Alors que le blues fête plus d’un siècle d’histoire, une nouvelle génération d’artistes venus des quatre coins du monde ravive la flamme avec fougue et authenticité. De l’Allemagne à la Nouvelle-Zélande en passant par l’Italie, Blue Deal, Atua Blues et Matt Pascale perpétuent l’héritage des maîtres tout en affirmant une signature résolument contemporaine.
En ce début de 21e siècle, des artistes de toutes nationalités perpétuent la tradition. Après des noms aussi prestigieux que B.B. King, Muddy Waters, Buddy Guy, Robert Johnson, John Lee Hooker ou Keb’Mo’, une nouvelle génération prend le relais avec brio. Parmi eux, Matt Pascale, Atua Blues et Blue Deal. De Nouvelle-Zélande, d’Allemagne ou d’Italie, ils affirment leur style tout en respectant la tradition. Zoom sur trois albums où le blues traverse les frontières, les styles et les époques – et prouve qu’il n’a jamais été aussi vivant.
Blue Deal – Make A Change
Après Holy Ground (2022) et Can’t Kill Me Twice (2024), Make A Change s’inscrit dans cette même dynamique, bonifiant à la perfection tout le savoir-faire du groupe allemand. Il suffit d’écouter le triptyque en ouverture du disque pour s’en persuader : c’est puissant (Bad Boogie Woman), émouvant (Easy To Hurt) et terriblement addictif (Another Reason).
Le reste de l’album est évidemment à l’avenant, que le propos soit très influencé par Prince (Make a Change), engagé (Get It Done), slow-blues (Greenland Shark) ou à la limite du funk (Two Hearts). Autant de preuves irréfutables que Blue Deal est une figure incontournable de la scène blues rock actuelle.
Atua Blues – Two Roots
Le duo Atua Blues, composé du phénomène blues maori Grant Haua et du chanteur des Supersoul Brothers David Noël, naît de leur rencontre en 2022. Avec Two Roots, les deux artistes confrontent différentes époques du blues. Sur Please, la voix est profonde et pleine de soul. De son côté, I Get The Blues s’illustre comme la quintessence du « slow blues », tandis que Who’s Gonna Save My Soul rend hommage au « Delta blues ». À noter la poignante reprise du mythique Amazing Grace.
Ces onze chansons, portées par l’incroyable guitariste de Nouvelle-Zélande et le charismatique chanteur, sont acoustiques, profondément blues et ancrées dans le rock et la soul, leur milieu d’origine respectif. Ici, le blues se joue des frontières et du temps.
Matt Pascale & The Stomps – Home
Le second album du guitariste Matt Pascale sent bon le Stevie Ray Vaughan, le Eric Gales ou le Mark Knopfler, quelques-unes de ses influences. Dans son groupe The Stomps, deux Italiens, un Turco-hollandais et un Suisse – preuve que le blues est présent partout sur la planète. Sur Home, l’artiste italien livre 12 titres dont il assure chant et guitare.
Un album endiablé, nourri de rock sudiste, de blues pur et de grooves saisissants, teinté de soul et de funk. Ce cocktail explosif et imparable fait la part belle au blues rock, qui domine très largement, comme sur Lost & Found, Hide & Seek ou Mr No Money. Parfois, le blues se fait aussi soul, accentué par la voix rocailleuse de Matt, notamment dans Sugar Mama ou Old Angel. Un bel opus de blues contemporain.
Lexique :
Delta Blues : Le blues du Delta vient de la région du Mississippi et est considéré par beaucoup comme le berceau du genre. Au départ, il était la toute première forme de musique noire dominée par la guitare – atteignant son point culminant dans les années 1920-1930. Slide guitare, chants profonds chargés en émotions et textes poétiques en sont les principales caractéristiques. Ses leaders ? Son House, Muddy Waters, Charley Patton, R.L. Burnside, Robert Johnson… Aujourd’hui, il est toujours présent, comme dans l’œuvre de Charlie Musselwhite par exemple.
Rock sudiste : Il est naît du blues rock des années 1960 et se développe tout au long des années 1970. En réalité, une grande partie du hard-rock américain des 70’s était du rock-sudiste. Les Allman Brothers puis Grateful Dead, Lynyrd Skynyrd, Molly Hatchet et les ZZ Top en ont signé les grandes heures. Jouer du blues plus fort avec la guitare et donner place à de longues improvisations : tel était le rock sudiste. On considère que les années 1980 marquent la fin de cette tendance – bien que les Black Crowes et Widespread Panic en aient perpétué l’esprit dans les années 1990.
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