« Tout-eu la musi-queu que j’aim-eu, elle vient de là elle vient du blues » chantait notre Johnny national quand il était encore sur pied. Sans faire Mr Wikipedia, le blues, déclaré musique originelle, est une réalité historique avec laquelle s’accordent les musicologues de tous poils. C’est le cas de Dan Auerbach qui, au travers de son label et de l’excellent disque Tell Everybody !, nous rappelle la puissance brute de cette musique à la source de beaucoup d’autres.
Alors que l’industrie du disque réemballe tout le blues patrimonial à coup de date anniversaire et autres éditions collector (on ne compte plus les volumes consacrés aux enregistrements tombés dans le domaine public de John Lee Hooker, Robert Johnson, BB King, Son House, Muddy Waters, Howlin’ Wolf, Memphis Minnie, Blind Blake…), il en est d’autres qui sans renier tous ces beaux noms, se concentrent sur l’état actuel du blues, celui qui se joue au 21e siècle.
Un genre musical qui n’est certes pas en déclin, mais pourrait être considéré comme un brin fébrile malgré les excellents musiciens et musiciennes qui font aujourd’hui vivre la scène du blues mondial.
Dan got the blues
Devenu un acteur incontournable et influent dans le monde de la musique, monsieur Dan Auerbach (la moitié des Black Keys pour celles et ceux qui ne suivent pas) œuvre depuis quelques années avec son propre label Easy Eye Sound pour une meilleure représentativité d’un genre séculaire et bien vivant : Le blues et ses musiques apparentés (country, folk, rock, sôul, americana, gospel…). L’album Tell Everybody qui sort ces prochaines semaines illustre parfaitement ce travail de l’ombre et de titan par cette moitié des Black Keys que le blues a toujours nourri (à l’image de Jack White et de Third Man records).
Si vous avez une image un peu désuète et folklorique du BLUES (vieux gratteurs de cordes, ruralité, conditions de vie modestes, corps “abimés”…) on ne peut que vous inciter à vous procurer cet excellent disque produit par Dan Auerbach : Tell Everybody,21th century juke joint blues qui met en lumière un panel de bluesmen intergénérationnels qui donne à voir et à entendre à quoi ressemble aussi ce blues contemporain qu’il serait dommage de résumer à Poppa Chubby et Joe Bonamassa.
Une musique séculaire, mais bien vivante
En un mot on parle ici d’une musique authentique, rayonnante, superbement produite et magnifiquement incarnée qui ne laisse personne indifférent car simple et directe comme ces trois accords qu’on joue en boucle depuis la fin du 19eme siècle.
Les chanceuses et chanceux qui ont eu l’occasion de voir un type comme Robert Finley sur scène (qui figure au générique de Tell Everybody) comprendront tout de suite de quoi il s’agit au dire de ce jeune homme de 75 ans dont le talent et la vitalité reste une expérience à vivre.
Tell everybody, we are back in town, Tell everybody, than the party ‘s starting now
(Dites à tout le monde que nous sommes de retour en ville- Dites-bien à tout le monde que la fête commence maintenant)
Mais Dan Auerbach sait aussi dénicher et accompagner la jeunesse. A l’image de Nat Myers, un petit miracle américano-coréen tout droit débarqué dans les studios “nashvillois” de Dan depuis les rues de New York ou entre poésie classique, culture punk/hardcore et hip hop ce vingtenaire s’est découvert une passion pour le blues et le country-blues du sud profond. Son 1er album sort ces jours-ci, ne le loupez pas.
Sur Tell Everybody ! vous trouverez aussi des inédits de feu Leo Bud Welch, du vétéran natif du Mississippi R.L BOYCE, le mystique et magnétique Gabe Carter que la vie personnelle et la ville de Chicago ont façonné dès son plus jeune âge, un guitar hero oublié ( Glenn Shwartz) qu’accompagne un autre guitare-hero bien vivant (Joe Walsh) sur un titre jouissif à l’énérgie rock »n »roll…Et quelques autres succulentes surprises à découvrir le 11/08/2023.
Puisque Dan Auerbach vous le suggère, dites-le/causez-en à tout le monde !
Tell Everybody ! 21th century Juke Joint Blues from Easy Eye Sound est à paraitre le 11/08/2023 en vinyle et en CD
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