Et Marvel misa sur le multivers

Une théorie scientifique millénaire

Si on entend beaucoup parler du multivers depuis les succès de Spiderman : No Way Home et de l’oscarisé Everything Everywhere All At Once, il s’agit toutefois d’une très sérieuse théorie scientifique dont les origines remonteraient au IV^e siècle avant Jésus-Christ, par l’entremise du philosophe grec Anaximandre qui s’interrogeait sur l’existence d’autres mondes en parallèle du nôtre. Une théorie régulièrement reprise au cours des siècles, étoffée, modifiée et même développée en 1956 par le physicien américain Hugh Everett. On parle d’ailleurs depuis de thèse d’Everett.

Pour simplifier, il s’agit d’une interprétation des lois de mécanique quantique supposant qu’il y aurait des univers multiples qui coexisteraient sans être accessibles entre eux. En somme, chaque personne aurait ainsi une ou plusieurs versions d’elle-même, vivant des choses différentes mais de manière simultanée. C’est ainsi que le terme de multivers voit le jour et devient une manne pour la (science) fiction.

Le multivers dans la fiction

Car si on a l’impression que Marvel a inventé le concept de multivers, il n’en est rien. Bien avant Everett, on abordait déjà cette thématique particulièrement excitante. Barjavel en parle dans Le Voyageur imprudent, Fredric Brown l’aborde sous l’angle de l’humour avec L’Univers en folie et Philip K. Dick décrit un autre monde que le nôtre, où la Seconde Guerre mondiale a été gagnée par les nazis dans Le Maître du Haut Château. Science-fiction, heroic fantasy… la littérature et la bande dessinée regorgent d’histoires où l’on visite d’autres univers ressemblant étrangement à celui que l’on connaît, mais où tout est pourtant différent.

Un ressort scénaristique qui va être rapidement utilisé par Marvel Comics, s’inspirant des théories scientifiques sur le sujet afin de faire évoluer ses super-héros et leur offrir de nouvelles aventures, relancer des franchises en perte de vitesse, ressusciter des personnages décédés dans une autre dimension ou faire coexister plusieurs super-héros identiques venant à se rencontrer, s’entraider ou au contraire, se combattre.

Le multivers chez Marvel : une idée marketing

Les effets spéciaux actuels permettant au multivers de voir enfin le jour au cinéma, Marvel s’engouffre alors dans la brèche spatiotemporelle et multiplie les billets verts au box-office. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Spider-Man est le premier super-héros à en bénéficier. Dans No Way Home, on se retrouve avec trois Spidey pour le prix d’un, réunissant à l’écran Tom Holland, Tobey Maguire et Andrew Garfield, tous persuadés de vivre dans un seul monde et non trois réalités distinctes qui cohabitent. Un coup de génie qui a permis au film de tutoyer les deux milliards de dollars de recettes mondiales.

© Sony

Le clou est enfoncé avec Doctor Strange in the Multiverse of Madness dans lequel Benedict Cumberbatch rencontre une infinité de doubles de lui-même, jusqu’à la folie. Quant à la série What if ?, on suit carrément Uatu, le Gardien des Multivers qui permet d’entrevoir ce que seraient devenus les super-héros les plus emblématiques du MCU sans tel ou tel paramètre de leur existence. Dans Spider-Man : Accross the Spider-Verse, Spider-Man se retrouve en compagnie d’une multitude d’Hommes-Araignées provenant de différentes époques passées et à venir. Le multivers confirme donc être une excellente opportunité mercantile permettant de faire revenir des super-héros disparus (soit décédés, soit parce que leur interprète principal a remisé le costume dans son placard) prenant alors d’autres visages, d’autres corps, d’autres réalités. Un univers étendu sous toutes ses formes.