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Canon EOS R, Nikon Z… Le point sur les nouvelles montures et les bagues d’adaptation

13 octobre 2018
Par Romain Challand

La Photokina 2018 a été particulièrement riche en nouvelles annonces, et celle d’une alliance entre Leica, Panasonic et Sigma autour d’une monture L a été particulièrement marquante. Avant cela, Canon et Nikon ont tous deux officialisé de nouveaux appareils hybrides plein format, et par conséquent de nouvelles montures spécialement étudiées pour permettre d’utiliser, via une bague d’adaptation, les objectifs qui composent leur catalogue d’appareils reflex. Et pour nous, c’est l’occasion de faire un point sur les montures et le fonctionnement des bagues d’adaptation.

Une monture, c’est quoi ?

Pour faire simple, une monture est l’interface entre le boîtier et les objectifs qui lui sont compatibles. Elle se compose de deux éléments, mâle et femelle, l’un étant disposé sur l’appareil photo, et l’autre au bas de l’objectif. Il existe plusieurs types de montures : à vis, à baïonnette, et breech-lock.

Évacuons d’abord cette dernière, qui est désormais très anecdotique hormis chez les amateurs d’appareils photo argentiques Canon. Ce type de monture se trouve être celui des Canon FD, qu’on trouve sur le célèbre AE1 notamment. Ce système est un peu particulier puisqu’il s’agit d’une culasse à verrouiller. Voyant ses concurrents proposer des baïonnettes, Canon a par la suite lancé une monture FD « New » avec un poussoir de déverrouillage de l’objectif. Mais la monture FD New restait compatible avec les anciens boîtiers.

monture breech lock

Une monture breech-lock sur un objectif FD. C’est la bague grise qui permet de solidariser l’objectif et le boîtier. © Labo Fnac

La monture à vis a connu ses heures de gloire avec les constructeurs allemands tels que Leica, Zeiss ou Voigtlander, avant de séduire aussi les constructeurs japonais. Popularisées par les systèmes M39 et M42, les montures à vis intègrent une bague permettant tout simplement de visser l’objectif au boîtier. On pourrait y voir un point commun avec la monture breech-lock, à la différence que la monture à vis occasionne des frottements entre la partie mâle et la partie femelle. Elle peut donc à terme altérer la mise au point, car la distance entre la lentille et le capteur peut légèrement varier. C’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle elle a peu à peu été abandonnée.

monture à vis

Une monture à vis (C Mount) © Wikipedia Commons

Le dernier type de monture est celui qui nous intéresse particulièrement, car la baïonnette est utilisée pour tous les produits grand public actuels. Il suffit de placer la partie mâle et la partie femelle face à face, puis de tourner de plusieurs dizaines de degrés vers la gauche ou la droite (cela dépend des montures) et lorsqu’on entend le “clic” caractéristique, la mise en place est terminée.

Des notions de diamètre et de tirage mécanique

Si tous les ingénieurs des différentes marques communiquaient entre eux et s’entendaient sur une monture unique, ce serait trop simple. Et la récente L-Mount Alliance unissant Panasonic, Leica et Sigma est le contre-exemple parfait. Pour les autres, le diamètre de monture et le tirage mécanique, c’est-à-dire la distance qui sépare le culot de l’objectif et le capteur (ou la pellicule), changent selon le système, et même au sein du catalogue d’une même marque.

Si une différence de diamètre pose problème parce qu’elle nécessite l’installation d’une bague d’adaptation, c’est surtout le tirage mécanique qui crée des incompatibilités. En effet, il doit être le même quel que soit l’objectif installé pour ne pas fausser la mise au point, notamment. Par exemple, sur un boîtier à un tirage mécanique théorique de 20 mm, il est possible d’installer un objectif destiné à un tirage mécanique théorique de 45 mm. La bague d’adaptation devra simplement combler cet écart de 25 mm.

Pourquoi Nikon, Canon et Panasonic lancent de nouvelles montures ?

En tant qu’amateur, on pourrait s’interroger sur le développement de nouvelles montures pour les hybrides de Canon et Nikon, ou plus récemment encore de Panasonic. Le développement et l’intérêt de ces boîtiers résident en effet dans un format qui se veut plus compact. Les montures Canon EF et Nikon F ont un tirage mécanique d’au moins 44 mm, qui est dû à l’utilisation d’un miroir mobile d’environ 24 mm (sa hauteur) sur les capteurs plein-format. Sur les hybrides, qui se séparent du miroir caractéristique du reflex, on peut donc gagner cet espace, et c’est pour cela que Canon a développé une monture RF au tirage mécanique de seulement 20 mm, et que Nikon a réduit celui-ci à 16 mm. Il faut d’ailleurs noter que toutes les montures hybrides possèdent un tirage mécanique inférieur à 26 mm, ce qui signifie que les objectifs pour reflex peuvent être montés sur n’importe quel hybride, à condition bien sûr que la bague d’adaptation existe.

nikon z mount

 

La monture Nikon Z comparée à la monture Nikon F © Nikon

Le développement de nouvelles montures est aussi une nécessité afin de faire face aux évolutions technologiques. Sur la monture Canon RF par exemple, on dénombre douze contacteurs électriques contre huit pour les montures EF et EF-S. Ces derniers permettent d’enrichir la communication entre le boîtier et l’objectif. Même chose chez Nikon, qui passe de 8 à 11 contacteurs électriques, et a même augmenté le diamètre de la monture, de 44 à 58 mm, afin d’autoriser la conception d’optiques plus lumineuses notamment.

Toutes les bagues se valent-elles ?

S’intéresser aux bagues d’adaptation, c’est se rendre compte qu’il existe des modèles de toutes sortes, et des prix qui vont de “très faible” à “très élevé” en passant rarement par la case “prix raisonnable”. Des dizaines de bagues à moins de 20 euros sont trouvables sur le net, mais les fabricants les plus réputés peuvent vendre ces bagues plusieurs centaines d’euros.

Ce qui justifie ce tarif élevé, c’est d’abord la qualité de fabrication de la bague, qui ne s’usera pas (ou moins) avec le temps. Les bagues bon marché risquent d’endommager la monture par une usure accélérée ou parce que certaines finitions laissent à désirer. À bas prix, il faut aussi se passer des connecteurs électroniques, et se contenter de faire la mise au point manuellement. Ceci dit, ce type de bagues est souvent prisée de ceux qui souhaitent jouer à nouveau avec de vieilles optiques argentiques qui étaient de toute façon dispensées d’électronique. Au contraire, les bagues telles que conçues par Canon et Nikon sur leurs nouveaux hybrides assurent l’intégralité de la compatibilité électronique avec les objectifs reflex.

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Article rédigé par
Romain Challand
Romain Challand
Journaliste