Popstar autant qu’actrice, fashionista autant qu’artiste authentique… Stefani Germanotta, plus connue sous le nom de Lady Gaga, cumule bien des épithètes. De retour au cinéma pour Joker : Folie à deux, aux côtés de Joaquin Phoenix, la comédienne-chanteuse sort un album inspiré du fameux vilain de Batman qu’elle incarne, Harley Quinn. Portrait d’une reine des projets audiovisuels.
Lady Gaga, le coup de folie
D’un spectacle l’autre : la suite de Joker se nomme Joker : Folie à deux. Et si le terme « folie à deux » renvoie évidemment à la santé mentale du personnage principal et son délire partagé, il désigne également ces maisons de plaisir installées en bordure des parcs européens au XIXe siècle, et plus tard les spectacles à grande échelle donnés dans les music-halls (ce qui explique le succès de la salle des « Folie-Bergères », et plus tard, à New York, des Ziegfield Follies).
Au moment de composer le casting de ce second volet, Todd Phillips s’est donc naturellement tourné vers une actrice à la théâtralité naturelle – on se souvient de son truc en plume en ouverture des J.O. 2024 – pour incarner Harley Quinn. Alter ego féminin du Joker, créé dans le dessin animé Batman, cette jeune femme est dotée d’une personnalité musicale affirmée dans le film. Lady Gaga réunissait donc bien des atouts pour interpréter ce rôle délirant et créatif, qui semble taillé pour le personnage artistique qu’elle s’est construit au cinéma et dans la musique.
Popstar pour les yeux et les oreilles
En 2008, à la faveur des singles Just Dance et Poker Face, le grand public découvrait Lady Gaga, jeune chanteuse américaine devenue la protégée du producteur electro-pop RedOne. Rapidement, à l’aide d’un storytelling impeccable, de hits dansants et d’une identité visuelle forte, l’artiste est devenue la coqueluche des médias, relayant chacun de ses faits et gestes. Durant la phase de promotion de The Fame, son premier album, et surtout avec la réédition augmentée The Fame Monster, les clips accompagnant chaque tube (Bad Romance, Alejandro, Telephone) ont gagné en ambition. Leurs emprunts à la mode contemporaine, leurs décors conceptuels et leur caractère cinématographique (en particulier Telephone, avec Beyoncé, inspiré du cinéma de Tarantino) rappellent les grandes heures de la pop des années 1980, et notamment la convergence des arts chère à Madonna – entre danse, mode, musique, cinéma, mode…
Make-up, paroles, apparence : chez Lady Gaga l’univers se fait un défilé de création à la marge. Ses fans se nomment Little Monsters, et l’exaltation des « freaks », ces créatures du cirque qui ont notamment donné le film Freaks : La Monstrueuse parade de Tod Browning, transpire à chaque projet artistique. Voilà qui fait déjà un point commun avec son futur rôle d’Harley Quinn, nourri de référence aux arts circassiens.
Un monde de son, puis d’image : Lady Gaga sur petit et grand écran
En 2011, Lady Gaga est, avec Katy Perry, l’une des artistes les plus populaires du monde. Son album Born This Way, sa robe en viande, son rôle de marraine du fils d’Elton John, ses duos avec Tony Bennett, ses nombreux clips… L’installation de l’artiste dans le paysage pop mondial se fait claire et massive. Une tournée mondiale, un album (Artpop), une apparition cinématographique (Sin City 2 : J’ai tué pour elle) et un Grammy Award plus tard, l’artiste a une révélation, durant la cérémonie des Oscars 2015. A cette occasion, elle chante en effet un medley des morceaux phares de la comédie musicale La Mélodie du bonheur. Sans son extravagance habituelle, l’artiste bluffe le public par son authenticité et sa capacité à interpréter de la pop classique.
La même année, elle accomplit un de ses rêves les plus fous : devenir actrice à part entière. Avec le rôle d’Elizabeth (la Comtesse) dans la saison 5 de la série American Horror Story, la chanteuse montrait qu’elle avait plus d’une corde à son arc, avec un rôle exacerbant son côté freak et son goût pour les tenues excentriques. Aux côtés de Kathy Bates, Chloë Sevigny ou encore Angela Bassett, Lady Gaga excellait douze épisodes durant.
Pour la première fois dans sa carrière, le rôle et l’ambiance de la série vont alors infléchir la trajectoire musicale de la chanteuse : Joanne, son cinquième album, s’inspire en effet de ce tournage, et brille par une approche plus acoustique et rock qu’à l’accoutumée.
Nantie d’une nouvelle aura, en tant que comédienne et en tant que chanteuse, Lady Gaga crève l’écran en 2018 avec l’un des rôles de sa vie : Ally Campana dans A Star is Born que dirige et interprète Bradley Cooper. Ce remake d’Une étoile est née, porté par une bande originale enthousiasmante, réunit comédie musicale et romantique et triomphe au box-office. Avec le duo Shallow, les deux acteurs principaux se hissent d’eux-mêmes en haut des charts.
Joker : Folie à deux : l’art total selon Lady Gaga
Malgré une date de sortie en plein confinement, le dernier disque studio de Lady Gaga non-lié à un projet cinématographique a particulièrement bien fonctionné : Chromatica, conçu comme un retour assumé à l’electro-dance, a ravi nombre de fans nostalgiques.
En parallèle de l’album, c’est encore sur les plateaux que la jeune femme a rebondi, cette fois avec le rôle réel de la meurtrière de Maurizio Gucci dans House of Gucci, réalisé par Ridley Scott. Un rôle majeur pour l’artiste, accompagné cette fois par rien moins qu’Al Pacino, Adam Driver et Jared Leto.
Un an plus tard, en 2022, le lancement du tournage de Joker : Folie à deux a plongé Lady Gaga dans une phase créative sans limites. Outre, bien sûr, son personnage d’Harley Quinn, et ses chansons à retrouver sur la bande originale officielle du film, l’autrice de Born This Way a créé un disque complet de chansons originales inspirées de son rôle, Harlequin. Disponible en CD et vinyle ce 11 octobre, cet opus innove : l’artiste l’a écrit dans la peau du personnage d’Harley Quinn, prolongeant ce rôle qui marque à nouveau l’ascension cinématographique de cette star hors-norme !