Décryptage

50 ans de culture Hip-Hop – Partie 3 : 1996-2002

05 mai 2023
Par Christophe Augros
50 ans de culture Hip-Hop - Partie 3 : 1996-2002

Sur cette période, la culture Hip-Hop vit des changements irréversibles. Le rap a tout emporté au détriment des autres disciplines. Aux États-Unis, le nombre de sorties d’albums connait un léger ralentissement. En France, c’est l’inverse.

Situation

L’année 1996 est marquée par le décès par balles du rappeur 2Pac. Six mois plus tard, ce sera au tour du rappeur Notorious B.I.G. C’est évident, le hip-hop n’a plus du tout le même visage qu’à ses débuts. Désormais, il est souvent dans la rubrique des faits divers. L’argent devient la valeur principale, loin du mouvement culturel spontané et désintéressé des débuts. Les cinq années qui viennent de s’écouler ont été dominées sans partage par Dr Dre et son rap G-Funk. Les clips avec grosses voitures, chaines en or, gros bijoux et argent facile ont envahi les écrans. Seul Sean Puffy Combs résiste au raz-de-marée sur la côte Est. 1996, C’est la fin de la grande période. Mais c’est aussi le début de nouveaux arrivants aux Etats-Unis, le retour d’une philosophie fidèle aux précurseurs du conscious rap. Aux Etats-Unis, le nombre de sorties d’albums ralentit tandis que la France connait le mouvement inverse.

Aux USA

À partir de 1996, les albums rap sont moins nombreux. De petites structures voient le jour et installent des styles qui vont vite dominer le rap. En 1998, le label Rawkus lance les artistes Mos Def, Talib Kweli et Company Flow. Une identité visuelle et sonore avant-gardiste. L’album Black Star, duo entre Mos Def et Talib Kweli est aujourd’hui un classique En 1999, Pharoahe Monch fait son entrée suivant la même démarche. Des textes avec du contenu social et politique et de la poésie…Les Roots dont les premiers enregistrements datent de 1993 (Organix) explosent en 1996 et 1999 avec Illadelph Halflife et Things Fall Apart. Un rap acoustique, sans sample, joué par des musiciens hors pairs. Avec eux, retour également de la technique Human Beat Box lancée par le trio Fat Boys en 1985. Mais cette fois Rahzel élève le niveau au rang d’art. À Chicago, le rappeur Common Sense, dont l’album Resurrection avait marqué l’année 1994, domine la période 1996-2002 grâce à son style vocal unique, sa voix charismatique et aux albums Like Water For Chocolate et Electric Circus. Les Jurassic Five amènent le rap de Los Angeles sur de nouveaux horizons en l’espace de deux albums : Jurassic 5 (1998) et Quality Control (2000).

Le phénomène Fugees

En parallèle aux nombreuses tendances et aux styles des nouveaux arrivants, un trio se démarque avec force. Son emprunte est planétaire. Signés sur le même label que Cypress Hill et Tim Dog (Ruffhouse), les Fugees cassent toutes les barrières et atteignent un niveau de vente complètement inédit pour du rap. The Score par son mélange entre reggae, soul, pop et rap inonde la planète. Lauryn Hill, Pras et Wyclef Jean enregistrent le Thriller du Hip-Hop et deviennent des stars mondiales. How Many Mics, Ready Or Not, Fu-Gee-La, Killing Me Softly With His Song maintiennent l’album dans les meilleures ventes pendant deux ans.

En France

Grâce à la réussite des précurseurs, les maisons de disques s’engouffrent dans la brèche et signent de nombreux artistes. En 1997, les Neg Marrons connaissent le succès commercial, confirmé en 2000 par Le Bilan. Virgin lance Oxmo Puccino. En 1998, son classique Opéra Puccino met en lumière le collectif Time Bomb et le producteur DJ Sek. Sa carrière sera exemplaire, couvrant deux décennies. Le parisien Fabe se révèle comme un auteur à textes de qualité. Son opus Le Fond et la Forme est un classique du rap sur la période. Son succès profite aussi à son groupe Scred Connexion. À Boulogne-Billancourt, les Sages Poètes de la rue confirment leurs talents révélés aux côtés de MC Solaar et Democrate D. Ils seront à l’origine des carrières de Lunatic et Booba. Il serait trop long de citer tous les artistes rap sur la période. Mais Doc Gynéco, Passi, Stomy Bugsy et leur label Secteur Ä, Tout Simplement Noir, Mafia K’1Fry, Lunatic (2000, Mauvais Œil), les artistes du label Double H (113), les X-Men, Booba, La Rumeur apportent une diversité et une crédibilté forte au rap français. Pendant ce temps, les précurseurs NTM, Assassin, IAM et Solaar confirment leur présence sur la durée. Cette réussite s’explique en partie grâce à la radio Skyrock, relais médiatique et de promotion très puissant. Une certaine Diam’s enregistre l’album Premier Mandat (1999)…

Dans les oreilles

Fugees – The Score (1996, Ruff House / Sony)

Busta Rhymes – The Coming (1996, Elektra)

IAM – L’école du micro d’argent (1996, Delabel)

Doc Gynéco – Première Consultation (1996, Virgin)

Fabe – Le Fond Et La Forme (1997, Unik Records)

Rakim – The 18th Letter (1998, Universal)

Mos Def & Talib Kweli – Black Star (1998, Rawkus)

Oxmo Puccino – Opéra Puccino (1998, Delabel / Virgin)

A Tribe Called Quest – The Love Movement (1998, Jive)

Mos Def – Black on Both Sides (1999, Rawkus)

113 – Les Princes de la ville (1999, Sony)

X-Men – Jeunes Coupables et Libres (1999, 45 Scientific / Universal)

Mafia K’1 Fry  Légendaire (1999, Invasion Records)

The RootsThings Fall Apart (1999, MCA)

Pharoahe MonchInternal Affairs (1999, Priority Records)

Common – Like Water For Chocolate (2000, MCA)

Lunatic – Mauvais Œil (2000, 45 Scientific)

Slum VillageFan-Tas-Tic vol.2 (2000, Capitol)

Busta Rhymes – It Ain’t Safe No More (2002, J Records)

Booba – Temps Mort (2002, 45 Scientific)

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Article rédigé par
Christophe Augros
Christophe Augros
Disquaire à Fnac Chambéry
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