Actuellement à l’affiche du spectacle « Le Premier Sexe ou la Grosse arnaque de la virilité », Mickaël Délis est auteur, comédien, scénariste, metteur en scène, danseur, enseignant… Si vous ne le connaissez pas encore, on prend le pari que vous allez en entendre parler rapidement. Et d’ici là, vous aurez eu l’occasion de le croiser ici, « en rayon », pour le découvrir autrement…
Un livre de chevet ?
En ce moment, c’est la trilogie new-yorkaise de Paul Auster, après avoir englouti Moon Palace cet été.
L’œuvre qui a le plus changé votre vision de la vie ?
La Recherche du temps perdu. Un choc. Œuvre repère. La puissance de la langue, la folie du regard et l’humour fou retournent mon cerveau d’étudiant à 20 ans.
Le livre / L’œuvre qui pourrait nous aider à déconstruire nos codes ?
Olivia Gazalé, Le mythe de la virilité, un piège pour les deux sexes. Ouvrage théorique qui se lit comme un roman, passionnant et gorgé d’anecdotes et faits historiques aussi ahurissants qu’éclairants.
En tant que spécialiste de littérature américaine/anglaise, quelles œuvres conseilleriez-vous à quelqu’un qui ne s’y connaît pas du tout ?
Je suis soulagé qu’il y ait un pluriel, car je serai incapable de n’en citer qu’une…
- Le théâtre de Pinter, de Bond, de Kane, Tennessee Williams, Edward Albee – liste non exhaustive.
- Tout Virgina Woolf (Mrs Dalloway et Les vagues pour commencer)
- Tout Bukowski, sans oublier sa poésie qui est dingue.
- Truman Capote : De Sang Froid, Breakfast at Tiffany’s
- Les romans de Safran Foer, Me voici ou Extrêmement fort et incroyablement près, récemment adapté avec talent par Cédric Aussir pour France Culture.
- La poésie de Sylvia Plath et d’Emily Dickinson.
- Et bien entendu Shakespeare, l’inégalable monument du théâtre, sans oublier ses sonnets sublimes.
Le dernier livre qui vous a transporté ?
Le Ciel Ouvert de Nicolas Mathieu.
Les spectacles qui vous ont le plus impressionné ou inspiré ?
- Falaise de Baro d’Evel, chef d’œuvre absolu
- Tout Pommerat, Ca ira en tête, une claque de 4h30 sidérante !
- Mère de Wajdi Mouawad
- Les deux solos de François de Brauer, La loi des prodiges et Rencontre avec une illuminée
- L’après-midi d’un foehn de Phia Ménard
- Le dernier Caravansérail d’Ariane Mnouchkine
D’ailleurs, l’inspiration, on la trouve où ?
Partout ! Au musée, dans les livres, à la radio, au théâtre, sur la plage, dans la forêt, à la table d’un restaurant ou sur la vitrine d’une pâtisserie, dans la rue, avec les amis, les parents, et bien entendu avec l’amour.
Profil boulimique compulsif totalement avoué, j’ai besoin d’ingérer beaucoup avant d’accoucher d’un spectacle ou d’un texte.
Le film de votre vie, ce serait… ?
Call me by your name, Ou La Cité de la peur. Grand écart de registre… Et la claque récente avec Emilia Perez pourrait ajouter à l’éclectisme de cette sélection !
Le film plaisir coupable ?
Je ne me sens jamais coupable, même devant un gros navet. Je me sentirais peut-être coupable d’avoir infligé 70 Dirty Dancing à ma mère et à mon frère… Mais je crois qu’ils étaient contents eux aussi de voir Patrick et Bébé danser.
Votre BO de film préférée ?
Votre top de séries que vous conseillez à tout le monde ?
Flea Bag !!! Rien n’a jamais été fait d’aussi génial, hilarant et brillant. Phoebe Waller Bridge est une génie.
Mais aussi…
- The end of the fucking world
- It’s a sin
- The Crown
- P’tit Quinquin
- Breaking bad
- Et la fascinante série Sambre
Ah oui, alors la culpabilité, c’est peut-être côté série. Dans le genre coupable, archi coupable : Gossip Girl, mais vraiment, faut pas le dire !
Ado, vous étiez fan de qui ? Et ça perdure ?
Britney Spears. En cachette. Et j’ai la grande tristesse de dire que ça perdure moyen. Les vidéos insta en mini culotte filmées dans le salon sont un summum de cafard-tristesse. Mais tendresse éternelle pour cette jeune femme que l’industrie de la musique, la célébrité dans son obscénité paroxystique et la patriarcat pur et dur auront littéralement dézinguée.
Une célébrité disparue avec laquelle vous aimeriez dîner ? Vous parleriez de quoi ?
Agnès Varda. On parlerait de la mer. De ses chats. De la poésie du monde. Et puis Bacri aussi, pour dire la souriante tristesse du monde et se faisant deux trois répliques de Cuisine et Dépendances.
Si Proust, Picasso et De Staël veulent se greffer, on ouvre la table.
Et si Amy Winehouse veut chanter pendant le dîner pour la bande son, welcome.
Un album culte ou un artiste culte ?
Bon allez, j’assume : Céline. D’eux. Y’a pas un morceau qui ne me fasse pas démarrer au quart de tour.
Le morceau qui vous donne la pêche ?
Crazy In Love, de la queen Beyoncé. Je suis debout sur la table dès les premières notes.
Ecrivez-vous en musique ?
J’écris en pensant à de la musique, beaucoup, tout le temps – qu’elle soit pop, classique, instrumentale, r’n’b… Des scènes de spectacles dépendent même de certains morceaux, mais je n’en écoute pas en écrivant, parce que la musique des mots et la nécessité du sens imposent le silence pour émerger.
La Fnac, pour vous, c’est…
THE référence culture dans la famille, avec le souvenir précis de mon oncle maternel Jean-Jacques qui, quand j’étais enfant, réservait tous ses concerts et achetait tous ses disques par elle.
Votre actualité ?
Le Premier Sexe ou la Grosse Arnaque de la Virilité joue jusqu’au 27 novembre prochain à la Scala.
La Fête du Slip ou le pipo de la puissance, deuxième volet de la Trilogie du Troisième Type, sera repris en mai et juin à la Reine Blanche à Paris du 23 mai au 15 juin.
Et Les Paillettes de leurs Vies ou la paix déménage, dernier volet de la trilogie, sera créé au même moment en alternance, du 23 mai au 15 juin à Paris.