Critique

Avec « Memoir of a Sparklemuffin », Suki Waterhouse confirme ses ambitions de popstar

13 septembre 2024
Par Pauline Weiss
Avec "Memoir of a Sparklemuffin", Suki Waterhouse confirme ses ambitions de popstar
©Jeremy Soma

Après un premier album sorti en 2022, un rôle important sur le petit écran et une vie privée sous les feux des projecteurs, Suki Waterhouse a terminé son second album alors qu’elle s’apprêtait à devenir mère. Avec le riche « Memoir of a Sparklemuffin », disponible ce 13 septembre, l’Anglaise installée à Los Angeles confirme ses talents d’artiste. Et on vous dit tout le bien qu’on en pense.

Sa carrière a commencé avant même sa majorité, dans des publicités et des magazines. D’abord mannequin, la Londonienne Suki Waterhouse, née en 1992, a fait partie des visages familiers du début des années 2010, aux côtés des it girls du moment (Alexa Chung, Georgia May Jagger, Cara Delevingne…). Au fil des années, la jeune femme s’est un peu illustrée au cinéma, puis sur le petit écran, dont le point d’orgue a été la sortie de la série Prime Video Daisy Jones and the Six, en 2023.

Le tournage de ce show, où elle jouait une musicienne des années 1970 aux côtés de Riley Keough et Sam Claflin, l’a convaincue de se remettre à la musique. Après avoir sorti quelques morceaux entre 2016 et 2020, Suki Waterhouse ne se sentait pas vraiment prête à ouvrir ce chapitre-là.

À l’approche de la trentaine, le tournant musical est apparu comme une évidence. En 2022, son premier album I Can’t Let Go convainc avec des textes intimistes, où les sonorités pop et rock s’entrecroisaient déjà beaucoup. L’opus sort chez Sub Pop, célèbre label indépendant de Seattle sur lequel était signé Nirvana et, plus récemment, Beach House et Weyes Blood.

La suite logique de I Can’t Let Go, avec des titres galvanisants

Avec des titres marquants comme Moves, elle affirmait, à 30 ans, qu’elle avait encore d’autres choses à nous raconter. Suki Waterhouse rempile avec Memoir of a Sparklemuffin, disponible ce 13 septembre. Si le second album est souvent attendu au tournant, l’Anglaise semble avoir pris toutes les précautions pour passer l’étape haut la main, en réunissant une poignée de producteurs appréciés, dont, en tête de liste, Jonathan Rado du groupe Foxygen.

Les premiers titres, dévoilés au compte-goutte depuis l’hiver 2024, laissaient présager une suite plus affirmée, plus pop, plus stylisée aussi, en témoigne sa pochette où tout brille.

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C’est d’ailleurs confirmé avec le premier single entraînant OMG, suivi par le non moins nostalgique et insouciant My Fun. Et si Suki Waterhouse venait s’ajouter à la liste, déjà longue, des popstars qui ont fait 2024 ? À l’inverse de l’exubérance, la balade Faded et ses violons évoquent un ex qui « l’appelait Yoko » et qui ressemble au « James Dead de l’Internet ». Des paroles qui pourraient directement s’adresser à Bradley Cooper, avec qui elle a été en couple quand elle avait 21 ans et lui 38.

Au British Vogue, elle rappelait d’ailleurs qu’elle envisage la musique comme une thérapie et que, concernant ses relations, sa vingtaine était très « sadique » : « Lorsque vous atteignez la trentaine, vous bénéficiez presque instantanément d’un peu plus de respect. »

Suki Waterhouse a mûri, en témoigne Supersad, qui, avec sa rythmique de tube indie rock scande que « cela ne sert à rien d’être très triste ». Pour ce morceau, la chanteuse explique, en outre, qu’elle a essayé d’écrire une chanson imprégnée des années 1990, que l’on pourrait entendre jouer au centre commercial, dans Clueless, ou comme morceau d’ouverture pour La Revanche d’une blonde.

Un double album de 18 titres… variés

Avant même de se lancer dans l’écoute de Memoir of a Sparklemuffin, on s’étonne de sa longueur, façon double-album (Taylor Swift et Beyoncé nous ont habitués à cela en début d’année) : il compte pas moins de 18 titres. Preuve que Suki Waterhouse a son lot d’histoires à raconter. On veut bien la croire, car même s’il est parfois futile de davantage rapporter les stars de la musique à leur vie personnelle qu’à leur carrière, impossible de ne pas mentionner l’année spéciale que vit la Britannique, installée aux États-Unis depuis bientôt dix ans.

N’ayant jamais arrêté de tourner après son premier album, c’est en performant dans un festival au Mexique, en novembre 2023, que Suki Waterhouse a dévoilé sa grossesse sur scène.   

Son album a même été terminé cet hiver, dans un home studio aménagé dans le salon de la maison où elle vit avec l’acteur Robert Pattinson, et alors qu’elle était sur le point d’accoucher. Seulement six semaines après la naissance de sa fille, elle foulait, avec ses nouveaux singles accrocheurs, la scène du festival Coachella.

Si la palette d’émotions explorée dans I Can’t Let Go était déjà large, celle-ci l’est encore plus. La pudeur est encore tombée et rien n’est monocorde. Cet album est un « collage de ses inspirations, expériences et émotions », nous dit-on.

On le sait, Suki Waterhouse aime profondément la musique, qu’elle soit de la pop américaine – elle a toujours été une grande admiratrice de Taylor Swift – ou du rock britannique avec lequel elle a grandi – elle ne manque pas de citer l’importance d’Oasis et a même livré une superbe reprise de Don’t Look Back in Anger lors de ses derniers concerts. Ses titres oscillent entre tout cela, sans oublier la folk qui semble aussi bien lui correspondre.

En ouverture, Gateway Drug séduit déjà avec des notes de guitare plutôt douces jusqu’à une rupture et la montée en puissance de la batterie. Vient Blackout Drunk, l’une des réussites du disque, que l’on s’imagine facilement chanter en concert.

En plus des singles taillés pour la scène, nos coups de cœur se dirigent même plutôt vers les chansons au tempo plus calme, telles que l’acoustique et saillante Model, Actress, Whatever, ainsi que To Get You – travaillée avec Greg Gonzalez, chanteur de Cigarettes After Sex – et sa production plus sobre faite pour toucher en plein cœur. Et si Lullaby a forcément été écrite avant la naissance de sa fille, écouter cette berceuse nous fait décrocher un sourire non dissimulé.

Plus l’album se dévoile, plus les styles se confondent. Lawsuit est plus langoureux, Think Twice signe un retour folk, tandis que Legendary et ses faux airs de Creep optent pour la délicatesse. Si le regard sur le passé est souvent appuyé, on retiendra aussi un mot qui colle à la bouche de Suki Waterhouse, visiblement épanouie : l’amour. Memoir of a Sparklemuffin se conclut avec To Love, dévoilé dès juin 2023, qui, comme le premier morceau du double album, commence lentement pour finalement s’élancer comme un message de plénitude.

Après avoir été l’invitée de Taylor Swift pour jouer en première partie d’une de ses dates au stade de Wembley (Londres), mi-août, face à 90 000 personnes, Suki Waterhouse pourrait bien se hisser vers une nouvelle étape de popularité. Car, si dans le morceau Model, Actress, Whatever, elle questionne son identité, nous en sommes certains : Suki Waterhouse est bel et bien une musicienne et chanteuse avec qui on a envie de faire un bout de route.

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