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Nous avons testé pour vous, Martha is Dead sur PC
Martha is Dead, sorti le 24 février 2022 sur PC, PS4, PS5, Xbox One et Xbox Series, est un jeu catégorisé comme étant un thriller psychologique bien dérangeant. Le jeu est développé par le studio italien LKA notamment connu pour The Town of Light et édité par WiredProductions.
Avant de débuter, nous aimerions vous faire savoir que le jeu n’est pas à mettre en toutes les mains. Et pour cause, ce thriller psychologique regorge de scènes dérangeantes d’automutilation, de démembrements, de défigurement de corps humain et d’autres encore plus morbides.
Pour cela, nous déconseillons aux personnes anxieuses et sensibles à la vue de scène troublante de jouer à ce jeu.
Martha Is Dead, un jeu narratif
Une histoire prenante mais lugubre (et c’est ce qu’on aime !)
L’histoire débute durant l’année 1929 en Toscane (Italie). Nous faisons la connaissance de Giulia, – la protagoniste de l’histoire – durant sa tendre enfance, accompagné de sa nourrice. Nous assistons dans un premier temps à un court passage introduisant le jeu et mettant en scène la nourrice qui raconte l’histoire tout aussi lugubre et morbide de la « Dame en Blanc ». Cette « Dame en Blanc » n’est pas mentionnée par hasard et nous le verrons puisque nous aurons l’occasion d’y revenir durant notre aventure.
À la suite de cette introduction, nous faisons un bon de 15 ans dans le futur, en juillet 1944 à travers une Italie régie par la Seconde Guerre Mondiale. Nous suivons donc l’histoire de Giulia.K, fille de général allemand, qui, un jour tout aussi banal que les autres, découvre un corps flottant dans le lac à proximité de sa demeure. En ramenant le corps sur la berge, Giulia se rend tout de suite compte qu’il s’agit du corps de sa sœur jumelle, Martha. Martha Is Dead…
Dans la confusion de la découverte morbide, la mère des jumelles confond ses deux filles, et imagine Martha vivante, et Giulia morte. Débute alors une intrigue interne à la famille, déchirée entre les diverses affections. Giulia ne trouvant pas la force d’avouer son identité à sa mère, qui a toujours eu une relation privilégiée avec Martha, se retrouve coincée dans une identité qui n’est pas la sienne. Sous une identité coupable, Giulia devra percer le mystère qui se cache derrière le meurtre de Martha, le tout à travers la sombre période des années 40, animées en plus de la guerre par des superstitions locales et des complexes familiaux tout aussi malsains et dérangeants.
Une histoire, plusieurs scénarios
Vous l’aurez compris, Martha Is Dead se démarque par son histoire bien prenante et tout aussi dérangeante d’un point de vue artistique. Seulement, pour rajouter encore plus de richesse à cette histoire, le jeu nous donne la possibilité de faire des choix qui mèneront vers des scénarios différents. De ce fait, le jeu nous donne cette impression de vivre une expérience unique.
Un gameplay riche et varié
Martha Is Dead est un jeu narratif, dont l’histoire sera dévoilée au travers de différentes cinématiques, parfois interactives. Malgré ça, Martha Is Dead réussit à nous surprendre, en proposant de nombreuses mécaniques de gameplay différentes, mais toujours cohérentes avec le déroulé de l’histoire. Elles permettent, chacune à leur échelle, de se plonger dans l’histoire personnelle de Giulia et de sa famille, afin d’avancer de manière linéaire dans l’enquête.
Notons l’inconvénient de devoir jouer en QWERTY pour les joueurs PC. Le jeu ne proposant pas de configuration des touches.
Une « promenade » en Toscane
Martha Is Dead ne diffère pas grandement des jeux classiques d’horreur sur ce point. À l’instar d’Amnesia : The Dark Descent ou d’Outlast par exemple, Martha Is Dead reprend les codes du Walking Simulator qui sera la mécanique principale du jeu. L’objectif étant d’explorer de fond en comble la carte afin d’interagir avec les différents objets qui s’y trouvent.
De ce fait, nous devons explorer différents endroits sur la carte afin d’accomplir certaines quêtes pour avancer dans l’histoire. Une longue balade en forêt sera par moment nécessaire avec de rejoindre le lac, découvrir des endroits cachés ou prendre quelques clichés.
Il nous faudra par la même occasion interagir avec différents objets du décor – qui sont repérables grâce à des icônes – et qui mènent soit à des explications en lien avec l’histoire, soit avec des quêtes à réaliser.
L’appareil photo
Très rapidement, nous pouvons comprendre que Giulia voue une passion inconditionnelle pour la photographie. De ce fait, le jeu nous met tout de suite en selle et nous équipe d’un appareil photo qui sera l’élément central du jeu.
Puisque Martha Is Dead ne fait pas dans la demi-mesure, vous possédez un appareil photo d’époque, un Rolleicord pour être précis. Et les détails ne s’arrêtent pas à une simple référence d’appareil photo antique, puisqu’il est aussi nécessaire d’ajuster l’exposition, l’ouverture et la mise au point afin d’ajouter un aspect plus réaliste et surtout immersif au jeu. Si cela peut sembler intimidant, pas de panique ! Le jeu ne nous laisse pas seuls face à ces mécaniques et nous guide à travers des recommandations précises (sujet « trop éloigné », « flou », « bonne exposition » …).
