Son premier album, Peace of mine, est une merveille. Elle le défendra d’ailleurs à La Scala de Paris, le 8 décembre 2023. Laura Prince, chanteuse de jazz plus que prometteuse, a accepté de se prêter au jeu de notre nouveau rendez-vous « En rayon ». L’occasion d’évoquer en sa compagnie les artistes, les albums, les livres, le cinéma qui l’ont marquée. Elle vous propose même des idées de cadeaux de Noël. C’est parti !
L’artiste, l’album et/ou la chanson qui vous a donné envie de devenir artiste ?
Whitney Houston, Bodyguard, avec le titre Run to You même si j’écoutais en boucle tous les titres de l’album. Whitney, pour moi, c’est d’abord cette voix qui a tout : la soul, le gospel, la pop, le rock, la finesse, la profondeur, l’émotion, la précision. Elle m’a inspirée et donné envie de chanter. Puis Whitney en tant que femme, c’est une belle femme noire, à laquelle je pouvais m’identifier… Pour moi, autant dans son album que dans le film Bodyguard, elle était juste parfaite. Malheureusement, son destin tragique n’a pas été aussi joli…
Chez vous, lorsque vous étiez enfant, vos parents écoutaient quelle musique ?
Mon papa (togolais) mélomane écoutait beaucoup de musiques… De la musique classique (Chopin, Vivaldi, Beethoven), de l’opéra (Maria Callas), de la country music, beaucoup de salsa également avec Africando, Celia Cruz, Benny Moré, la Fania All Stars, du jazz, Miles, Ella, Nina, Ray Charles, de blues avec BB King, Big Mama Thornton (qui a écrit notamment Hound Dog chanté par Elvis Presley, mais aussi de la musique africaine, Papa Wemba, TP Ok Jazz, Miriam Makeba. Ma maman (française) écoutait quant à elle Charles Aznavour, Edith Piaf, Jacques Brel, Serge Reggiani, Mike Brant, Dalida, Henri Salvador.
Le premier album acheté dans votre vie ?
Le premier album que j’ai acheté de ma poche c’est sûrement Who is Jill Scott (2000), qui marque pour moi une bonne période de découverte de chanteuses et chanteurs soul et new soul.
Le premier concert de votre vie ?
Waow! Je n’ai pas une très bonne mémoire pour ce genre de question je crois. J’en ai vu des tonnes mais le premier ? Peut-être le groupe de Lauryn Hill, The Fugees à Paris Bercy. Les Fugees, pour moi, c’était un peu fou, je n’en croyais pas mes yeux, de voir en vrai les artistes que j’écoutais depuis ma chambre en boucle. Il y avait beaucoup de monde et c’était l’effervescence. Je me souviens avoir été emportée par la foule et avoir perdu mes amis avec qui j’étais venue.
Votre album culte ?
Mon cœur balance : Thriller de Michael Jackson ou Kind of Blue de Miles ? Cela dépend des périodes de ma vie…
Thriller, meilleur album pop de tous les temps et ça le vaut ! Il y a tout dedans (pop, rock, soul, r&b, funk, disco). Quincy Jones a su mettre Michael à sa place. Je crois qu’il est arrivé au niveau du meilleur groupe anglais, The Beatles. Je pense que le point commun de la musique de Michael et des Beatles, c’est que c’est une musique indémodable, qu’on pourra encore écouter dans 100 ans… Des mélodies simples et belles que tout le monde peut chanter en boucle. Une dimension mondiale et historique évidente.
Kind of Blue, c’est la finesse incarnée, le must, le goût par excellence. Quand je l’écoute, je suis en apesanteur. Je dois l’écouter dans des moments particuliers quand j’ai besoin de me retrouver, quand je me sens mélancolique, car il me redonne un peu d’espoir, de légèreté. « So what » est un des plus grands titres de jazz. Il y a John Coltrane et Bill Evans, les plus grands musiciens en toute harmonie et spontanéité.
Y a-t-il un livre qui vous a inspirée en tant qu’artiste, voire pour votre album, Peace of mine ?
L’Alchimiste. C’est le livre qui m’a fait prendre conscience que nous avons un destin et des choix à faire (j’étais adolescente). Nous devons suivre notre propre voie parce que, peu importe le chemin que nous empruntons, nous arrivons à notre propre destination. Je suis aussi quelqu’un de très croyant (ce n’était pas le cas au début de ma vie). La spiritualité et l’intuition sont des concepts très importants pour moi et qui me suivent dans mes choix quotidiens.
Avez-vous un film ou une bande originale de film préférée ?
Je m’y suis intéressée assez vite, souvent pour écouter les voix des acteurs et des actrices, voir leurs performances, la manière dont ils apprivoisent leurs émotions et comment ils interprètent le rôle qui leur est attribué.
Pour ma bande originale préférée, c’est très difficile de choisir entre La Gloire de mon père de Vladimir Cosma et la BO du film Do the right thing de Spike Lee, jouée par Bill Lee et Brandford Marsalis.
En ce qui concerne mon film préféré, j’aime beaucoup American Beauty qui est complètement fou mais tellement réel et proche de la folie et de la beauté de ce monde.
Noël approche… Quelle est votre chanson de Noël préférée ?
J’adore White Christmas de The Drifters, mais j’aime presque tous les chants de Noël car j’aime cette période féérique et chaleureuse.
Nos lecteurs/lectrices sont avides de conseils pour offrir le cadeau parfait et original à leurs proches. Vous pouvez les aider ?
L’album de l’année ? Pas évident. J’aime ce qu’a fait Björk, c’est toujours aussi surprenant.
Un livre ? Murabeho de Pierre Lepidi, j’ai découvert que le héros écoute du Laura Prince dans un passage du roman… Ou Un Océan, Deux mers, Trois continents de Wilfried N’Sondé, très bien écrit et assez poignant. Cela parle de l’esclavage de manière immersive. Il est tout de même difficile à lire par moment…
Un Dvd ? Peut-être un classique : Casablanca ou Le patient anglais, je suis romantique… J’ai bien aimé L’Eléphante du Magicien. C’est un dessin animé, très bien réalisé avec une belle histoire.
Cette rubrique s’appelle « En rayon ». Avez-vous un souvenir marquant dans les rayons de la Fnac ?
J’étais adolescente et j’aimais rester des après-midis entières à la Fnac de Châtelet, casque sur les oreilles, à écouter toutes les nouveautés et aussi tout ce qui pouvait être écouté. C’est là que j’ai découvert Amy Winehouse que j’ai trouvée tellement particulière. Partie trop tôt mais pour moi elle avait tout d’une grande.