Critique

Mycélium de Fabrice Jambois : que la traque commence…

12 mai 2022
Par Anastasia
Mycélium de Fabrice Jambois : que la traque commence…

Avec Mycélium de Fabrice Jambois, vous n’êtes pas au bout de vos surprises. Les motifs de tueries sont-elles seulement d’ordre raciale ou faut-il y voir un autre dessein ? Doit-on seulement se méfier du groupuscule d’ultra-droite « Les Vicaires » ou la menace est-elle autre ? Bienvenue au cœur d’une traque sans merci qui mènera Ravard, Cléo et Borel au cœur d’un Paris occulte.

Premier roman de Fabrice Jambois, Mycélium n’est pas près de vous laisser dormir. Un de mes gros coups de coeur de cette année 2022 !

Mycelium

Les portes de l’enfer…

Premières pages, première porte qui nous emmène au cœur de l’enfer. Rendez-vous au 14 rue Ambroise-Paré à Paris, près de l’entrée principale de l’hôpital Lariboisière. L’endroit ? Une salle de shoot toujours en place malgré les pétitions des résidents et commerçants pour la faire fermer. Rien à faire, « La « salle de consommation à moindre risque » était une ruche de la misère humaine. », drainant la populace des toxicos et des dealers, avec tout son lot de violences.

Celle qui ouvre le bal dans ce tunnel ? Souad, femme dont le corps n’est qu’une fine carapace à travers laquelle elle peut deviner tout son intérieur aménagé : le cœur, les poumons et une foule d’autres organes. Mais si ce jour-là avait le même goût que les autres, il s’avérait pour elle être le dernier.

« L’Ange », comme elle l’appelait, lui avait donné autre chose que de l’héroïne. Un truc plus pur. « Il n’avait pas précisé le nom du produit, mais elle avait dit OK. » Une affirmation qui se noiera dans une symphonie divine où la chute sera fatale…

Une France prête à éclater…

Au cœur de l’enquête, nous découvrons Ravard, un enquêteur de la section antiterroriste, ancré dans une époque de merde où un Benoit Poelvoorde subméditerranéen salafisé était plus proche de la réalité que de la fiction. Où les enfants jouaient à « cache-cache silence » avec les professeurs et où le Brexit venait rendre pâle L’Open Book de Diane Mclean.

Depuis 2015, les groupes d’enquête de la SAT-PP avaient augmenté tandis que les menaces terroristes s’accentuaient. Sans parler d’Internet qui ne rendait pas le travail plus simple, « terreau fertile, catalyseur prodigieux de haines en tout genre. » Et puis, il y avait les groupuscules d’extrême droite qui venaient s’ajouter au fabuleux package.

D’ailleurs, depuis plusieurs semaines, Ravard faisait attention aux activités des Vicaires, dirigés par Stéphane Zenner. Fondé sur la « vicariance », ce groupuscule défend l’idée que les individus doivent restés maintenus dans leurs habitats propres. A contrario, le phénomène qui induit que des individus viennent coloniser un nouveau territoire se nomme la « dispersion ». Vous comprendrez donc très vite pourquoi les migrants semblent être la cible idéale des Vicaires qui les perçoivent comme une menace flagrante pour la société française.

Quand la mort se diffuse dans les corps…

Zenner a tout organisé comme il faut… S’inspirant même du modèle d’organisation réticulaire de la Résistance française. Ainsi, c’est dans le bar virtuel de Lorville, la base des Vicaires qui constitue l’entourage proche de Zenner, que la « campagne de terreur » fut fomentée.

D’abord, elle toucherait Paris, ensuite, elle s’affranchirait des frontières.

« La raison du véritable pouvoir était dans cette fascination sans bornes qui fait tomber l’esprit critique et subjugue. »


2 septembre 2018.

C’est à ce moment-là que l’hécatombe à Porte de la Chapelle a eu lieu. BFMTV diffuse un bandeau d’informations où nous pouvons lire « incident en cours » tandis que les autres rédactions s’affairent dans leur fourmilière. C’est à qui ferait le meilleur direct.

Les bados sont aussi de sortie. Comment leur en vouloir ? Pour la plupart, ce qui se passe dans la rue est l’événement de leur vie. Autant être au cœur de l’action. Et quelle chance s’ils arrivaient par mégarde à faire un selfie !

Ce samedi soir, la mort a pris possession des rues, faisant tomber migrants et bénévoles sur le sol goudronné parisien. Plus d’une vingtaine en tout. Et sans raison apparente.

Ainsi commence la traque…

Au cœur d’un Paris occulte

Ce soir-là, il y avait aussi Thibault Belgrand. Un bénévole. Et, entre autres, le partenaire sexuel de Cléo pour une journée. Dans son subconscient, elle l’avait bel et bien entendu crier de douleur. Elle l’avait senti mourir. De même qu’elle avait bel et bien vu les yeux mauves perçant de ce « zombie » maigre à faire peur qu’elle avait croisé plus tôt dans la journée, à « la Sapel Porte de l’Anfer ». Elle ne le sait pas encore, mais son nom est Yared Wossem. Et il deviendra une vraie machine à tuer.

C’est avec Cléo, mais aussi avec Jean-Michel Borel – auteur également membre de l’IMI (Institut Métapsychique International) -, que nous plongeons dans le Paris occulte : celui de l’hypnose, du magnétisme, du somnambulisme magnétique, de la transe et de l’hyper-veille. Celui du Théâtre des Extases dont les membres sont intouchables, protégés par le gouvernement français. En somme, un véritable Paris underground.

Mais quel est le lien entre l’événement Porte de la Chapelle, les morts qui continuent d’être retrouvés et ce Paris « clandestin » ?

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Parution le 7 avril 2022 – 428 pages

Mycélium, Fabrice Jambois (Les Arènes) sur Fnac.com

Article rédigé par
Anastasia
Anastasia
Libraire Fnac.com
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