L’instant Lire à la Fnac : le rendez-vous de toutes les littératures à ne pas manquer. Baptiste Liger, directeur de la rédaction du magazine Lire, partage ses conseils de lecture. Intéressons-nous en ce mois de mai aux fratries d’écrivains dans la littérature.
La littérature, on le sait, peut être une affaire de famille. Alors attardons-nous un instant sur le cas des frères et sœurs écrivains.
Les fratries dans la littérature
On parle aujourd’hui volontiers des fratries de cinéastes, à l’image des Coen, des Wachowski ou bien encore des Farrelly. Mais la littérature, bien avant, avait elle aussi quelques exemples à nous donner. Alors si je vous dis Blanche-Neige, la Belle au bois dormant, Cendrillon, ou bien encore Hansel et Gretel ou Tom Pouce, vous me répondrez les frères Grimm, bien sûr. Ces chers Jacob et Wilhelm qui ont traumatisé ou enchanté, c’est selon, notre enfance.
Mais bien avant ceux-ci, on a connu d’autres frangins de plume à l’image d’Arnoul et Simon Gréban qui, dès le XVe siècle, se sont fait un nom grâce à leurs pièces religieuses, certes, aujourd’hui un peu oubliées. Et quand on pense que le plus célèbre et le plus fameux des prix littéraires français, à savoir le Goncourt, doit son nom à deux frères, Edmond et Jules, Goncourt donc et dont le Journal reste le chef-d’œuvre absolu de la littérature française sur les vacheries et autres méchancetés.
Et les amoureux de curiosités littéraires seront ravis de plonger dans les œuvres poétiques de jumeaux. D’un côté les Matthis, qui sont des poètes alsaciens du début du siècle, ou des jumeaux belges, qui s’appellent les Piqueray et qui étaient assez proches de Magritte.
Et ta sœur, ou plutôt et les soeurs, me direz-vous ?
Comment, spontanément, ne pas songer à Charlotte, Anne et Emily, à savoir, bien sûr, vous aurez reconnu les Brontë, ce trio auquel on doit quelques chefs-d’œuvre absolus de la littérature anglo-saxonne que sont par exemple Les Hauts de Hurlevent ou Jane Eyre.
Mais méfiez-vous de certains noms, ainsi, derrière P.J. Parrish, se cachent en réalité deux frangines du Michigan, Kelly Nichols et Kristy Montee, qui ont publié plusieurs romans noirs disponibles en France, notamment De Glace et de Sang.
Et en France, on connaît également Claire et Anne Berest qui, si elles publient chacune de leur côté, se sont réunies une fois pour signer un livre commun, un hommage à leurs aïeule, Gabriële.
L’actualité met d’ailleurs à l’honneur deux couples de frangins, deux fratries littéraires. Alors, si je vous dis Musso, vous pensez spontanément à Guillaume qui reste l’un des écrivains préférés des Français et qui vient de faire paraître Quelqu’un d’autre, son nouveau roman, autour du meurtre d’une éditrice italienne sur la Côte d’Azur.
En revanche, vous êtes peut-être passés à côté de Valentin, qui, lui, est agrégé de lettres et qui vient de signer le Mystère de la Maison aux Trois Ormes.
L’événement : les nouveautés des frères Fouassier
Mais on aura une tendresse toute particulière pour les Fouassier, j’ai nommé Éric et Luc-Michel. Le premier, grand professeur de pharmacie, s’est fait un nom aussi en littérature dans le domaine du thriller historique, notamment grâce à son désormais fameux Bureau des affaires occultes dont vient de paraître le quatrième tome, Le Chant maléfique, une sombre histoire de massacre ésotérique en Vendée sous la Monarchie de Juillet.
Le second, Luc-Michel, lui, a fait un tabac grâce à ses Pantoufles. Non pas des charentaises, mais son précédent roman, qui a connu un joli succès en poche. Il fait son retour en librairie avec Cumulonimbus, l’histoire d’une femme photographe qui va partir à la recherche de sa fille et va observer le ciel et en particulier tous ces nuages dans lesquels elle va retrouver des formes familières, ce qu’on appelle le processus de paréidolie. Preuve qu’on peut être issu de la même famille et qu’on peut avoir des univers, des imaginaires très différents, et que la littérature peut aussi être une affaire de savoir-frère.