Pianiste et compositeur auréolé, Ramsey Lewis a été un musicien respecté et admiré par plusieurs générations de la fin des années 1950 à 2022.
Son style de jeu au piano lui ouvrira les portes de la pop et du R&B. Il débute avec son trio de jazz. En 1965, premier « Grammy Award » avec son album The In Crowd. Puis, très vite, il explore les nouvelles voies de son temps, celles de l’électronique, des synthétiseurs, celles du funk et du « groove ». Son brillant Sun Goddess de 1974 en est un bon exemple.
Une longévité impressionnante
Le plus incroyable chez Ramsey Lewis, c’est sa longévité. D’émissions radios en programmes télé, il saura se servir des médias pour la promotion de sa musique. Et ce jusqu’en 2019, année de l’album VII enregistré avec son collectif Urban Knights. Un parcours sans gros succès mais rempli de bons titres qui fidélisent un public de puristes.
Enraciné dans le jazz
Ramsey Lewis était né en 1935 à Chicago. C’est son père, directeur d’une chorale à l’église qui lui donne le goût de la musique. Il commence le piano dès l’âge de quatre ans. Duke Ellington et Art Tatum sont souvent dans ses oreilles. À 15 ans, il rejoint « The Cleffs », formation jazz. Après leur séparation, il forme « The Ramsey Lewis Trio » avec des membres de « The Cleffs » dont le bassiste Eldee Young et le percussionniste Redd Holt. Leur travail aboutit à la signature d’un contrat chez « Chess Records » et à la sortie d’un album en 1956.
Premier disque d’or
Leur parcours va durer 10 ans à un rythme de croisière. Puis, en 1965, leur renommée explose grâce à leur reprise du The In Crowd de la chanteuse Dobie Gray. Un disque d’or à la clef et un « Grammy » pour « meilleure performance jazz ». L’année suivante, nouveaux succès importants avec Hang On Sloopy et Wade In The Water. Mais Young et Holt quitte le trio pour former « Young-Holt Unlimited » avec le succès qu’on connait. Lewis recrute alors deux nouveaux musiciens : Cleveland Eaton (bass) et un certain Maurice White à la batterie…
Funk avec Earth Wind & Fire
1970, Maurice White part à son tour pour former son groupe, les Earth Wind & Fire. Morris Jennings prend sa place. À partir de 1972, Ramsey Lewis signe avec « Columbia » (également le label d’Earth Wind & Fire). Il se dirige bien plus vers le Groove contemporain. C’est Maurice White qui produit Sun Goddess en 1974. Dans cet album référence de sa carrière, il explore les claviers électroniques pour la première fois. Des membres de E.W.F jouent sur l’œuvre. Succès majeur. Entre jazz, funk et rock psyché, Sun Goddess impose Lewis dans les milieux jazz et R&B. L’album est proche du Faces des Earth Wind & Fire et du travail de Mtum. Même chose pour le Don’t It Feel Good de 1975.
De belles collaborations
Par la suite, il conservera cette direction, sans jamais perdre de vue ses origines jazz. Il touchera un peu au latin-jazz. Il survit à l’ouragan disco de belle façon avec son album Salongo de 1976. Les années 1980 seront celles des retrouvailles avec Young & Holt pour l’album Reunion (1983). Un an plus tôt, il y a eu le superbe Chance Encounter. Un opus jazz / R&B qui colle parfaitement à son époque et installe les bases du genre vite baptisé « Contemporary Jazz ». Dans la lignée de son Routes de 1980. Un son de piano proche de celui de Joe Sample, inspiration majeure pour Alex Bugnon. La décennie 1980 est aussi l’occasion de quelques belles collaborations avec Nancy Wilson, l’orchestre philharmonique de Londres ou Billy Taylor.
Le concept Urban Knights
En 1992, il signait avec le label « GRP ». Trois ans plus tard, naissance de son projet Urban Knights, lieu de rencontre pour des stars du jazz de Grover Washington à Dave Koz en passant par Earl Klugh. Acid-jazz, Hip-Hop, Trip-Hop et R&B moderne sont là. Il sent bien la montée en puissance du rôle des DJ. En 1997, il en ajoute un à ses compositions et dans ses émissions radio sur WNUA-FM à Chicago. L’émission durera jusqu’en 2009.
Retour aux origines
En 2005, le pianiste revenait à ses premiers amours : jazz et gospel. With One Voice lui rapportera le « Stellar Gospel Music Award ». En 2007, il changeait d’activité en écrivant un ballet jazz pour la compagnie « Joffrey Ballet ». En 2009, son très intimiste Songs From The Heart : Ramsey Plays Ramsey est proche d’un The Melody At Night With You de Keith Jarrett.
Une œuvre immense
Jusqu’à la fin, Ramsey Lewis n’aura eu cesse de jouer et de transmettre aux jeunes générations à travers son activité de professeur. Après plus de 60 ans de carrière, il tirait sa révérence le 12 septembre 2022. Son œuvre est immense.