Alors que parait le 29 février prochain son neuvième roman, « Les Cœurs silencieux », aux éditions Albin Michel, Sophie Tal Men se prête au jeu du « En rayon » pour L’Éclaireur. Il sera donc question de littérature, mais aussi de cinéma et de musique. C’est parti !
Croyez-vous au pouvoir des mots ?
Bien sûr. Les mots guident nos rapports humains. Je suis convaincue que les mots soignent, apaisent et, au contraire, peuvent blesser, tuer même.
Les derniers mots que vous avez lus qui vous profondément émue ?
Certains passages du livre Le Guerrier de porcelaine, de Mathias Malzieu dont j’aime particulièrement la poésie. « Tu es morte cette nuit. Le jour s’est levé quand même. Mireille ne l’a pas vu, et je ne verrai jamais Mireille. Papa n’a pas pris le temps de pleurer. Il faut remplir deux valises et deux cercueils. Le linge que tu as plié, avec l’odeur de ta lessive. Le parfum d’un fantôme. Le souvenir de tes pas dans un escalier. Il craque, cet escalier. Moi, non. »
Et ceux qui vous ont fait sourire et rire ?
J’aime beaucoup ce proverbe Ashanti (Ghana) : « Souris, même si ton sourire est triste, car il existe quelque chose de plus triste qu’un sourire triste, c’est la tristesse de ne pas savoir sourire. »
Le livre qui vous fait basculer dans le monde des adultes ?
Je dirais L’Insoutenable Légèreté de l’être de Milan Kundera. Comme toute l’œuvre de cet auteur. Je l’ai découverte durant mes années lycée, et j’ai pu mesurer toute la complexité des rapports humains et des sentiments.
L’artiste disparue avec laquelle vous aimeriez diner ?
Jane Birkin. Elle me raconterait ses mille vies. Ses amours, ses rencontres, ses choix, ses défis. Et sa vision de la femme à travers les époques.
Le livre que vous offrez le plus à vos proches ?
Le Cheval d’orgueil, de Pierre Jakes Hélias. Grand auteur breton, qui dépeint magnifiquement dans cette fresque le monde paysan du pays bigouden, au début du XXe siècle, ses valeurs, sa poésie, ses croyances. « Quand on est pauvre, mon fils, il faut avoir de l’honneur. Les riches n’en ont pas besoin. »
Le livre pour se la raconter ?
L’Erreur de Descartes d’Antonio Damasio, grand professeur de neurosciences, un essai qui nous apprend le rôle des émotions dans le fonctionnement humain. C’est passionnant !
Lisez-vous des BD ou des romans graphiques ?
Oui, quelques-uns. Notamment les bandes-dessinées de Joann Sfar et de Riad Sattouf, avec une dimension sociale et philosophique.
Un de vos livres que vous aimeriez voir adapter ?
Même si mes histoires sont indépendantes, on retrouve des personnages et des lieux récurrents. Je verrais bien une adaptation en série de tous mes romans, des Yeux couleur de pluie au Cœur silencieux. Le décor breton s’y prête, l’univers médical également. Et j’adorerais que ce soit Cédric Klapisch qui fasse l’adaptation. J’aime particulièrement sa sensibilité et son humour.
Un film plaisir coupable ? Pourquoi ?
Coup de foudre à Nothing Hill. Je sais qu’il a plein de défauts, ce film, un peu mièvre, empli de bons sentiments… Mais il a le don de remonter le moral ! A regarder par temps gris, un soir glacial de janvier.
Ecrivez-vous en musique ?
J’écris toujours en musique, plutôt de la musique folk anglaise ou américaine. C’est doux, planant. Elle a le don de mettre mes sens en éveil. En ce moment, j’écoute Bon Iver.
Le premier album acheté dans votre vie ?
C’était dans les années 90, et mon premier CD était le groupe Gold. Je chantais en boucle Capitaine abandonné.
Celui qui vous plonge dans une jolie mélancolie ?
Je dirais, sans hésiter, l’album Fantaisie militaire d’Alain Bashung. Mon album préféré de tous les temps.