Décryptage

Cinq façons de connaître Green Day

10 janvier 2024
Par Mathieu M.
Cinq façons de connaître Green Day

De retour en 2024 avec leur nouvel album Saviors, Green Day appartient aujourd’hui au panthéon du rock mondial. Tel n’a pas toujours été le cas : trente ans après leurs premiers succès, le trio californien a surtout réussi à se renouveler malgré l’enchaînement rapide des tournées et des albums. Voici cinq manières d’aborder leur œuvre.

N°1 : Green Day, le groupe de la renaissance punk en Californie

Au début de l’année 1994, deux phénomènes assez contradictoires changent la facette de la musique aux États-Unis. D’un côté, la dégradation de l’état de santé de Kurt Cobain puis son suicide en avril créent des millions d’orphelins dans le monde. Avec Nirvana, l’homme avait fait du « grunge », le rock indépendant de Seattle, l’un des phénomènes de la pop. Le réveil est brutal, et ce genre introspectif et angoissé ne fait bientôt plus recette. A contrario, un petit groupe californien a accéléré le tempo, et connaît ses premiers succès avec les singles de son troisième album, Dookie. Basket Case, Longview ou Welcome To Paradise sont diffusés en boucle sur MTV. Après des années de vache maigre sur un petit label, Green Day tient sa revanche. Signé en major, le trio formé par Billie Joe Armstrong, Mike Dirnt et Tré Cool invente un nouveau son punk, accessible par ses mélodies, tout en restant fidèle à la vitesse d’exécution des pionniers, comme les Ramones ou les Sex Pistols

Ce succès, bien qu’un peu tardif, propulse Green Day à la pointe d’un courant californien qui bientôt devient la coqueluche des amateurs du rock dans le monde entier. Vingt ans après l’Angleterre, et ses Sex Pistols, Clash et autres Buzzcocks, l’ouest de l’Amérique voit des groupes underground accéder à la notoriété, que l’on pense à Offspring (dont paraît à l’été 1994 Smash), à Pennywise, à NOFX, à Rancid voire à Bad Religion, vétérans du punk hardcore, qui accède à un plus large public en septembre 1994 avec Stranger than Fiction. Pour Billie Joe Armstrong, la vague californienne et le succès de Green Day tient à une histoire de « timing », les jeunes punks proposant in fine quelque chose de différent et de plus « ensoleillé » que leurs collègues du grunge. 

N°2 : Green Day, la politique au cœur du show

Il faut s’appeler Green Day et être au creux de la vague pour proposer son album le plus extravagant, le plus ambitieux, et le plus politisé… Et qui plus est faire un come-back retentissant ! En 2004, avec American Idiot, le trio décide d’opérer un virage à 180° : après un disque plus british que punk (Warning), cette nouvelle proposition se veut un véritable concept album autour de la vie difficile de Jesus of Suburbia, personnage de banlieusard typique cherchant à s’émanciper de la politique de son pays, alors dirigé par les néoconservateurs et George W. Bush. Boulevard of Broken Dreams, Wake Me Up When September Ends, American Idiot… Les titres de l’album enchaînent les références à l’atmosphère de l’Amérique du début de millénaire, entre guerre en Irak, réduction des libertés individuelles et paupérisation des classes moyennes. 

Avec 21st Century Breakdown, le groupe a persisté dans la mise en musique de concepts politiques et sociétaux, abordant le patriotisme sur 21 Guns ou l’emprise du fondamentalisme religieux sur East Jesus Nowhere, tout en dépeignant un personnage présenté tout le long du disque. Revenue à des recueils de chansons plus classiques avec Uno en 2012, la formation n’en a pas pour autant terminé avec la politique : sur leur nouvel album Saviors, la première chanson extraite, American Dream is Killing Me, aborde les oubliés du rêve américain, quand Look Ma, No Brains! évoque les ravages de l’ignorance et Dilemma ceux de l’addiction. Des thèmes graves abordés avec un vrai sens du punk, trente ans après leur premier succès dans le style !

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N°3 : Green Day, l’esprit indé

Si Green Day fut le premier fleuron du punk californien à signer en major et obtenir un grand succès, le groupe est consubstantiel de l’esprit « indé » des années 1980-1990. Hardcore, noisy rock, grunge, et néo-métal se sont joyeusement télescopés au début des nineties, avec des formations signées sur de petites structures locales, pratiquant leur tournée en petits vans, vendant parfois leur merchandising eux-mêmes à la fin des concerts. Ce côté DIY se retrouve encore dans les premiers albums de Green Day, comme Kerplunk, mais aussi dans leurs premières apparitions scéniques d’envergure. C’est le trio qui fera notamment de Woodstock 94 un vrai passage de témoin entre hippies et kids, à la faveur d’une grande bataille de boue lancée par Billie Joe Armstrong, transformant la scène en champ de bataille (bon enfant). Le groupe participera aussi aux grands événements de la culture indé de la décennie, dont le festival alors itinérant Lollapalooza, puis à la tournée réunissant tous les musiciens reliés de près ou de loin au skate-board, le Vans Warped Tour.  

N°4 : Green Day, le plus grand groupe de rock du monde ?

Si l’on excepte Muse, moins célèbre aux États-Unis, ou les Red Hot Chili Peppers, qui sont plus vieux d’une décennie que nos punk-rockers californiens, Green Day apparaît aujourd’hui comme le groupe de rock mainstream le plus important de la planète, notamment grâce à leur activité sans cesse renouvelée. Pour sa tournée 2024, le trio ne joue que dans des stades et des grandes scènes de festival : les deux dates françaises (au LDLC Arena et à l’Accor Arena de Paris) ont été sold-out en quelques jours, pour plus de 30 000 billets réservés. Même succès à Old Trafford et Wembley, preuve que l’attrait pour la musique de Green Day ne s’est pas démenti malgré le temps qui passe ! 

N°5 : Green Day, un héritage multigénérationnel

Avec un premier succès en indé dans la région de San Francisco au début des nineties, un élan mondial grâce à l’album Dookie en 1994-1995, un retour en gagnant en 2004 et une présence continue depuis dans les médias, Green Day a réussi à plaire à plusieurs générations successives. Preuve en est : 2024 marque à la fois les 30 ans de Dookie et les 20 ans d’American Idiot, ainsi que la sortie d’un quatorzième album. Entre les teenagers actuels biberonnés au skate-punk par leurs parents et les premiers fans, il y a donc trois décennies de fans qui vont se retrouver lors de leurs prochains shows… On peut donc être punk de 7 à 77 ans !

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Article rédigé par
Mathieu M.
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