Décryptage

Pourquoi Frankenstein fascine-t-il toujours autant ?

28 août 2025
Par Lucile B.
Pourquoi Frankenstein fascine-t-il toujours autant ?
©Netflix

Créature composée de morceaux de corps morts et ramenée à la vie par un savant suisse, Frankenstein continue de fasciner et d’inspirer le cinéma. À l’occasion de la présentation du long-métrage de Guillermo del Toro à la Mostra de Venise 2025, et avant sa diffusion sur Netflix le 7 novembre prochain, zoom sur le mythe de ce monstre fascinant.

En 1818, l’autrice britannique Mary Shelley publiait anonymement son œuvre Frankenstein ou le Prométhée moderne, dont les prémices avaient été rédigées lors d’un séjour en Suisse entre amis. Au sein de ce récit, elle conte l’histoire d’une créature façonnée de bouts de chair, ramenée à la vie par un savant, le docteur Frankenstein qui, une fois face à sa création, prend peur et décide de l’abandonner.

À partir de
5,80€
En stock
Acheter sur Fnac.com

Sous forme de récit enchâssé, ce roman gothique, qui rencontrera un succès immédiat, souligne le rejet de la société envers ce monstre doté de sensibilité et d’intelligence. Un écrit à la fois horrifique et philosophique qui rend ses lettres de noblesse à un genre décrié.

Depuis sa création, la créature, rebaptisée Frankenstein par ses lecteurs, et devenue figure mythique de la culture populaire, fait l’objet de nombreuses adaptations, souvent éloignées du récit originel. Que ce soit au cinéma, au théâtre, dans le domaine vidéoludique ou encore du côté de la bande dessinée, le monstre sensible s’est invité dans bien des médiums.

Et en 2025, c’est à la Mostra de Venise qu’il fait son grand retour avec Frankenstein de Guillermo del Toro, présenté en avant-première mondiale ce 30 août. L’intrigue de ce drame SF horrifique s’oriente autour du Docteur Pretorious (Christoph Waltz), partant en quête du monstre (Jacob Elordi) afin de reprendre les expériences abandonnées de son créateur (Oscar Issac).

Mais il faudra patienter jusqu’au 7 novembre 2025, pour découvrir ce long-métrage intrigant en streaming sur Netflix – au grand dam des cinéphiles qui auraient préféré voir cette oeuvre baroque projetée en salle.

En attendant, décryptage de cette figure incontournable du cinéma fantastique.

Aux origines de la créature

De tous les monstres de la culture populaire – Dracula et autres loups-garous – Frankenstein se démarque singulièrement. Rompant avec les incarnations des peurs archaïques, la créature de Mary Shelley se veut moderne et synonyme de progrès. Car ce personnage littéraire est né sous la plume de l’autrice anglaise au 19e siècle, moment de l’Histoire où les avancées scientifiques étaient fulgurantes.

On pense que Shelley s’est inspirée de l’expérience du physicien et inventeur italien Luigi Galvani – qui se servait du courant électrique pour engendrer des réactions musculaires sur une grenouille inanimée – afin de façonner son récit. Une théorie d’autant plus plausible que l’expérience a été réitérée des années après par le neveu de Galvani, Giovanni Aldini, qui s’essaya sur des animaux plus imposants, avant de tenter ses pratiques sur des corps humains.

Luigi Galvani – AnthroWiki

© De viribus electricitatis in motu musculari

Ainsi, la figure de Frankenstein cristallise la fascination et la peur liée à la science, révélant une certaine ambiguïté entre le créateur et la créature. Animé par une soif de pouvoir insatiable, l’homme se tourne vers ce que les croyances populaires présentent comme l’ultime source de savoir : Dieu. Cherchant à s’en rapprocher, le savant se montre audacieux dans ses expérimentations. Mais, à se prendre pour Dieu, l’homme en devient monstrueux. Cela soulève alors une question : qui est le véritable monstre de l’histoire de Shelley ? Victor ou sa création ?

Un mythe sur mesure pour le cinéma

Le septième art, lui-même assemblage de morceaux (image et son), ne pouvait que s’éprendre de la figure de Frankenstein. La créature malléable trouve sa première incarnation au cinéma dans le court-métrage d’horreur muet réalisé par J. Searle Dawley. Avec ses filtres de couleurs et ses nuages de fumée – des procédés caractéristiques du cinéma des premiers temps – l’œuvre mystifie le personnage de Mary Shelley et lui ouvre les portes d’un nouveau médium.

C’est en 1931, avec le film culte du cinéaste James Whale, que Frankenstein fige son apparence dans l’imaginaire collectif. Dans le long-métrage, l’acteur britannique Boris Karloff apparait, teint blafard, front démesuré et boulons dans le cou. Naît ainsi l’iconographie type du monstre littéraire.

Et le cinéma n’a de cesse de l’aimer. S’ensuivront nombre de films abordant cette nouvelle figure de l’horreur. Parmi les plus notables, La Fiancée de Frankenstein (1935) – qui reprendra vie courant mars 2026 avec le très attendu The Bride ! de Maggie Gyllenhaal -, la série des sept films du studio Hammer et enfin, l’inoubliable long-métrage de Kenneth Branagh, dans lequel Robert De Niro incarne la créature, dans une version très fidèle au livre de 1818.

Les métamorphoses du monstre

Façonné de toutes pièces, Frankenstein se prête aux mutations culturelles. Parodies et détournements engendrent des variantes de la créature, désormais déclinée sous différentes formes… et genres.

Frankenstein : Photo Jacob Elordi

Frankenstein, Guillermo del Toro, 2025 : Jacob Elordi © Netflix

Qu’il soit enfant, chien dans le Frankenweenie de Tim Burton, ou encore robot, le personnage démultiplié se concentre toujours autour de deux thématiques universelles : l’altérité et l’acceptation. Des notions essentielles véhiculées dès l’enfance par ce monstre attachant que l’on aime retrouver dans la quadrilogie d’animation Hôtel Transylvanie.

19,99€
25€
En stock
Acheter sur Fnac.com

La figure monstrueuse se retrouve également magnifiée, débarrassée de sa réputation de créature décérébrée. Avec Pauvres Créatures, une forme de réinvention du mythe, Yórgos Lánthimos nous donne à voir Bella Baxter, Frankenstein moderne, ramenée à la vie par le docteur Godwin (Willem Dafoe). Tout au long du film, le personnage incarné par Emma Stone va s’élever, dépasser sa candeur infantile, s’affranchir du joug de son créateur et s’accomplir en tant que femme érudite et émancipée. La création dépassant ainsi le maître.

15€
19€
En stock
Acheter sur Fnac.com

En somme, Frankenstein est une figure d’éternel recommencement, réassemblée par nombre d’auteur·rice·s, de cinéastes et d’acteur·rice·s. Des générations qui, tour à tour, se réapproprient la créature et lui redonnent vie.

À lire aussi

Decouvrez cette série

Article rédigé par
Lucile B.
Lucile B.
Rédactrice fnac.com
Sélection de produits