De plus, il vous est tout à fait possible d’acquérir au cours de votre aventure, quelques accessoires – bien qu’anecdotiques pour l’histoire – pour compléter votre équipement de photographe (filtres, trépied, pellicules…).
Enfin, puisque les appareils photo antiques l’obligent et afin de rester dans le souci du détail, il nous faut par la suite développer les clichés pris durant notre aventure. Pour cela, il faut descendre au sous-sol pour accéder dans une chambre noire. Tout comme avec l’appareil, il nous faut respecter quelques mécaniques physiques pour que la photographie soit correctement développée.
Le télégraphe
Au cours de l’histoire, vous serez confronté à quelques séquences qui nécessiteront de faire marcher votre intellect. Car en effet, il nous a fallu communiquer avec la résistance italienne grâce à un télégraphe qui nécessite l’usage de morse.
Si de nombreux jeux auraient sans doute facilité cette tâche, Martha Is Dead fait preuve de réalisme en nous laissant décoder par nous même les messages reçus par le biais d’un traducteur en papier mélangeant points et tirets, le principe du morse (voir ci-dessous).
Si nous avons eu besoin d’un petit temps de compréhension au départ, cette mécanique s’est en fait révélé particulièrement apaisante et intéressante. Elle vient couper la tension permanente qui anime le jeu et vous oblige à vous concentrer sans avoir peur d’être observé comme dans le reste de l’aventure.
Les marionnettes
Plus loin dans l’aventure, Giulia accédera à la chambre de son enfance qui comporte un théâtre miniaturisé de marionnette à l’effigie des personnages du jeu. Il vous faudra donc interagir avec ces marionnettes, les déplacer et engendrer des conversations entre elles par le biais de choix proposés. Cette mécanique est particulièrement intéressante pour se plonger dans la psyché de Giulia, qui reste, vous le découvrirez, le point central de l’histoire.
Le tarot
Chaque nouvelle journée qui passe dans le jeu et à partir de l’instant où vous l’aurez en possession, vous pouvez interagir avec un tarot qui vous permet d’appréhender avec peu de précisions l’avenir de Giulia qui interprète ses cartes. Sans grand intérêt pour le déroulé du jeu, il vous sera tout de même nécessaire afin d’avancer dans le script.
Une To Do List
Pour évoluer dans l’histoire, le jeu fait appel à une To Do List pour répertorier les missions à accomplir. Et si certaine peuvent sembler inutiles, d’autres vous feront suivre de façon linéaire le script attribué à Martha Is Dead.
Par ailleurs, certaines tâches à effectuer sont déblocables en interagissant avec quelques objets des alentours. Petite parenthèse, évitez d’accomplir la mission « le vélo » en début d’aventure. Celle-ci comporte un bug pointant ses objectifs à des endroits inaccessibles de la carte.
Une direction artistique qui fait froid dans le dos
Si LKA maîtrise parfaitement le scénario de Martha Is Dead, dont il se terminera entre 5 et 6 heures, il saura également nous maintenir dans une ambiance pesante du début jusqu’à la fin à travers sa DA complètement lugubre.
Et puisque les scènes morbides ne suffisent pas, nous évoluons dans un décor parfois magnifique – à travers la campagne italienne – parfois angoissant, avec une forêt sombre et brumeuse. Nous ferons également une mention spéciale au tableau situé dans le salon qui représente le visage d’une femme au regard persistant (et troublant).
Mais si ce n’était que ça… Puisque Martha Is Dead à tout pour nous faire passer un bon mauvais moment, ses bandes sonores sont là pour nous rappeler que tout peut nous arriver et à n’importe quel moment. Les mélodies les plus anxiogènes sauront nous faire palpiter d’angoisses et les plus douces sauront nous ramener vers l’apaisement.
Mais plus encore, le jeu s’accorde avec quelques chansons italiennes d’époque, parfaitement cohérentes avec le contexte historique. Nous n’avons donc pas manqué « Bella Ciao » – remise au goût du jour grâce à la série espagnole « La Casa De Papel » et qui tire son origine de la résistance italienne durant la Seconde Guerre Mondiale. (Bien trouvée).
D’un point de vue technique, Martha is Dead s’en sort très bien, malgré les petits moyens de son studio. Si nous avons noté quelques chutes de framerate, et un léger problème de luminosité si l’on s’en tient aux réglages prédéfinis, l’expérience reste globalement fluide durant toute l’aventure.
Martha Is Dead remplit parfaitement ses fonctions de thriller psychologique. Si même les habitués de jeux d’horreur trouveront leur dose de malaise, alors les moins habitués risquent de se retrouver particulièrement perturbés.
Martha Is Dead séduit vraiment à travers son histoire à la fois captivante, dérangeante et pleine de rebondissements. Les scènes gores prennent vraiment aux tripes et pourraient en déranger plus d’un. Fermez les yeux si vous ne le sentez pas.
Enfin, LKA joue parfaitement avec les éléments en sa possession. Le contexte de la Seconde Guerre Mondiale colle bien au scénario sans trop prendre le dessus. Les détails collent parfaitement au contexte et prouvent une véritable implication des développeurs sur ce jeu.
Ce qu’il faut retenir :
- Un scénario bien maîtrisé
- Un gameplay riche et varié
- L’utilisation de l’appareil photo comme élement principal
- Des scènes gores et dérangeantes