Nikon lance la ZR, sa première caméra cinéma conçue avec RED. Proposée à un tarif agressif, elle vient directement défier les modèles établis de Sony et Canon sur le segment de l’entrée de gamme professionnelle.
Moins de deux ans après l’acquisition de la firme américaine RED Digital Cinema, Nikon dévoile le premier résultat tangible de cette union. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’attente en valait la peine. En effet, il ne s’agit pas d’un simple appareil photo doté de fonctions vidéo avancées, mais d’une véritable caméra pensée pour le cinéma : la Nikon ZR.
Ce lancement confirme l’intention claire du constructeur japonais de s’imposer sur un marché jusqu’ici dominé par des acteurs comme Sony et Canon. Pour y parvenir, Nikon ne mise pas seulement sur la technologie, mais aussi, et surtout, sur un argument commercial percutant : son prix.
Un positionnement tarifaire pour rebattre les cartes
La première information communiquée par Nikon concernant sa ZR a de quoi surprendre. La caméra est annoncée au prix public conseillé de 2 349 €. De plus, une offre de lancement propose jusqu’à fin 2025 une remise de 150€ TTC pour l’achat d’une ZR + accessoire (hors optiques, de marque Nikon ou autre pour un ou plusieurs accessoires de minimum 150€ TTC). Ce tarif n’est pas anodin. Il place la ZR très agressivement face à ses rivales désignées. À titre de comparaison, la Sony FX3 a été lancée aux alentours de 4 700 €, tandis que la très récente Canon EOS C50, elle-même positionnée pour bousculer le marché, s’affiche au prix public conseillé de 3 799 €. Nikon frappe donc fort en proposant un produit presque deux fois moins cher que le modèle de Sony et près de 50% moins onéreux que celui de Canon. Bien sûr, il faudra voir ce que valent tous ces modèles à l’usage.
Mais cette stratégie tarifaire semble clairement calculée pour attirer une large cible, des vidéastes indépendants souhaitant accéder à un écosystème professionnel aux plus grosses productions cherchant une caméra secondaire performante sur le papier, et cohérente avec leur matériel principal. Toutefois, un prix seul ne fait pas à lui seul un produit. Que propose la ZR sur le plan technique pour justifier ses ambitions ?

Un cœur technique « hérité »
Pour développer rapidement la ZR, Nikon s’est appuyé sur une base technique éprouvée. La caméra embarque en effet le duo capteur/processeur du boîtier hybride Z6 III, lancé l’an dernier. On retrouve donc un capteur plein format de 24,5 mégapixels à technologie semi-empilée, associé au processeur Expeed 7. Cette filiation garantit des performances aussi solides que déjà connues, notamment un autofocus véloce capable de reconnaître neuf types de sujets différents.
Mais il serait réducteur de taxer le nouveau ZR de simple clone. L’ensemble a été repensé pour un usage exclusivement vidéo. La caméra se passe ainsi d’obturateur mécanique, s’appuyant sur la lecture rapide de son capteur. De plus, elle intègre un système de refroidissement entièrement passif, une conception sans ventilateur qui assure un fonctionnement silencieux tout en permettant des sessions d’enregistrement prolongées, jusqu’à 125 minutes sur alimentation secteur. La stabilisation mécanique du capteur sur cinq axes, un atout face à certains concurrents, vient compléter cette fiche technique.
L’intégration de RED : bien plus qu’un logo
La véritable valeur ajoutée de la ZR réside toutefois dans l’intégration poussée du savoir-faire de RED. Le partenariat ne se limite pas au « R » dans le nom du produit, il infuse toute la chaîne de traitement de l’image. La caméra hérite ainsi de la science des couleurs qui a fait la réputation de la marque américaine. Elle gère en natif le très large espace colorimétrique REDWideGamutRGB et la courbe gamma Log3G10, garantissant une flexibilité maximale en post-production.
Les vidéastes pourront enregistrer leurs séquences en interne dans trois formats RAW différents : le N-RAW de Nikon, le ProRes RAW d’Apple, et surtout le R3DNE, une variante du codec de RED. Avec une plage dynamique annoncée comme supérieure à 15 diaphragmes et un double ISO natif (800/6400), la ZR promet une qualité d’image digne de productions bien plus coûteuses. C’est là que la stratégie de Nikon prend tout son sens puisque la marque japonaise entend tout simple proposer « la RED la moins chère de l’histoire ».

Une ergonomie et des fonctionnalités pour les vidéastes
La conception de la ZR a été guidée par les besoins des tournages. Dépourvue de viseur, comme la plupart de ses concurrentes, elle mise tout sur son écran arrière pivotant de 4 pouces. Particulièrement grand et bien défini (3070K points), il offre une luminosité annoncée à 1000 cd/m² et un format 16/10 pratique pour afficher les informations de tournage sans empiéter sur l’image. Un mode vertical soigné, tant au niveau de l’interface que des métadonnées, répond également aux exigences des productions pour les réseaux sociaux.
Quelques compromis ont néanmoins été faits au nom de la compacité. Le boîtier est ainsi dépourvu de pas de vis pour accessoires, à l’exception de celui situé à sa base. La sortie vidéo se fait via un port HDMI de type D (micro), qui nécessitera un adaptateur pour se connecter à la plupart des moniteurs externes. De même, l’enregistrement en RAW n’est possible qu’en interne sur la carte CFexpress Type B, et non via la sortie HDMI ou un SSD externe.
Le son, un aspect loin d’être négligé
Nikon a porté une attention particulière à la partie audio. La ZR est la première caméra de cette gamme à proposer l’enregistrement en 32 bits flottant. Ce format, qui enregistre une plage dynamique si vaste qu’il élimine pratiquement les risques de saturation ou de signal trop faible, est disponible aussi bien pour les micros internes que pour les sources externes. Pour accompagner ce lancement, Nikon propose aussi un nouveau micro canon, le ME-D10, qui se connecte à la griffe multifonction et offre lui aussi cette qualité d’enregistrement.
Avec une disponibilité annoncée pour le 16 octobre 2025 en France, la Nikon ZR a tous les atouts sur le papier pour secouer son marché. En combinant une base technique solide, l’expertise reconnue de RED en matière d’image et un tarif extrêmement compétitif, Nikon ne se contente pas de lancer un nouveau produit, il lance carrément un défi à l’ordre établi.