Elle vient de remporter le César de la meilleure actrice pour sa performance bluffante dans Aline, réalisé par ses soins. Actrice de comédie reconnue, elle est aussi une réalisatrice qui mêle toujours les larmes aux rires, entre deux scènes d’humour régressif. Retour sur une carrière vouée à dérider nos zygomatiques.
Une actrice comique devenue indispensable
Révélée par Jean-Michel Ribes en tant que Lady Palace dans la série comique Palace, Valérie Lemercier donne l’impression d’être plus âgée qu’elle ne l’est. Un physique et une mentalité mâtures qui jurent avec son véritable âge juvénile et son sens de l’observation taquin et retors. Elle le prouve dans ses spectacles de one-woman show dont elle refuse qu’ils soient filmés et qui repartent quasiment tous auréolés d’un Molière. Il y a une magie Valérie Lemercier. Dès qu’elle ouvre la bouche, c’est pour mieux croquer ses contemporains avec tendresse, avec parfois, un soupçon de malaise. Et le pire, c’est qu’on en redemande, surtout lorsqu’elle incarne les bourgeoises hautaines et naïves.
Repérée dans L’Opération Corned-Beef, elle monte en grade dans le rôle de Béatrice de Montmirail au cours du premier volet des Visiteurs. Résultat, un César de la meilleure actrice dans un second rôle en 1994, sésame rarement attribué aux films qui font rire. Elle en remportera un second en 2007 dans une autre comédie, plus douce-amère, Fauteuils d’orchestre. Entre les deux, elle aura joué apparitions, seconds et premiers rôles essentiellement dans des films comiques (de La Cité de la peur à Casque bleu), tout en s’essayant aux drames (Vendredi soir ou Le Héros de la famille).
Une réalisatrice de comédies accomplie
Mais Valérie Lemercier a, dès 1997, des velléités de réalisatrice. Pour tourner ses propres comédies à elle, avec son humour si atypique entre subtilité, absurdité et régression. Elle commence par prendre ses marques avec le remake d’un vaudeville de Sacha Guitry, Quadrille, avant de mettre en scène ses scénarios. Ce sera Le Derrière, en 1999, pour lequel elle se grime en garçon efféminé afin de tenter d’approcher le père homosexuel qu’elle n’a pas connu. Un succès d’estime qui la conforte toutefois dans ce nouveau talent. En 2005, elle signe son plus gros succès à ce jour en tant que réalisatrice, Palais Royal !, une parodie de la cour d’Angleterre où elle incarne un ersatz de la princesse Diana au destin tout aussi tragique (un saut à l’élastique tournant mal pour le compte d’une opération caritative).
Si ses deux films suivants ont un peu moins convaincu (100 % cachemire autour d’une adoption décevante ou Marie-Francine), Valérie Lemercier se lance dans un défi fou : réaliser un vrai-faux biopic de Céline Dion en interprétant la star, de son enfance à sa presque cinquantaine. Aline retrace ainsi le destin d’Aline Dieu, québécoise à la voix d’or, amoureuse de son manager et bientôt, l’une des plus grandes chanteuses du monde entier. Succès critique et public, le film permet à Lemercier de remporter le César de la meilleure actrice cette année. Ça mérite bien une photo prise avec un pola’ !