Depuis une quinzaine d’années, l’écran a envahi notre quotidien, qu’il soit sur les murs de nos stations de métro avec l’affichage publicitaire, sur nos bureaux de travail avec les moniteurs et ordinateurs, dans nos mains avec le smartphone, ou bien sûr dans notre salon avec la télévision. Et c’est ce dernier, qui rassemble les familles devant films et émissions, qui se trouve être le symbole de l’évolution des technologies d’affichage. Depuis le début des années 2000, la télé est devenue tour à tour plate, numérique, connectée et géante. Ces derniers mois, les constructeurs ont semé de nombreux indices sur le futur des téléviseurs. De sorte qu’il est d’ores et déjà possible d’envisager ce que sera le téléviseur de 2020. Le dernier CES de Las Vegas – le plus grand salon d’électronique du monde – a notamment été riche d’enseignements sur le futur du secteur, où l’on a par exemple pu y découvrir des modèles 8K fin prêts à être commercialisés, un écran enroulable ou encore des assistants vocaux.
La 8K approche à grands pas
En 2018, la 4K se démocratise. Dès décembre 2017, GfK annonçait que 3,3 millions de foyers français possédaient déjà un téléviseur UHD. Les prévisions avancent même que 50 % des foyers seront équipés à l’horizon 2020. Et d’ici là, c’est la 8K qui aura commencé à s’inviter dans les salons.
Si vous le souhaitez, vous pouvez même d’ores et déjà vous en procurer un, au prix de 11 999 euros. Il s’agit du modèle LV-70X500E de Sharp, commercialisé en Europe depuis la fin avril. Mais à petite échelle puisqu’il s’agit logiquement d’un produit de niche pour le moment. Cette première entrée au catalogue 8K des revendeurs spécialisés devrait évidemment motiver rapidement d’autres constructeurs. Toujours est-il qu’il n’existe pas encore de Tuner TV 8K. Cela tombe bien, ces tuner 8K sont prévus pour 2020 et les Jeux Olympiques de Tokyo.
Lors du CES 2018, Samsung a également présenté un TV QLED Q9S, décliné en deux modèles de 65 et 85 pouces, qui est lui aussi en définition 8K (7680 x 4320 pixels). Doté d’intelligence artificielle, le téléviseur permet d’ailleurs d’optimiser la mise à l’échelle (upscaling) de contenus 4K vers le 8K. Le géant coréen espère ainsi prouver qu’en attendant les contenus filmés en 8K, l’upscaling permet de mieux profiter des contenus 4K sur son TV 8K.
Plus récemment encore, TCL a annoncé la création d’une seconde usine dédiée à la production de dalles LCD et OLED, toujours en Chine, à Shenzhen. La firme chinoise évoque des dalles LCD de 65, 70 et 75 pouces en Ultra HD et en 8K, mais aussi des écrans OLED de 65 et de 75 pouces. Cette usine devrait produire ses premiers écrans d’ici trois ans, mais un autre bâtiment construit en 2016 sortira ses premières pièces d’ici l’an prochain.
L’écran doit disparaître
Vous souvenez-vous des téléviseurs cathodiques, qui nécessitaient un meuble télé de grande profondeur pour être installées ? Que de chemin parcouru depuis cette époque, et les constructeurs rivalisent d’ingéniosité pour fournir des écrans toujours plus fins. Cette course à la finesse nous a permis de voir des écrans de moins de 4 mm arriver sur le marché en 2017, notamment grâce à l’avènement de la technologie OLED. La conception même de ces dalles implique moins d’éléments et permet donc de gagner à la fois en finesse et en flexibilité. C’est le cas des écrans Signature OLED de LG avec la série W pour wallpaper (papier peint en français). Le plus fou avec ces modèles, c’est qu’ils sont déjà disponibles dans le commerce, comme le 65 pouces OLED 65W8 qu’on trouve pour 6990 euros.
La première solution pour faire disparaître un écran pourrait être de l’enrouler dans un pied. Cela demande à la fois la création – et la commercialisation surtout – d’écrans flexibles, mais également un savoir-faire design suffisamment poussé pour que le modèle fonctionne sans accroc. Lors du CES 2018, chez LG, on a ainsi pu découvrir un prototype de téléviseur enroulable, ce qui constitue une première mondiale ! Il s’agit d’une dalle OLED de 65 pouces qui vient s’enrouler dans son propre pied. L’intérêt est donc de protéger la dalle lorsque l’écran n’est pas utilisé, mais aussi de transformer l’ensemble en objet décoratif, ou presque. Évidemment, il ne s’agit pour l’instant que d’un prototype et il est bien difficile de dire quand un tel modèle sera proposé aux consommateurs. On espère en apprendre plus lors de l’IFA 2018 ou du CES 2019.
