En 1987, trois ans après le raz-de-marée Purple Rain et alors qu’il vient de lancer son label Paisley Park, Prince commercialise ce double album génial. Une œuvre à ranger à côté des Exile On Main Street, London Calling ou autre The Beatles. Un album inoubliable et indémodable.
Sign O’ The Times : le contexte
En 1987, Prince semble inépuisable et intarissable. L’album Purple Rain et le film du même nom ont rencontré un succès planétaire. Il produit un nombre incalculable d’artistes de Mazarati à Madhouse en passant par The Time, Sheila E., Jill Jones, Appolonia 6 et tant d’autres. Son label Paisley Park est un vivier d’artistes et de bombes sexuelles. En parallèle, une tendance musicale inédite chasse l’autre à une vitesse phénoménale. Arthur Baker a lancé le style Electro, le Hip-Hop prend de plus en plus de place, le funk s’essouffle mais la New-Jack Swing relance le R&B contemporain. C’est dans ce foisonnement que sort Sign O’ The Times.
Une œuvre majeure
Cet album est fantastique par l’étendue de ses influences. Prince montre presque tout ce qu’il sait faire. Il montre aussi sa capacité à se nourrir des nouveaux courants musicaux, à les digérer pour les régurgiter à sa sauce. On passe de l’expérimental IT à l’electro-funk de The Ballad Of Dorothy Parker en passant par la puissante soul hyper groove de Housequake. On passe du très mélodique et très Beatles Starfish & Coffee au très religieux et très rock The Cross en passant par l’apocalyptique et novateur Sign O’ The Times. Rock, soul, gospel, blues, funk, Prince vagabonde d’un genre à l’autre avec une aisance impressionnante. Et cela sans son groupe The Revolution. On y trouve des chansons qu’il destinait aux albums Crystal Ball et au projet Camille qui ne verra jamais le jour.
Les textes de Sign O’ The Times
Sign O’ The Times est un album qui colle parfaitement à son époque. Il y aborde des thèmes sociaux comme la drogue, les enfants abandonnés, le sida, le désespoir, la religion…Le sexe et les relations hommes-femmes occupent toujours une place importante comme sur le désarmant If I Was Your Girlfriend ou sur Strange Relationship. Des textes aussi éclectiques et audacieux que les compositions. Finalement, Sign O’ The Times incarne parfaitement la deuxième moitié des années 1980. Cette période où les décennies de fêtes et d’insouciance semblent s’écrouler pour laisser place au doute et à la crainte de l’inconnu. Capter son époque et la traduire en musique, la marque des très grands.
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