Parmi les figures les plus charismatiques du rock anglais, nous trouvons sans conteste Liam Gallagher. Ex-chanteur du groupe Oasis qu’il a fondé avec son grand frère Noel, il fait désormais cavalier seul après que ce dernier a quitté le groupe en 2009. Trois albums solo plus tard, le cadet de la fratrie nous prouve qu’on peut toujours compter sur lui. Portrait d’un personnage aussi controversé qu’attachant.
Liam Gallagher démarre en trombe avec Oasis
Le 21 décembre 1972, à Manchester, naît le troisième dernier de la fratrie Gallagher : William, alias Liam. Tout comme ses frères Paul et Noel, Liam ne connaît pas une enfance particulièrement joyeuse. En cause, un père violent, que la mère finira par éloigner. Entre bagarres et renvois, Liam se réfugie dans la musique. Noel, avec une poignée de morceaux dans sa hotte, voit en lui un talent indéniable en termes d’interprétation. Ils finissent par fonder Oasis en 1991, avec Liam au chant et Noel à la composition et à la guitare.
Sur un coup du sort, ils se produisent en 1993 à Glasgow, devant ce qui sera leur futur producteur : Allan McGee. Séduit par leur performance, il leur propose un contrat. L’année suivante, c’est l’explosion avec un premier album Definitely Maybe qui défraie la chronique. Compositions redoutables d’efficacité sublimées par le chant impertinent de Liam, la combinaison est imparable. L’année suivante, (What’s The Story) Morning Glory transforme l’essai et confirme qu’Oasis est le groupe phare de sa génération. Extrait de l’album, Wonderwall est devenue la chanson iconique d’Oasis.
Le Royaume-Uni a trouvé son nouveau porte drapeau et ce n’est pas pour rien que plus de deux millions de personnes ont tenté de réserver un ticket pour ce qui sera le point d’orgue de l’histoire du groupe : les deux nuits à Knebworth en 1996. Devant 250 000 chanceux, Oasis donne l’un des concerts les plus mythiques de l’histoire du rock anglais, arrosant toute une assistance de sa classe. Le public le leur rend bien en reprenant à tue-tête l’intégralité des titres : Liam et son frère ont le chic pour fédérer tout un peuple. 25 ans plus tard, le live Knebworth 1996 est publié.
Mais déjà en interne, tout n’est pas rose au sein de la formation. Liam, dès les premiers succès, est incontrôlable : une bagarre sur un ferry qui contraint le groupe à annuler des dates, une tournée aux Etats-Unis sous méthamphétamine… Noel n’en peut plus de son frère et quitte le groupe pour la première fois, avant de se raviser. Si le succès est l’arbre qui cache la forêt, le grand public va progressivement s’apercevoir que l’ambiance qui règne chez Oasis est assez exécrable.
La pluie et le beau temps après deux cartons
En 1997 sort le troisième album Be Here Now, qui se vend comme des petits pains mais se révèle moins qualitatif que les deux opus précédents. Les deux frères sont difficilement vivables au quotidien si bien que la composition du groupe ne cesse de changer. Médiatiquement, ils ont l’image d’enfants terribles qui ne cessent d’envoyer des piques aux autres artistes. Soit adulés, soit détestés, leurs frasques ne laissent personne indifférent et les journalistes musicaux s’en frottent les mains.
A l’aube des années 2000, Noel, qui jusqu’alors avait le monopole de l’écriture, laisse progressivement les autres membres, dont Liam, composer quelques morceaux. Le cadet des Gallagher sera à l’origine du candide Little James (chanté ironiquement par une bonne poignée de fans à l’approche des concerts) sur Standing on the Shoulder of Giants, mais aussi du carton Songbird sur Heathen Chemistry ou encore des mystiques I’m Outta Time et Soldier On sur Dig Out Your Soul.
En 2009, une énième rixe entre Liam et Noel à Rock en Seine entraîne le départ définitif de ce dernier. Le divorce est prononcé et – en dépit des rumeurs de reformation qui courent régulièrement – rien ne semble pouvoir réconcilier les deux frères, qui vont entamer chacun de leur côté un projet musical (et ne louper aucune occasion pour se critiquer l’un l’autre à distance). Noel fonde les Noel Gallagher’s High Flying Birds avec à la clé deux premiers albums de très bonne facture. Liam, quant à lui, fonde Beady Eye avec le reste d’Oasis. La critique et les fans s’accordent à dire que les compositions du projet solo de Noel sont bien plus solides que celles du projet de Liam. Néanmoins, pour ce qui est du live, c’est le cadet qui fait bouger les foules, même si sa voix semble avoir quelque peu perdu de sa superbe. Beady Eye finit par se séparer en 2014, sans que cela n’émeuve grand monde.
Un retour gagnant en 2017
Au milieu des années 2010, alors que Liam séduit davantage par ses tweets que par sa voix, il s’entoure d’un casting spécialisé dans l’écriture et la production pour l’épauler. Et tel un phénix qui renaît de ses cendres, il sort en 2017 un premier album solo As You Were resplendissant. Une attitude et des performances vocales retrouvées, des compositions efficaces : la tendance s’inverse. Liam convainc davantage que son frère et apparaît comme la force tranquille des Gallagher (ce qui semblait inimaginable jusqu’alors). Why Me Why Not répond avec brio aux attentes placées dans ce projet solo et les fans d’Oasis se massent pour ses concerts pour retrouver les sensations du groupe disparu. Ce n’est pas un hasard si la moitié de l’assistance à un concert de Liam en France vient d’outre-Manche.
En 2021, deux annonces font grand bruit, la sortie d’un troisième album C’mon You Know, ainsi que deux dates en juin 2022 là où Oasis a connu son apogée, Knebworth, pour boucler la boucle. Cela suscite une ferveur qui n’a pas à rougir face à celle des grandes heures du tandem Liam/Noel : les deux concerts affichent complet, les précommandes explosent. Si Noel était la tête pensante du groupe, Liam est sans conteste son cœur. Et ce cœur bat, à l’heure actuelle, plus fort que jamais.