S’il est un domaine dans lequel les constructeurs rivalisent déjà nettement, c’est dans la conception de dalles transparentes. On en voit apparaître depuis 2012 et les premiers essais de Samsung er Lowe en la matière. En 2016, c’est Panasonic qui avait profité du salon de l’IFA pour présenter un téléviseur transparent OLED de 55 pouces. Le constructeur a récidivé un an plus tard, toujours à l’IFA, avec une dalle de 77 pouces cette fois. En mai dernier, c’est LG qui a dévoilé un écran OLED UHD transparent de 77 pouces. Ces solutions sont prévues pour une commercialisation en 2019, dans certaines régions du monde.
Dans le genre transparent, Samsung mise sur une autre solution : la “fausse” transparence. Avec ses derniers QLED, le Coréen propose de prendre en photo votre mur avec votre smartphone, et de télécharger la photo sur l’application SmartThings. Le téléviseur peut alors afficher un fond d’écran similaire au mur, mais au détriment de la consommation énergétique. L’avantage de ce téléviseur semi-transparent, c’est qu’il est accessible sur le plan tarifaire puisque les premiers prix débutent aux alentours de 2000 euros.
Samsung semble s’être spécialisé dans les écrans qui miment leur environnement. Il n’y a qu’à voir les modèles The Frame que vend déjà la marque pour s’en convaincre. Disponibles dans le commerce, ces téléviseurs se font passer pour des oeuvres d’art grâce à des cadres interchangeables en bois et à l’affichage de tableaux (ou de photos personnelles) lorsqu’ils sont en mode veille. Et puisqu’ils connaissent un certain succès, l’idée devrait encore se démocratiser un peu plus ces prochaines années. TCL s’en inspire d’ailleurs déjà avec son Frame TV.
Des tailles gigantesques et de la modularité
La tendance est également aux écrans géants. Les écrans de moins de 40 » semblent de moins en moins populaires dans les magasins. et il devient même plutôt régulier de voir les marques proposer des dalles de 75 pouces, voire plus. De plus, chaque évènement technologique est l’occasion de présenter des afficheurs toujours plus grands. À l’IFA, on se souvient que Sony avait exposé un modèle de 100 pouces, mais en technologie LCD.
La dernière prouesse du genre implique une nouvelle technologie d’écran : le microLED. Samsung a présenté au CES 2018 un écran microLED 4K de 146 pouces baptisé The Wall. Un écran de démonstration au contraste et à la luminosité impressionnants. Cette technologie représente clairement la réponse de Samsung à l’OLED. Si l’on en croit le premier cité, le microLED se montrerait meilleur en matière de durée de vie, de consommation énergétique, de luminosité, ou de température de fonctionnement. Évidemment, cela reste à vérifier à l’usage.
Ce qui rend cette technologie intéressante, c’est aussi le fait qu’elle implique de la modularité. Pour obtenir sa diagonale de 146 pouces, Samsung a assemblé une centaine de panneaux microLED ensemble, et il devrait donc être possible de commander un jour des écrans parfaitement adaptés à nos besoins. À l’inverse, Apple travaillerait au développement d’écrans microLED pour montres et smartphones.
Avant Samsung, Sony avait présenté une solution microLED (CLEDIS) à destination des professionnels. Il avait assemblé 144 panneaux et obtenu un écran de presque 10 mètres de long pour 3 mètres de haut. Mais c’est bien Samsung qui devrait être le premier à introduire cette technologie dans les salons.
Vers des écrans toujours plus intelligents
Avec l’avènement des assistants vocaux, il est difficile de ne pas imaginer un avenir toujours plus connecté pour la télévision. Les écrans ont vocation à devenir le hub de la maison connectée, et plusieurs constructeurs commercialisent déjà des téléviseurs avec Google Assistant, par exemple. En 2020, demander l’extinction d’une lampe à son téléviseur ne devrait être qu’une formalité, tout comme lancer vos playlists Spotify ou votre série Netflix.
Le téléviseur a aussi absorbé les décodeurs, magnétoscopes et autres lecteurs DVD, et la prochaine cible pourrait être la console de jeux vidéo. Certes, les plateformes de Smart TV fourmillent déjà de jeux. Et ils sont même souvent assez aboutis sur Android TV. Néanmoins, pour convaincre les vrais gamers, il va falloir faire mieux. Le cloud gaming sera sans doute l’arme fatale pour les faire craquer. Cette technologie qui devient de plus en plus mature permet de jouer à des jeux très exigeants sur un matériel peu puissant, à condition d’avoir une excellente connexion Internet. On peut par exemple imaginer à l’avenir que Sony intègre son service de jeux en ligne « PlayStation Now » directement sur ses téléviseurs.