La composition, le choix de la focale, le cadrage aident à illustrer le point de vue du photographe, ils apportent un éclairage utile sur ses intentions.
Selon que l’on réalise un portrait ou un paysage, un détail d’architecture ou un évènement sportif, le cadrage et la composition doivent être pensés avant le déclenchement, car ceux-ci apportent des informations essentielles pour comprendre la vision personnelle que souhaite transmettre le photographe sur son sujet (importance du sujet photographié dans son environnement ; vision morale, sociale, intimiste, décorative, informative…).
Bref ce sont à la fois la composition et le cadrage qui orientent le spectateur pour que celui-ci chemine dans le sens voulu par le photographe.
En terme de composition il est important de se soucier de la manière dont le regard va circuler dans l’image. Une composition qui marche c’est un regard qui se déplace naturellement selon les désirs du photographe.
Les lignes de fuites ou de convergences (repérées par des flèches jaunes ci-dessous) peuvent servir à guider le regard vers les points forts de la photographie. Il faut en général éviter les zones vides qui n’apportent pas d’informations utiles au sujet et dans lesquelles le regard peut se perdre et « quitter » l’image. Dans l’exemple ci-dessous de la Tour Eiffel, j’ai évité une dispersion trop gênante du regard dans les coins supérieurs de l’image en accentuant le vignettage. Le regard est ainsi encouragé à ne pas quitter l’image et à rester concentré sur les éléments principaux de la scène (cadres rouges). Mais ce n’est là qu’un artifice qui n’est pas une règle absolue. Bien au contraire ! Tout est affaire de sensibilité et il n’y aucun dogmatisme en la matière!
Dans la photo de Lisbonne ci-dessous, le regard suit le parcours naturel du cadre formé par le belvédère pour aller se poser sur les points forts de la composition. L’architecture est donc ici volontairement utilisée comme moyen de border mes zones importantes et y faire naviguer le regard. Notons au passage la présence (providentielle) des branches de lierres qui comblent le vide d’un ciel trop uniforme à mon goût, attirant alors le spectateur vers l’une des zones essentielles de la scène (ici une croix et une petite église juxtaposée). Un hasard qu’il faut aussi savoir cueillir et mettre en situation au moment du déclenchement 🙂
Vous noterez aussi qu’il est souvent déconseillé de placer les zones importantes de son image au centre de la composition. C’est ce qu’on appelle la règle des tiers, règle héritée de celle dite du « nombre d’or » (bien connue des peintres). Pour faire bref, disons que si je sépare mon image en 3 parties horizontales et verticales, je vais tacher de positionner les points forts de la scène dans un tier ou deux fois un tier horizontal ou vertical de ma composition.
Pas facile de comprendre comme ça, mais un dessin vaut mieux qu’un long discours :
On remarquera ici que nos 2 éléments principaux sont positionnés dans les zones C (3ème tier horizontal) & C1 (premier tier vertical). Bien-sûr ce n’est pas une règle stricte et la photo de la Tour Eiffel présentée précédemment, bien centrée, est là pour contredire ce fameux nombre d’or…
En terme de cadrage, il faut savoir aussi tourner autour de son sujet et ne pas hésiter à se baisser, voir à s’accroupir à plat ventre si le besoin s’en fait ressentir ! A ce sujet, lisez ici le post de Daniel Rocha très instructif.
Pour la photo de chat réalisée ci-dessous, je me suis mis à plat ventre, étendu de tout mon long sur le sol, pour cadrer le regard de l’animal à hauteur de mes yeux. La même photo prise de plus haut ne donnerait pas cet effet de portrait intéressant. Il faut donc ne pas hésiter à se contortionner et à bouger autour de son sujet pour obtenir des cadrages pertinents 😉
Enfin pour finir, le cadrage est aussi lié à la focale de l’objectif. Voici quelques visuels pour mieux comprendre les choix à faire selon les sujets (ci-dessous un même sujet pris au même endroit mais avec 2 focales différentes) :
Quelle focale utiliser alors ? Voici un petit guide explicatif :
Pour rapprocher un sujet lointain, on utilisera donc de préférence une focale supérieure à 50mm. Inversement pour avoir une vision plus large d’une scène (paysage, évennements de rue, architecture…) on choisira une focale en-dessous de 50mm (ex: 35/28/ 24mm…)
Voilà. Au terme de cette leçon vous aurez moins de difficulté à maîtriser votre composition, afin de restituer au mieux votre sensiblité et vos émotions vécues au moment du déclenchement.
Notre prochaine leçon abordera le thème du Noir & Blanc !
