.

eSIM : les avantages et les inconvénients

L’adoption de l’eSIM s’accompagne d’avantages pour le constructeur comme l’utilisateur. Contrairement à la carte SIM fournie par l’opérateur, l’eSIM est embarquée et permet de changer d’opérateur à la volée. En effet, il n’est plus nécessaire de changer sa carte lorsque l’utilisateur décide d’opter pour un nouvel opérateur. La transition pourra également se faire plus rapidement et de manière totalement dématérialisée, via une mise à jour des données. Ce changement évitera au passage d’utiliser du plastique pour la création des cartes SIM.

Du côté des constructeurs, le passage à l’eSIM libère de l’espace à l’intérieur de l’appareil qui pourra être utilisé pour d’autres composants. Si cet avantage ne se vérifie pas forcément pour les smartphones, il est important pour d’autres appareils de plus petite taille comme les montres connectées. L’absence d’un tiroir SIM pourra également renforcer l’étanchéité d’un objet connecté.

Carte SIM

 

© Creative Commons

Actuellement, l’eSIM permet aussi de profiter d’une fonctionnalité double SIM, notamment sur les iPhone. De nombreux appareils sous Android gèrent le double SIM depuis quelques années, ce qui n’était pas le cas de leurs homologues sous iOS. Depuis les iPhone Xs, Xs Max et iPhone Xr, Apple permet d’utiliser à la fois une carte nano-SIM et une carte eSIM. La carte SIM numérique séduira également les voyageurs en permettant d’acheter des services dédiés en amont de leurs déplacements. Cela peut être plus avantageux que de souscrire à une option chez son opérateur national. Sur son site, Apple liste les opérateurs mobiles qui proposent des forfaits mobiles eSIM. Ces derniers peuvent être activés par code QR ou une application dédiée, précise la firme de Cupertino.

Des services comme Airalo ont saisi cette opportunité pour proposer aux voyageurs d’accéder à plus de 100 eSIM aux tarifs locaux.

Plusieurs avantages… et quelques inconvénients

Les cartes virtuelles ne présentent pas que des atouts et peuvent poser problème en cas de panne de smartphone. En effet, il est alors impossible de placer une eSIM dans un autre smartphone et avoir un appareil de secours n’est donc d’aucune utilité. Dans une moindre mesure, l’utilisateur ne peut pas glisser sans carte SIM dans un autre appareil s’il n’a plus de batterie. Le fait de changer d’appareil demande également de réactiver sa ligne.

Si cela n’est pas directement lié à la technologie, on notera que le passage à l’eSIM ne présente pas un intérêt financier pour les utilisateurs. Les opérateurs continuent de facturer le passage vers une carte virtuelle ou proposent des options payantes pour les objets connectés.

Où en est-on ? Quels sont les appareils compatibles ?

Attendue depuis quelques années, l’eSIM est déjà proposé dans de nombreux pays et progresse lentement en France. Les montres connectées sont les premières à avoir délaissé la SIM physique pour une carte SIM intégrée, principalement pour des raisons d’espace.

Les Galaxy Watch de Samsung et Apple Watch sont les premières tocantes à être prises en charge par les opérateurs français. Ces derniers ont réservé un accueil timide à cette solution, mais des options Multi-SIM Appels et Internet eSIM chez Orange et Montre Connectée chez SFR sont actuellement disponibles.
Dans les deux cas, l’option est proposée au prix de 5 euros par mois auxquels s’ajoutent des frais de mise en service de 10 euros.

Apple Watch Series 5

 

© LaboFnac

Des offres pour les montres et les smartphones

Du côté des smartphones, ils sont peu nombreux à revendiquer une compatibilité avec l’eSIM. Comme pour les montres connectées, Orange et SFR sont les seuls à proposer une option eSIM. L’opérateur historique a été le premier à réagir et l’option intéressera surtout les propriétaires d’iPhone.
Orange permet à ses clients (ou ceux de Sosh) de faire une demande d’activation d’eSIM, à condition de disposer d’un appareil compatible. Dans cette courte liste, on trouve les iPhone Xs, iPhone Xs Max, iPhone Xr, iPhone 11, iPhone 11 Pro, iPhone 11 Pro Max et un représentant sous Android : le Samsung Galaxy Fold. À noter que les Pixel 3 et 3 XL de Google sont également compatibles eSIM, mais la fonctionnalité n’est pas accessible en France. La bascule vers l’eSIM depuis une carte SIM classique est facturée 10 euros, soit le même prix que pour l’envoi d’une SIM physique. En revanche, les frais d’activation de l’eSIM lors d’un renouvellement eSIM vers eSIM sont gratuits.

test iPhone 11

 

Apple est à l’heure de l’eSIM © LaboFnac

SFR propose depuis quelques jours (fin janvier 2020) l’eSIM pour les smartphones. L’option est accessible à “tous les clients SFR Mobile (sauf SFR La Carte, Multisurf, SFR Connecté Partout, SFR Internet Partout et clients SFR Business) ayant un appareil compatible”. La liste des smartphones compatibles est exactement la même que chez Orange avec la présence des iPhone les plus récents et du premier smartphone pliable de Samsung. Les frais de mise en service sont de 10 euros.

Si Free se fait très discret sur ce sujet, Bouygues Telecom se prépare à rejoindre ses deux rivaux. L’opérateur annonce sur son site : “Nous serons présents sur cette technologie et travaillons activement à cette fonctionnalité prévue pour le printemps 2020”. La liste des mobiles compatibles est déjà annoncée, elle est identique à celles des deux autres opérateurs. Enfin, Bouygues Telecom indique que les objets connectés comme les montres connectées “ne sont pas pris en charge pour le moment”.

Apple milite depuis longtemps pour l’adoption de l’eSIM et la marque à la pomme est la mieux représentée chez les opérateurs français qui propose une option eSIM, tant pour les smartphones que les wearables. L’année 2020 devrait marquer un tournant avec une adoption plus marquée de la part des quatre opérateurs principaux. Limité au Samsung Galaxy Fold en France, l’eSIM devra débarquer sur des smartphones Android plus abordables pour s’imposer auprès des utilisateurs.

Article rédigé par
Thomas Estimbre
Thomas Estimbre
Journaliste