En rayon avec Jody Sternberg

Le morceau qui vous a donné envie de devenir artiste ?

Yusef Lateef et le morceau Juba Juba sur son album The Blue Yusef Lateef. Ce blues joué d’une manière simple avec une gamme pentatonique m’a beaucoup inspirée car j’ai compris que, malgré des éventuelles limitations en tant qu’instrumentiste, il était possible de faire de belles choses avec une conception forte et épurée.

Chez vous, enfant, vos parents écoutaient quel style de musique ?

Mon père était un grand artiste dans son âme ! Ses goûts musicaux étaient bien éclectiques et allaient de la folk au disco. Il écoutait aussi des artistes francophones. Il adorait Hugues Aufray, Joe Dassin, Tennessee Ernie Ford, Cleo Laine, Boney M, Sammy Davis Junior, Harry Belafonte et beaucoup d’autres.

Vous ont-ils donné le goût d’autres arts ?

Mon père appréciait beaucoup les films américains. Il connaissait toutes les chansons des comédies musicales. Marlene Dietrich, Dean Martin, Bing Crosby, Eartha Kitt… Voilà quelques artistes qui m’ont influencée à force de les entendre à la maison.

Le premier album acheté dans votre vie ?

Je ne suis pas sûre. Peut-être c’était un album de The Specials ou de Madness. J’étais une grande fan de ska quand j’étais ado. Les rythmes si dansants, les cuivres et aussi le look/la mode qui allaient avec ce style de musique… Le grand frère de ma meilleure copine était « rude boy » et nous a fait découvrir plein de groupes comme Toots and the Maytals, The Skatallites, The Beat. A l’époque, les albums coûtaient très cher et je n’avais pas d’argent. Parfois, avec ma mère et mon frère, nous nous rendions chez nos grands-parents en Thaïlande et, là-bas, on trouvait des cassettes de tous styles ! Soul, Blues, Jazz, Post punk… J’avoue, j’ai un peu profité !

Le premier concert de votre vie ?

C’était David Bowie pendant sa tournée, Serious Moonlight Tour. J’ai attendu dehors depuis la veille pour être sûre d’être au premier rang. Je n’ai pas pu voir au-delà de la première minute de la première chanson, Modern Love, car la foule m’a écrasée sur les barrières et j’ai fini dans une ambulance ! J’étais dégoûtée !!

Votre album culte ?

Kirtan: Turiya Sings d’Alice Coltrane. Les chants kirtans ont un rôle important dans la vie en Inde, pays où j’ai passé quelque temps en quête spirituelle. La voix d’Alice, son jeu si entraînant… C’est magique.

Un film qui vous a inspirée ? 

Il y a un film qui m’a beaucoup inspirée en tant qu’artiste. C’était Autour de Minuit de Bertrand Tavernier. Voir et entendre Dexter Gordon, son jeu de saxophoniste et l’amour qu’il inspire chez les autres. Tout cela m’a beaucoup touchée.

Avez-vous une BO de film préférée ?

Blade Runner. Que dire ? C’est un très beau film et la musique de Vangelis est tellement en phase avec l’histoire et l’atmosphère.

Quelle est votre chanson de Noël préférée ? 

Christmas time is Here de Vince Guaraldi, composée pour l’émission A Charlie Brown Christmas avec les personnages de la bande-dessinée Peanuts de Schultz.

Quels sont vos coups de cœur de l’année 2023 ?

J’ai deux albums coup de cœur à conseiller car j’ai trop du mal à n’en choisir qu’un seul ! J’adore la manière de jouer de ces deux saxophonistes, leurs sons, leurs phrases et leurs goûts musicaux. Comme ils ont tous les deux sorti des albums cette année, je dirais Travelling de David El Malek et Le Temps Virtuose de Sophie Alour.

Pour les livres, je conseille vivement Mo’ Meta Blues de Questlove, le batteur du groupe The Roots.  Ce monsieur est un grand musicien et producteur qui a suivi de près les évolutions dans la musique américaine au cours des dernières décennies, et il partage son expérience dans ce récit autobiographique.

Pour ceux qui préfères regarder des belles images, je peux conseiller Les Musiciens de Jazz et Leurs Trois Vœux et L’œil de Nica, deux livres qui présentent les photos prises par Pannonica de Koenigwsarter, qui était à la fois amie et mécène des plus grands jazzmen américains comme Thelonious Monk, Bud Powell, Art Blakey, Charlie Parker…